lundi 28 janvier 2013

LES ANTILLES
Le 18/01 Antigua
Nous remontons le long de la côte Ouest vers la capitale Saint Johnes. Nos yeux encore vierges d'Antilles se dilatent. Comme c'est beau ! Et ce nouveau mouillage incroyable : petite baie protégée plage et cocotiers mama mia !!
Au matin nous regagnons la capitale en bateau jusqu'à un petit ponton en bois. Ville colorée comme son marché, nous flânons dans les rues.. Saint Johnes était le fief de trafique des esclaves.






Le 19/01

15-20 nds, eau plate et transparente, le bateau glisse dans des conditions optimales vers le Nord.
Nous tirons de grands bords de près durant 5h. Nous croisons dame tortue se prélassant dans le bleu.
Les North Sound constituent des petits îlots sauvages au milieu d'une barrière de corail.
Pour y accéder, nous empruntons un chenal au milieu des patates de corail, il faut être vigilant !
Marco est à l'avant et surveille les teintes de l'eau nous donnant des indications quant à la hauteur.
D'un seul coup Marco hurle : «  Arrête, arrête tout !!! » Il bondit sur la barre, moi à la carte dans le bateau. Un coup d'oeil au sondeur nous informe que nous sommes dans la merde : 2m d'eau alors que notre tirant est d'1, 90m.
Nous faisons un demi tour et évaluons la situation le cœur battant.
On a eu vraiment chaud ! Une barrière de corail nous barrait la route ! Il fallait prendre un peu plus au Sud ! Après re re lecture de carte nous rentrons dans le labyrinthe avec méfiance. Nous zigzagons au milieu des dégradés de bleu et rejoignons une petite île pour mouiller. Un grain se pointe avant que nous puissions jeter l'ancre, le vent monte et la pluie nous fouette le visage.
Nous trouvons un coffre sur lequel nous nous amarrons. Le décors est somptueux.

Le 20/01
Après gonflage du kayak, nous partons explorer les îlots. La plus proche nous surprend par une petite plage déserte de sable blanc qui nous invite à accoster. Une merveille ! Nous sommes dans une carte postale sauf que là on a l'odeur, le soleil, les lumières. Après s'être armés d'un bâton (car apparemment il y a des serpents,) nous en faisons le tour. (Nous confirmons : il y a bel et bien des serpents, l'un d'eux énorme passe devant les pieds à Marco!!)



De l'autre côté, encore une petite plage déserte de toute beauté, sur les hauteurs une vue imprenable.
Des oiseaux blanc emplis de grâce avec une queue en ruban effectuent des vols au dessus de nos têtes.
«  Et ben là ça y est on y est dans les îles!! »
« Pour sure c'est comme celles dont nous avions rêvé !! »




Nous poursuivons notre exploration avec masque et palmes des îlots voisins et des fonds sous marin. Enfin de beaux fonds avec coraux et poissons à volonté, dans une eau avoisinant les 27°c !
Nous ne ferons que les regarder car la ciguatera en a contaminé la plupart ( au grand dam de Marco).
Après cette matinée bien remplie, une bonne salade au bateau et une sieste avant de retourner plonger !!
Voilà notre rythme trépidant....



Le 23/01
Nous quittons Antigua pour rejoindre Barbuda au lever du jour.
De gros grains assombrissent le ciel, la navigation est sportive avec un bon vent entre 25 et 30 nd.
Un gros barracuda d'un mètre a la mal chance de venir mordre à la ligne. Vue les dents de celui-ci nous n'avons pas d'autre solution que lui donner le coup de grâce pour enlever l'hameçon et le remettre à l'eau. Les barracudas sont les plus contaminés par la siguatera.
Nous nous consolerons avec une petite bonite.
L'arrivée à Barbuda nécessite une grande vigilance car des patates de corail sont présentes dans le lagon. Nous mouillons le long d'une plage immense de sable blanc et rose déserte où l'eau turquoise lave nos rétines.

Le 24/01
Il nous faut faire nos papiers de sortie, mais pour rejoindre le village c'est toute une histoire.
Marco part marchant au nord durant quelques bons kilomètres dans l'espoir de trouver quelqu'un pouvant lui faire traverser le lagon intérieur. Il trouve un pêcheur qui moyennant quelques dollars l'emmène à l'immigration de l'autre côté. Moi je surveille le bateau de la plage.
Ce genre d'endroit paraît irréel, personne, des couleurs incroyables...



D' un côté la mer , une longue langue de sable et de l'autre le lagon intérieur. Des pélicans nichent dans la végétation rase de l'île ainsi que d'autres oiseaux, c'est une réserve naturelle. Une odeur sucrée, fleurie avec une note de café se dégage.


Le sable ici est très particulier blanc et à fleur d'eau rose. De gros coquillages magnifiques jonchent la plage. L'eau est à 28°C. On croit rêver tellement c'est beau !!!
Cette île est très peu fréquentée et peu habitée, l'unique village est très roots. L' accès à Barbuda se fait uniquement par la mer. 


Nous marchons toute l'après midi à la pointe Est sans croiser âme qui vive.
Nous devions partir ce soir mais comment quitter si vite un tel paradis ?





Le 26/01
Tôt le matin dans la nuit éclairée d'une lune ronde, nous levons l'ancre pour aller à St Bath.
Navigation idéale dans de doux alizés, nous envoyons le génois et trinquette jumelles tangonées.
Nous ramenons à bord 4 bonites blanches ( non contaminées par la siguatera!)
Après 11 heures de navigation nous mouillons dans la baie du nord de St Bath dans une réserve naturelle.






