mercredi 30 avril 2014

Le 09/05
Du 29/04 au 09/05

Les difficultés s'effacent vite surtout sous ses latitudes !

Trop de bateaux sont arrivés à notre goût, aussi nous filons à Taravaï dès que l'occasion se présente.
C'est l'île qui a touché notre cœur, non seulement par la beauté du site, mais aussi par les occupants.
Il n'y a que trois familles vivant à l'année, mais ces personnages sont uniques et extraordinaires.
Leur porte s'ouvre avec gentillesse, simplicité et humour.
Ici on a le temps de parler, boire un thé à toutes heures, manger ensemble, on a le temps de pêcher, de jouer aux raquettes, freesby.. On est toujours les bienvenus et la sincérité se lit sur les visages.
La générosité est naturelle, tout autant que leur façon de vivre

Une leçon d'accueil qui fait du bien à nous Européens. Nous sommes invités à manger, à chasser, pêcher, discuter, jouer, rire d'un rien...
Aussi les journées glissent agréablement.
Il va falloir penser à partir bientôt vers les Tuamotus. Mais c'est dure de quitter un tel lieu !

Une navigation de 400 milles nous attend et cette fois l'envie de naviguer est présente...
Nous partons demain finalement car la météo semble bonne. Derniers préparatifs avant départ...


Le 28/04


Retour à Rikitéa au village car la météo n'est pas top.
Il fait nuit nous sommes prêts à aller nous coucher quand le vent monte soudainement en changeant complètement de secteur, il passe au Sud..
Depuis deux jours un léger vent de nord souffle inhabituellement et aujourd'hui l'air est lourd pesant.
Les rafales nous alertent et Marco sort faire une inspection nocturne. Il reste un bon moment ainsi dans le cockpit un œil sur l'anémomètre qui commence à s'affoler. Il voit le catamaran amarré à côté de nous avancer, étrange....
Peut être soulage t-il son ancre avec un appuis moteur ?
Mais lorsque Marco regarde derrière , tous les bateaux amarrés se rapprochent de nous à vive allure.
« On dérape » !!! hurle t-il.
Nous sommes pris dans une rafale, nous dépallons à grande vitesse sur les bateaux et sur les reefs.
J'allume le moteur et mets plein gaz pour redresser au plus vite la situation. Marco se précipite à l'avant pour relever l'ancre. Nous avons un problème avec le connecteur du guindeau et pour remonter la chaîne il faut mettre en contact manuellement 2 fils qui se trouvent dans la baille à mouillage. Evidemment dans la panique on ne trouve plus la frontale... Marco court dans tout les sens ! J'essaye de stabiliser le bateau.
A présent les rafales s'intensifient avec des claques de près de 40 nœuds, un rideau de pluie s'abat sur nous. Je n' y voit plus rien et j'ai du mal à garder le bateau face au vent. Le nez se fait parfois prendre et nous nous retrouvons en travers, le bateau incontrôlable ! Nous sommes entourés de bateaux dont certains sont sans lumière de mouillage. C'est l’enfer !
Une partie de bataille navale commence où les règles sont celles de ne pas couler les navires.
Pour nous parler, il nous faut hurler pour couvrir le bruit du vent, de la pluie et du moteur prêt à exploser ! De toute façon on est tellement sous tension qu'hurler n'est pas un problème !
Aveuglé par la pluie, nous jetons l'ancre sitôt un peu dégagé. Mais nous allons droit sur un petit bateau sans lumière qui apparaît au dernier moment. Re marche avant, on remonte l'ancre à nouveau ! Nous devons recommencer la manœuvre.
Marco se prend de grosses décharges électriques avec les fils du guindeau durant toute l'opération. Pluie, rafales et trouille ne se calment pas le moins du monde et je commence à être prise de frissons, tout mon corps se met à trembler, mes dents à jouer des castagnettes.
On mouille à nouveau, mais l'ancre dérape !
« Putain , mais c'est pas possible ! »
Et pour couronner le tout en remontant la chaîne , le fil de connexion de la montée du guindeau vient de se sectionner !
« C'est notre dernière tentative et dernière chance, on a pas intérêt à se foirer cette fois, on peut prier !! » me dit Marco complètement électrisé. Heureusement le peu cheveux lui empêchent de les avoir dresser sur la tête !
On tente de se décaler un peu et d'aller mouiller plus haut cette fois. Mais les chiffres du sondeur baissent d'un coup et nous en dissuade ! Il y a des reefs tout autour... Je pars donc dans l'autre sens à l'aveuglette et à fond.
Un catamaran a l'heureuse idée de nous éclairer avec une lampe poche ce qui nous permet de se situer et de se rabattre dans sa direction.
Les secondes après avoir jeté l'ancre sont intenses. L'ancre va-t-elle tenir et ne serons nous pas trop proche d'un autre voilier ?
Il semble que cela soit ok. Dégoulinant, frissonnant et à moitié choqué, nous rentrons nous remettre de nos émotions. On s'en est bien sortit ; nous avons évité le pire plusieurs fois de suite.
C'est la première fois que nous dérapons ainsi ! On réalise qu'il suffit de quelques secondes pour que tout bascule !
Et là il s'en est fallu de peu pour que le voyage s'arrête!
Là encore nous nous réjouissons d'être deux à bord... et pensons aux solitaires qui doivent vivre bien des galères, lorsque les choses se compliquent !!!
Malgré l'alarme de mouillage branchée nous ne fermons guère l'oeil de la nuit !

Cette configuration météo s'était déjà présentée à nous à Pitcairn. ( Nous avions dû fuir le mouillage précipitamment)
Il s'agit d' une dépression coincée entre deux anticyclones générant des vents tournants et violents.

Le 30/04
Cette dépression ne semble pas pressée de s'en aller. Le vent tourne sans cesse et nous refait le même coup. Il s'oriente Sud et rugit à nouveau avec des élans de fureurs.
Les fils ont été bidouillés, on peut à nouveau se servir du guindeau pour lever l'ancre au prix de quelques décharges électriques bien assaisonnées.
Encore une fois l'ancre dérape et le bateau part sur le reef. Par chance il fait jour.
Ce qui ne nous empêche pas de replonger dans une bonne galère.
Dès que nous jetons l'ancre, les rafales ne laissent aucune chance à l'ancre de se poser au fond ( 18 mètres de profondeur) et on ripe.
Par trois reprises nous mouillons, à la dernière nous arrachons l'avant du guindeau . La chaîne ne peut plus être remontée car elle se bloque. Marco finit par remonter l'ancre à la main, avant que nous venions embrasser un catamaran. Moi je stabilise au mieux Tidoudou face au