Le 27/01
Avant de partir pour St Martin, nous allons nager au dessus des récifs de coraux et admirer les poissons. De jolies tortues sont présentes.
4 heures de voile et nous voilà à nouveau les pieds dans la civilisation ! Retour sur terre avec les magasins, les touristes... Nous devons faire des achats matériel pour le bateau et refaire notre avitaillement. Nous allons donc y passer quelques jours.

Le 02/02
Notre escale technique tire à sa fin, tout est fait: bas haubans changés, gréement vérifié, achats terminés!! Demain matin bye bye St Martin et bonjour Saba. Une petit joyaux qui paraît -il ressemble à Brava. Très montagneux et sauvage, nous allons pouvoir marcher à nouveau et plonger car les fonds (réserve naturelle) ont l'air intéressants.














mardi 15 janvier 2013

CAP VERT SAN NICOLAO Le 22/12/2012

Ce matin Marco part chasser avec Philippe (du bateau à côté), ils reviennent les bras chargés de poissons. Nous sommes sur le départ pour Brava, Philippe qui n'avait pas prévu d'aller là bas, nous dit qu'il nous y rejoindra certainement !
La météo a décidé de ce jour, pour nous pousser vers une nouvelle île. Toutes voiles dehors nous nous éloignons de ce lieu fort agréable par un vent de 15 nœuds, sans houle ( c'est exceptionnel!)
En fin de journée 2 bonites mordent en même temps aux traînes. L'une fait 2kg et l'autre ne nous laisse qu'une partie de sa bouche arrachée à l'hameçon ( la pauvre).
Cette navigation nocturne est douce. Le vent reste constant, de la poudre d'étoile crible le ciel, l'eau murmure, tout est parfait même si le sommeil est absent.
Au matin c'est la fête à la Coryphène trois mordent sur les 3 lignes en même temps ! Yaouuuuuu ! Notre repas de noël est assuré avec un carpaccio en entrée, et les filets cuisinés !!
A l'approche de Brava, nous ne distinguons pas l'entrée du port, c'est en pénétrant dans une enclave que nous le découvrons, bien protégé, tout petit, avec un village paisible. Il n'y a aucun bateau au mouillage.
Nous avons mis 22h pour faire 100 miles.
Dans le port nous nous reprenons à 3 fois pour poser l'ancre, finalement en plongeant Marco découvre encore un corps mort au fond, sur lequel nous passons une amarre.
Des gamins viennent à la nage ou sur des planches en mousse nous dire bonjour et recevoir quelques bonbons. Partout autour de nous ça pêche, de la plage, du quai, sur des barcasses avec des cannes en bambou, ou juste fil de pêche et hameçon..
Marco donne à des pêcheurs des leurres poisson nageur. Ceux-ci le lendemain viennent nous offrir un gros poisson en remerciement. Alors pour les remercier à notre tour, nous leurs donnons une pompe de cale que nous avions en rab. Ils sont très contents et pour nous remercier nous donne encore un énorme poisson ! Et nous disent qu'ils reviendront demain !! A ce rythme de remerciements nous n'arriverons jamais à tout manger !

Le 24/12
Au réveil un gars (Alberto) sur le quai nous crie qu'il nous attend pour faire les papiers d'entrée. Il va devoir effectivement nous attendre un bon moment car l'annexe n'est pas gonflée et nous ne sommes pas prêts. Il attend patiemment et finit par nous en mener au bureau des formalités. Cependant celui-ci est fermé il faut aller chercher le capitaine ! Alors à nous d'attendre !! Tout se fait à un rythme tranquille avec le sourire. Comme attendre l'aluguer pour se rendre à Nova Cintra la capitale sur les hauteurs.


Ha !! voilà la voiture style pickup qui sert de taxi collectif. Nous prenons place sur des bancs dans la benne, on est serré mais voilà qu'arrive encore du monde, des gamins, des mamas aux grosses fesses ; là on se demande où on va les mettre ? Et bien qu'à cela ne tienne on s'empile les uns sur les autres, je me mets sur les genoux de Marco avant qu'une mama vienne l'écrabouiller. Nous comptons 22 passagers à bord de la pauvre bagnole qui a le ventre à terre va devoir se payer une montée en première liée à la raideur de la côte et notre chargement !
Les visages sont souriants, détendus !
Nous arrivons sur une grande place où les pneus du pickup retrouve enfin leur pression normale.
La « ville » est jolie, propre et très verte avec de grands arbres. C'est très animé, l'air est plaisant en altitude. Les commerces ne courent pas les rues ! Je trouve enfin une vendeuse de légumes trop heureuse que je la dépouille !! ( carottes, magnoc, oignons, patates douces, 3 oranges, 4 poires et 5 bananes, j'ai tout pris!) Bien m'en a pris car cela sera l'unique ravitaillement de frais avant notre départ !

Ce soir c'est noël, Alberto nous demande si nous n'avons pas de vieilles fusées de détresse à lui donner pour faire un feu d'artifice. Nous lui en trouvons dans notre ancienne survie ! Nous sommes invités au village, mais nous ne ferons qu'y passer. Nous retrouvons le bateau, le carpaccio de coryphène, la bonite grillée façon moutarde et une bonne tarte aux poires maison en dessert ! On a du mal à croire que c'est noël !!on est à poil, tout n'est que douceur et l'on savoure cette veillée peu commune !
Pour ma part ces fêtes font remonter des bulles de souvenirs, me rendant nostalgique de mes enfants, le cœur serré en pensant à eux à cet amour qui tourbillonne en moi sans qu'il puisse être libérer vers eux ! Trop de distance et encore plus à venir avec cette grande traversée.
Ce vide résonne sans crier garde de temps à autre plus intensément, le voyage c'est aussi quelques sacrifices !

Du 25 au 29/12
Nous visitons l'île en aluguer taxi collectif qui attend d'être plein pour partir ! Nous apprécions ce moment où tous ces gens discutent, plaisantent ensemble au milieu des marchandises, des courges, des enfants endormis contre leur jeune mère. Il y a tant de tendresse entre eux par leur regard, leur geste que nous en sommes surpris. Alberto nous disait que tous n'était qu'une grande famille et c'est le sentiment que nous avons. La solidarité semble être la force de l'isolement. Il rayonne de ces personnes une beauté qui doit être le reflet de leur bonheur et de cette union.
Un mot me vient à l'esprit qualifiant ces gens c'est la dignité.
L'île est montagneuse et la majeure partie des villages (que l'on compte sur les doigts de la main) se trouvent sur les hauteurs. La terre reste sèche malgré un peu de vert des cultures.

Alberto est un gars vraiment chouette c'est notre magicien qui arrive dès notre réveil sur le quai pour offrir ses services. Il est là toujours au bon moment, discret mais efficace.
Il nous raconte son histoire : Avec son père ils avaient réussi à se fabriquer une belle barque pour pêcher. Une nuit il partent avec leur bateau tout neuf. Le vent et la houle font partie de leur quotidien , mais ce jour là les vagues puissantes ont entraîné leur barque sur les rochers et celle-ci s'est fracassée. Ne pouvant se résoudre à abandonner le reste de leur embarcation dans la mer déchaînée, il l'ont tiré à la nage de 5h du matin à 9h. Ils ont pu ainsi récupérer quelques pièces de bois. Sa voix, son visage nous montre à quel point cela fut une épreuve.
Les pêcheurs ici n'ont qu'une barcasse et des rames pour affronter la mer. Elle peut être terrible car L'île voisine de Fogo n'est pas loin et forme un couloir où vent, houle et courant se déchaînent fréquemment.
Avec Marco nous avons décidé de faire un cadeau à Alberto, un cadeau utile pour l'aider lui ou un autre pêcheur à se nourrir.
La veille avant notre départ nous le retrouvons sur le quai et nous lui offrons notre moteur d'annexe.
Il est si touché qu'il n'arrive plus à parler, il baisse les yeux ne pouvant croiser notre regard.
Sachant que nous partons demain, il nous dit qu'il veut plonger pour enlever notre amarre avant notre départ. Que si nous revenons il nous en mènera camper et pêcher sur les îlots du Nord, qu'il sera là pour nous....
                                      TRANSATLANTIQUE


Le 29/12/12 ( 1er jour)
Juste quand nous sommes prêts pour le départ, il est là avec un copain. Il plonge et vient nous embrasser avec affection, nous donnant son adresse .
Nous quittons Brava avec émotion. Les English qui sont arrivés hier et que nous avons aidé à amarrer nous saluent avec la corne de brume. ( Ces enfoirés en manoeuvrant avec leur bel Halberg Rassy sont venu cogner Tidoudou ! Mais celui-ci s'est bien défendu en mordant l'arrière de leur bateau tout neuf et en lui laissant une belle balafre, alors que lui en sort indemne : le rail de fargue est solide !)
On est allé boire un coup sans rancunes sur leur beau bateau éraflé ( l'intérieur est une merveille !)

C'est la grande traversée avec l'inconnu et l'immensité, une des grosse partie de notre voyage !
Un dernier texto à mes enfants , à nos proches et je suis submergée par l'émotion. Je ne peux prononcer un mot et avec les larmes plein les yeux je regarde la côte s'éloigner. Un nouveau grand départ où divers sentiments sont mêlés...
Très vite il faut revenir au présent et aux manœuvres, surventes, déventes, il faut agir !
Quand nous quittons l'abris de l'île les alizés nous attendent, ils sont en forme aujourd'hui et nous accueillent avec des bouffes à 25/30nd ! On affale la grand voile et naviguons sous génois seul. Nous pouvons ainsi réduire la toile plus facilement si besoin avec l'enrouleur.
Quelques heures plus tard nos repas se voient assurés pour plusieurs jours avec notre plus gros thon jamais pêché !! ( dans les 6kg)
A Brava nous n'avons pu acheter de frais : pas de légumes, pas de fruits, pas de laitages, pas de viandes aussi ce poisson est le bienvenue ! Ils nous sauvent de ces saloperies de boites de conserves !


Le 30/12 ( 2em jour)
Distance parcourue : 140 miles ces dernières 24h.
Le vent ne s'est pas apaisé durant la nuit entre 25 et 30 nœuds, la mer se forme et gare aux vagues !!!
Le pilote se comporte très bien, il arrive à redresser lors des surventes ou le départ au surf sur une vague ; à condition que cela ne dure pas trop longtemps ou qu'il n'y ait pas plusieurs grosses vagues d'affilé. Si non le bateau part au lof et il faut l'aider à la barre pour revenir sur sa route.
Nuit donc un peu agitée et journée également.
Cela n'empêche pas d'avoir des visites surprises : des poissons volants échoués sur le pont et au lever du jour une petite dorade Coryphène toute jaune à la traîne.
Et ce n'est pas finit : Marco m'appelle sitôt que j'ai finit d'en faire les filets. Je remonte dans le coockit: une autre nous attend en bataillant sur la ligne : 60 cm une belle prise !!




Je retourne m'harnacher et me longer à la cuisinière pour en faire des filets, mais Marco ne se lasse pas de crier :
« Sabriiiine ! Vient vite il y en a une autre ééénooorme !!
Je bondis en même temps que la dorade et là je sens que ça va être sport ! Entre les vagues qu'il faut négocier au niveau de l'équilibre, les coups de vents qui inclinent le bateau et la sortie hors de l'eau de ce marstard!
« Sabriiiiiine ! Ça a mordu sur la deuxième ligne aussi et elle est plus que groosse !! ho merde là c'est trop ! »
On s'occupe d'une en espérant que l'autre lâchera l'hameçon !
Marco en équilibre sur la filière tente de soulever l'engin, il n'y parvient pas, mais à la fois suivante, il donne de l'élan et l'énorme dorade atterrie dans le cockpit ! Au passage Marco se coupe un bout de doigt en la remontant ! La prochaine fois il mettra des gants.

«  Ouaouuuuu qu'est ce qu'elle est belle ! Elle est énooorme ! Nous sommes comme des fous et elle aussi ! Elle tape de la queue et effectue des bonds prodigieux. Je prends le temps de sortir le mètre pour la mesurer : 1 mètre pile poil !! environs 10kg
Nous pensons à sa copine qui heureusement a pu se décrocher et retrouver sa liberté.
Nous avons à présent du poisson pour X jours. L'océan nous comble, merci précieuse nature d'une telle générosité .


On rentre les lignes qui vont rester quelques temps tranquilles. Et on se met au boulot : vidage, nettoyage, filetage, préparations de diverses façons...
C'est la plus belle prise de notre vie (avec le Marlin des Baléares d'1,80m) !
On ne s'ennui pas à bord...





La mer fait le gros dos et ses bosses déventent le génois, nous décidons de mettre le tangon ;
(Moi le tangon je ne l'aime pas, une barre de fer de 5 m de long pesant une tonne environs pour mes petits bras) mais bon pour éviter que le génois claque nous lui offrons ce confort !
Evidemment c'est toujours quand la mer est grosse qu'il faut le sortir, ce qui veut dire que notre équilibriste de service doit aller sur le pont à l'avant et l'installer. Toutes les fixations se sont grippées avec le sel, donc tournevis, huile et tout le b.....
Il est en place ouf ! On déroule gégène et voilà pas que l'écoute saute de la poulie et sur -patte au winch, ce qui veut dire qu'elle est bloquée. Le claquement de la voile est si fort qu'il défait le tangon de sa fixation au mât ! On a libérer le serpent d'acier en furie et là on prend peur ! Car il s'attaque au pont, au hublot qui menace d'exploser. Sa fureur nous cloue sur place le temps de réagir. Marco se précipite sur le diable, s'explose le pied dans le winch au passage et tente de maitriser de toute sa force ce putain de tangon.
Profitant d'une dévente, j'arrive à défaire l'écoute ( mes doigts ont eu chaud) et j'enroule le génois Ca se calme enfin ! Enfin presque car la tête du serpent est tombé dans l'eau buvant la tasse; Marco ne peut le retenir. Je reprends de la balancine et remonte le tangon avec le winch, le sauvant de la noyade.
Ben vin dieu, c'est pas toujours facile ! Nous sommes contents d'être deux car seul... ?
On reprend notre souffle, on trouve une solution pour la poulie, on remet en place l'engin et on s'occupe des bobos après.
Le petit orteil de Marco est cassé, il a changé de volume et de couleur et il a mal !
Infirmière à votre service : je lui fais une atèle avec un strap sur 2 orteils, un pansement sur la coupure de son doigt et lui colle une bière dans les mains et ça va déjà mieux !
Non on ne s'ennui pas sur un bateau !



Le 31/12/12 (3eme jour)
Distance parcourue ces 24 dernières heures : 140 miles
Ce dernier jour de l'année est salué par une bande de dauphins, spectacle dont nous ne nous lassons jamais  d'autant plus que des nuées de poissons volants se joignent à la fête !
Dans la nuit dernière, l'un deux est venu s'écrabouillé contre la pale du régulateur, me faisant sursauter, alors que j'étais de quart ! Je fus heureuse qu'il est choisi cette cible plutôt que ma pomme.
Marco lui a vu une comète énorme tomber du ciel, trop gros pour être une étoile filante m'a -t-il dit !
Nous avons croisé un chalutier si loin des côtes presque 300 miles !

Cette année 2012 fut riche pour nous, entres les préparatifs de ce voyage et le début de sa réalisation, nous n'avons pas perdu notre temps ! Nous sommes heureux des choix que nous avons fait et ce mode de vie nous apporte encore plus que ce que nous avions imaginé.
Une nouvelle année s'annonce alors à tous nous souhaitons que vos aspirations soient comblées.
Puissiez vous vivre vos rêves !


Le 1/01/13 (4eme jour)
Distance parcourue : 140 miles encore !
Sous le bateau 6000 mètres de fonds de quoi nourrir notre imagination.
Notre Tidoudou nous isole de ces profondeurs obscures et de ces monstres aquatiques qui peuplent nos inconscients. Une simple coque au milieu de cette immensité peut paraître ridicule, et c'est pourtant là qu'elle paraît si importante, c'est notre refuge, notre maison, notre moyen de locomotion,
l'accès au voyage et à nos rêves !!! Nos vies tiennent dans 10,70m/ 3,80m
l
La mer se fait ronde, Eole la gonfle de son souffle. La crête des vagues se frangent d'une bordure turquoise juste en dessous de la dentelle de déferlement. La respiration de l'eau se glisse sous la coque, la faisant danser, la faisant tanguer parfois sauvagement, la faisant chanter.
Chaque bruit est communication, information et nos oreilles au fil du temps, décryptent de mieux en mieux cette mélodie changeante.




Ce qui nous rend grand service la nuit où nos quarts, au fil du temps, tendent à se faire à l'intérieur de notre cabine. Juste une petite inspection toutes les demis heures.
Nous dormons d'un œil et une oreille reste en éveil afin de pouvoir surveiller notre embarcation.
Le croisement de bateau se fait rare à présent, seules les humeurs du vent nous obligent à être vigilant. S'il tourne ou forcit, les bruits diffèrent.

Le 2/12/12 ( 5eme jour)
Encore 140 miles au compteur en 24h ( on pris un abonnement!)
Nous prenons nos rythmes, même si ce n'est pas de la navigation dans les transats sur l'atlantique (comme l'avait imaginé une Capverdienne) !!!
En effet, la houle et le vent restent fidèles et nous lâchent pas 20-25nd et plus. Ce n'est pas très confortable il faut l'avouer. Notre Tidoudou au ventre rond, au vent arrière remue son cul violemment, fessé par les vagues.
Cuisiner devient un tour de force, rien ne peut être posé sans vol-dinguer , je m'énerve à voir ma préparation répandue non dans nos ventres, mais sur les surfaces du bateau !!
Marco est toujours privé de pêche car le frigo regorge de poissons, il s'impatiente de ne pouvoir remettre ses joujoux traîner dans l'eau.

Avant d'aller dormir, je demande à Marco de brancher l'alarme de l'AIS détecteur de bateau. Nous ne l'avons jusqu'alors jamais utilisé.
«  Nous pourrons dormir plus tranquille et comme ça on ne sera pas obligé toutes les demi-heures de sortir scruter le noir !! »
Bien que rencontrer un bateau là où nous sommes semble improbable, Marco commence le réglage et voilà pas que l'alarme se met en route et qu'un bateau apparaît sur l'écran à tribord !!
« Ben qu'est ce que c'est ? »
On sort inspecter dehors et effectivement un bateau arrive faisant route sur nous ! Un cargos de plus de 200 mètres. Un de nous reste à surveiller l'écran à l'intérieur pour voir si vraiment on doit s'inquiéter et l'autre observe sur le pont. Il ne semble pas vouloir changer sa route.
A 2 miles de nous, Marco appelle par VHF. Le mec nous répond en Anglais Arabizan qu'il va changer son cap. On attend que le monstre d'acier s'écarte, mais toujours rien il nous vient dessus.
Rappel VHF« OUI OUI ! Je change de cap !!! »
Le problème c'est que son changement de cap ne fait que le mettre sur l'axe de collision !
«  Putain, mais il nous rentre dedans ce con !! »
Nous sommes sur le pont tremblant en voyant les lumières à présent tout près.
Panique à bord, il faut agir vite ! On enroule le génois, on met le moteur et on fait demi tour, on remonte face au vent et aux vagues.
Le capitaine a dû s'apercevoir de son erreur car il fait soudainement un angle droit pour nous éviter ! Il pensait que nous venions dans l'autre sens ! (Nous n'émettons pas d'AIS, nous recevons seulement !)
Franchement on a eu chaud, si nous n'avions pas manoeuvrer...... ??
Durant une demi heure on en revient pas de ce concourt de circonstance !
Que l'on ait allumé le radar à ce moment précis.
Les chances de rencontrer un bateau dans cette zone est déjà faible mais qu'il fasse exactement cap sur nous l'est encore plus !
C'est comme la loterie, mais là au lieu de gagner , tu perds tout !! Qui veut jouer ?
Donc vigilance est de mise et un œil seulement dormira !


Le 03/12 ( 6eme jour)
Distance parcourue : 140 miles ( c'est pas une blague!)
Quand je me lève je découvre que Marco n'a pas résisté à mettre une traîne.
« Non t'exagère, on a encore plein de poissons au frigo ! »
« Ouai mais t'inquiète ! c'est un essai avec un leurre que j'ai fait moi même, ça mordra pas ! »
Quelques minutes plus tard ce qui devait arriver arriva ! Un poisson surfe à l'arrière !
C'est une Sériole bien belle  qui finira de compléter la collection de tupperware au frais !
Les lignes sont confisquées.
Le vent oscille toujours entre 20 et 25 nd. D'après les fichiers le vent devrait forcir et la mer avec !
Nous anticipons donc en optant pour mettre la trinquette seule au lieu du génois.
Du coup on se traîne à 5 nd, mais on gagne en confort, nous sommes nettement moins ballotés.
Et plus tranquille au niveau de l'esprit si le vent forcit soudainement.
Cela nous laisse tout loisir de contempler la mer et bien nous en prend car nous assistons à un spectacle inédit.
Une énorme dorade coryphène profitant du repos du guerrier forcé de mon homme, vient le narguer à 2 mètres à l'arrière du bateau. Sa nage gracieuse en surface nous permet de l'observer. Ses couleurs sont presque celle de l'arc en ciel un dégradé de jaune, vert, bleu de toute beauté.
Nous avons largement le temps de l'admirer car elle nous suit toute la journée avec quelques disparitions de temps à autre.
En fait, elle utilise notre bateau pour chasser. Celui-ci faisant fuir les poissons volants au niveau de l'étrave, elle les attend sur le côté pour les croquer. Les ondulations de son corps, ses départs au surf dans les vagues, ses couleurs éblouissantes avec les reflets du soleil, ses bonds prodigieux hors de l'eau nous mettent dans un état d'hypnose. Que de grandeur, de grâce et de beauté, c'est extra ordinaire ! Rajoutant à cela les nuées de poissons volants , les oiseaux du grand large tournoyant au dessus de nos têtes... Tout n'est qu'harmonie et la vie résonne au milieu de cette immensité.
Le grand large ne cesse de nous surprendre ! Tout cela, sous un soleil éternel et une douceur jour et nuit des plus plaisantes malgré le vent.
Une grosse houle de NW se forme aujourd'hui en plus de la houle du vent NE par derrière, nous voyons passer ces trains latéralement, impressionnant !
A la tombée de la nuit, faisant la vaisselle dans le cockpit, je vois de très gros poissons emprunt de frénésie faire des sauts hors de l'eau à 4 mètres du bateau, ils doivent chasser ! Je ne sais pas ce que c'est ?

Le 04/01 ( 7eme jour)
Distance parcourue : 132 miles ( la trinquette nous a ralenti, mais nous avons tant gagné en confort de navigation!!!)
Le reste du thon n'a pu se garder. Cela laisse une petite place au frigo ! Marco tout content ressort ses lignes. 1Heure plus tard, nous remontons à bord une coryphène de 90 cm. C'est toujours un moment d'excitation et d'agitation, même si ôter une vie si majestueuse nous pince le cœur.
La loi de la nature est souvent féroce, le plus gros bouffe le plus petit pour se nourrir.
La pêche n'a pas duré longtemps ! Les leurres sont à nouveau rentrés.
Je pense à mon père à cet instant, grand pêcheur devant l'éternel, il n'en croirait pas ses yeux en comparaison avec ses petites truites des lacs de montagnes !!!
C'est incroyable comme c'est poissonneux. Il faut dire que peu de chaluts ne viennent jusque là !! 
Cette fois, il n'y aura pas de gaspillage, je décide d'en faire des conserves de rillettes. Recette de Monique ( d'un autre bateau). Je teste cela avec 25nd de vent et une bonne houle qui corse quelque peu l'histoire !!
Un cargos à nouveau nous croise à 4 miles dans la soirée.
Cette nuit est très agitée, ponctuée de grains, de rafales à 35 nœuds, de pluie et évidemment d'une mer hachée et bien formée.
Mon esprit en alerte se refuse au sommeil. Les courtes nuits précédentes n'aident pas à récupérer.
Je suis fatiguée. Marco, lui, arrive à sommeiller par tranche, se rendormant sur commande ce qui lui permet de tenir le coup.
Les débuts de nuits sont d'une obscurité totale presque effrayante de noirceur, la lune n'apparait que tardivement, c'est d'un quartier timide qu'elle daigne nous offrir un peu de clarté.


Le 05/01 ( 8eme jour)
Distance parcourue : 140 miles
La petite ligne sortie ne reste pas longtemps à traîner seule. Et encore une Coriphène de 75 cm !
Je finis de remplir tous mes bocaux vides tant qu'il y a du poisson de faire les provisions, car dans les Caraïbes avec le problème de siguatera, on pourra faire une croix sur la pêche.
Les alizés restent musclés encore 25 à 30 nd aujourd'hui.
La mer est bleue outremer, ourlée de franges blanches sur les crêtes. Ses ondulations anarchiques, lui donnent un air brouillon. Mais le mouvement incessant est captivant. Des séries de grosses vagues viennent parfois soulever l'arrière du bateau, le faisant surfer ou parfois l'obligeant à s'incliner devant elles. Certaines plus vicieuses explosent contre la coque et poussent Tidoudou méchamment sur le côté.
Notre bateau est vaillant et ne prend pas outrage de ces asseaux, aidé du régulateur ils contrent ces attaques. A certain départ au lof, nous venons leur prêter mains fortes.
C'est une houle de vent hachée, en vrac et qui n'a aucun rythme ou régularité, il faut être vigilant.

Marco, voyant mon état a pitié de moi et m'offre une nuit de sommeil. Il veille, allongé dans sa cabine et pique des petits sommes entre 2 bruits inquiétants.
Dans la nuit un poisson volant lui passe devant le nez et finit son vol dans le seau ! Une chance il sera sauvé !
Pouvant relâcher mon esprit de cette responsabilité de surveillance, je m'abandonne dans les bras de Morphée durant 4 heures.


Le 06/01 ( 9eme jour)
Distance parcouru : 140 miles comme d'habitude !
Chaque matin, Marco fait son tour de pont : contrôle règlementaire et en profite pour ramasser les poissons volants échoués.
Au passage d'une barre de nuage, vent 30nd et houle forcissent encore ! Une grosse vague recouvre le bateau par l'avant, puis une autre par l'arrière. Marco prend sa douche de réveil dans le cokpit avec cette masse d'eau qui finit son nettoyage à l'intérieur du bateau.
On décide de se longer pour sortir car ça devient dangereux ! On sait que l'on a pas le droit de tomber à l'eau. Une mission sauvetage a de forte chance de s'avérer vaine aux vues des conditions que nous avons. DONC PRUDENCE !!!
La journée sera intense et la nuit encore plus jusqu'à 30-35nd.
Les poissons volants s'assomment de toutes parts, on tente de les sauver s'ils peuvent être récupéré, mais pas question d'aller sur le pont de nuit, avec la houle qu'il y a !!! On les entend battre des ailes les pauvres !
Une hirondelle des mers vient trouver refuge dans le vide poche de la table à carte ! Mais comme elle chie partout Marco la met dans le cokpit, elle se planque dans le seau.
Le sommeil commence à être plus que léger 2 à 4h par 24h, c'est un régime qui ne me convient pas trop. L'esprit en alerte constante ne débranche plus jour et nuit, impossible de dormir! Je finirais bien par tomber !

Le 07/01 ( 10eme jour)
Distance parcourue : 142 miles
On se rend compte que malgré le fort vent nous n'avons pas parcouru beaucoup plus de distance !
La houle doit y être pour quelque chose, vue qu'elle grossit en fonction du vent!
Nous avons notre voilure toujours réduite au maximum, une trinquette de 15m carré qui suffit amplement.
Aujourd'hui on a encore 25 à 35 nd. Pour Tidoudou c'est beaucoup.
Le mot Alizés évoquaient pour moi, jusqu'alors, détente, douceur, bronzette... Ben maintenant cela a quelque peu changé !!!
Malgré tout c'est super d'avoir un vent constant, régulier cela permet d'avaler les miles !!
Le problème n'est pas tant le vent , mais la houle qu'il génère. Mais on n'a pas trop à se plaindre car elle reste relativement bien positionnée dans le lit du vent, malgré qu'elle soit courte et en vrac et consistante. Une grosse houle bien formée style train de vagues serait préférable à celle-ci.
Fin d'après midi, je constate que le lavabos est rempli d'eau malgré que la vanne soit fermée. Soucis !! Après quelques recherches on tombe sur la source du problème.
Notre réservoir d'eau douce de 200 litres fuit, une couture latérale s'est déchirée. Voilà de quoi s'occuper toute la fin d'après midi. On enlève les plancher, il y a de l'eau partout.
Nous devons vider le réservoir et écoper. Heureusement il nous reste une réserve de 100 litres.

Marco assure la veille cette nuit encore car je suis épuisée ! J'ai beaucoup de mal à gérer le manque de sommeil ! De plus, le corps est soumis au déséquilibre constant, les muscles compensent sans arrêt, il ne peut jamais être au repos même allongé. Il se fatigue malgré que l'on ne soit pas super actif. Je grignote 4h de sommeil pour les 24h en y mettant toute ma bonne volonté.
Durant la nuit un grain passe, Marco est dehors pour veiller au grain comme on dit.
Le vent forcit, passe à 35 nd durant quelques minutes. Le bateau décolle, bondit, trace, fuse, on est parfois en suspension dans l'air. L'écoulement de l'eau sur la coque est linéaire, on entend les particules s'échauffer contre.
Dans la cabine je prie pour qu'il n'y ait pas une traitresse de vague pour lui faire un croche pied.
Quelques instants plus tard c'est le calme plat côté vent, mais pas côté houle qui peut à nouveau nous chahuter à son aise.


Le 08/01 (11eme jour)
Distance parcourue : 140 miles c'est fou !
Marco m'annonce une bonne nouvelle après avoir reçu ses fichiers grib et bulletin du frangin.
Mon frère Robin nous communique chaque jour un bulletin via iridium en faisant une estimation de notre position, cela nous est précieux.
« Dans deux jours ça se calme !, la fin de la traversée va être une croisière tranquille 15_20 nd ! »
Je suis ravie. Non pas que cette navigation me soit désagréable, mais je suis fatiguée d'être secouée et d'être en alerte continuelle.
J'aspire au calme, à pouvoir me détendre dans le cokpit sans être sur mes gardes pour ne pas vol-dinguer ou se faire tremper et à dormir ! dormir ! Dormir tranquille !
Nos mémoires se rappellent, à présent de ce qu'un vieux loup des mers et un autre Anglais nous avaient dit : A la période des fêtes de fin d'année, il n'est pas rare de pouvoir faire la transat accompagnée des alizés de Noël. Ces alizés sont plus vigoureux souvent de 25 à 30 nœuds. C'est exactement ce que nous avons depuis le départ !
En fin d' après midi un groupe de dauphins en chasse passent, ils sont excités et ne s'attardent pas trop.
Comme le vent a légèrement faiblit , nous remettons le génois tangonné et reprenons une allure vive. NB : chaque manipulation de tangon n'est jamais simple !!
Avec la vitesse Tidoudou plane au dessus de l'eau, faisant vibrer sa carcasse et recherchant un équilibre permanent au milieu de la houle sauvage. Ses appuis latéraux parfois très vifs, brutaux, nous tiendront éveiller presque toute la nuit. Ca carve grave !


Le 09/01 (12eme jour)
Distance parcourue 142 miles, décevant vue l'allure que nous avons maintenue durant plus de 15h !
Au lever du jour le ciel est noir derrière nous, annonciateur de grains. Nous nous préparons à les recevoir. Gilets, longes sont sorties, on ferme la descente, les écoutilles, on roule le génois...
Marco reste dans le cokpit et moi enfermée à l'intérieur.
Le vent monte jusqu'à 36 nds, les rideaux de pluie rincent le pont et mon homme.




C'est passé ! Ouf ! on déroule le génois car après le grain c'est la pétole. Mais voilà qu'à nouveau une autre barre sombre de nuages arrive et re belote ....Les grains s'enchaînent ainsi, les uns après les autres jusqu'en milieu d'après midi. L'heure d'une petite sieste bien méritée à sonné, si le cerveau veut bien nous l'accorder.
Fin d'après midi le vent forcit à nouveau, nous repassons sous trinquette tangonnée, avant la nuit pour être plus tranquille. Nous le sommes quelques heures, le vent tombe et nous aussi, dans un sommeil de 3-4 h.
Mais bien vite Eole nous rappelle à l'ordre, un grain arrive et s'excite une bonne partie de la nuit. Fin de nuit nous replongeons dans les rêves. Première nuit avec autant de sommeil (presque 6h !!!)


Le 10/01 (13eme jour)
Distance parcourue : 130 miles
Au réveil l'océan nous offre un nouveau visage plus calme. Quel régal ! Enfin un peu de douceur. Même s'il reste un peu de houle de 2,50m, cela nous semble agréable après ce que l'on s'est collé !
15-20 nds soufflent, nous mettons tout le génois à l'air libre tangonné et profitons de cette paix à l'avant du bateau. L'océan peut s'apprécier, se contempler et nous nous laissons bercer par ses ondes.
«  En principe c'est comme ça la transat »!! me dit Marco
J'aime ce principe !
Il nous aura fallut attendre 13 jours pour souffler un peu !!
Côté pêche, depuis quelques jours, les lignes se font arrachées, hameçons cassés, y a du lourd ! Ils sont trop gros ! Pourtant Marco a équipé ses lignes de câble en acier et d'hameçon gabarit maximum.
Sur les conseils de Miki je lie le livre de Melville, l'intégrale de Moby Dick, histoire fascinante sur les baleines.
Plongée dans mon bouquin, j'entends Marco crier à l'extérieur :
« Viens viiite !!! »
Je bondis à l'extérieur et que voit on ?
Trois baleines arrivant droit sur nous. Une d'elle fait un virage à hauteur de l'avant du bateau et effectue un saut dans l'étrave, nous dévoilant ainsi toute sa majesté. Nous restons médusés, parcourus de frissons devant une telle apparition. Ce sont des baleines pilotes, nous n'en avions jamais vue d'aussi près (à 2 mètres) !!!
Une succession de grains nous assaillent durant la nuit, dévente, survente, pluie. Le vent tourne de NE à SE nous éloignant de notre cap. Marco épuisé finit par rouler le génois et mets le moteur afin de pouvoir fermer l'oeil quelques heures.


Le 11 et 12/01 (14eme et 15eme jour)
Distance parcourue : 130 miles/ 130 miles
Deux jours de calme nous sont offerts 15 à 20 nds qui nous permettent de hisser la grand voile et de récupérer un peu de sommeil. Nous apprécions cette jolie brise.
Une odeur nauséabonde s'est répandue dans l'habitacle à cause de 2 ou 3 bocaux de rillettes mal stérilisés. Durant 2 jours il me faut désinfecter les placards. Nous n'avons pas eu mal au cœur tous ces jours de mer démontée et là, à cause de cette puanteur notre cœur chavire !
Côté pêche c'est le calme plat, le bon dieu là haut doit estimer que l'on s'est suffisamment gavé !
Juste équilibre que nous acceptons.

Le 13/01 (16eme jour)
Distance parcourue : 127 miles
Douce brise ce matin, des trains de grosse houle du Nord passent latéralement, mais cela ne nous gène pas trop, tant que le vent ne faiblit pas. Si non les voiles déséquilibrées claquent et l'étai morfle.
D'après nos calculs nous devrions arriver demain (avant la nuit serait idéal). Il faut veiller à ne pas trop réduire notre vitesse, si non la nuit arrivera avant nous. Ne sachant pas s'il y aura une place au port, on préfère mouiller de jour afin de vérifier l'ancre. Sans compter que certaines entrées au port que l'on ne connait pas, de nuit, peuvent s'avérer délicates !!
Nous sommes donc sur la fin de notre transat ! Dans les conditions de ces derniers jours j'aurais pu poursuivre encore la traversée... Celles du début non !
L'océan peut tellement être changeant ainsi que les navigations !
Ce sont sans doute ces extrêmes qui rendent chaque moments intenses par leurs contrastes.

Nous y voilà de l'autre côté, arrivés à Antigua après 16 jours et 7 heures!
Complètement crevés, déboussolés mais contents!
L'ïle est splendide, Comme on peut imaginer une île Antillaise! Chaleur, cocotiers, eau turquoise......

ANTIGUA du 14 /01 au ?

Nous débarquons sur la planète aux milliards dans la marina de Falmouth. Des yatch montrueux par leur taille, des voiliers qui rivalisent entre eux par leur longueur, c'est la démesure qui frole l'indescence. Tidoudou est là perdu au milieu de ce monde des grands et gros richouilles. Nous n'avons pas le choix nos réservoires sont à secs et il nous faut faire un avitaillement. Deux nuits que nous allons sentir passer côté porte monnaie et en plus il n'y a même pas de sanitaires ! La honte ! À croire que les riches ne se lave pas !
Dès que nous sortons de la marina un autre monde s'offre à nous celui des îles. Petites cases colorées, végétations, fleurs, odeurs de nouritures qui fait gargouiller le ventre , visages bronzés et souriants...
Des blacks viennent nous saluer à la façon rasta, on se cogne le poing puis on porte plusieurs fois la main au cœur ! Fait avec sincérité c'est vraiment cool !
La musique à fond la caisse sort des bagnoles, le soir des concerts un peu partout !
C'est paisible, tranquille, ce sont les îles...
Une fois le bateau prêt à reprendre sa route, nous mettons les voiles vers le Sud Ouest. Un beau mouillage nous attend. La découpe de l'île est charmante, des pyramides vertes, des monts et vallons de végétation, des baies, criques, plage de sable blanc... Les couleurs de la mer, des terres, du ciel, nous éblouissent, nous ravissent, tout autant que la chaleur et température de l'eau !!
Nous mouillons dans une eau où le sable est si blanc et si fin qu'il reste en suspension donnant une teinte couleur glacier. Au coucher du soleil, le ciel et la mer flamboient.

Le 18/01
Nous remontons le long de la côte Ouest vers la capitale Saint Johnes. Nos yeux encore vierges d'Antilles se dilatent. Comme c'est beau ! Et ce nouveau mouillage incroyable : petite baie protégée plage et cocotiers mama mia !!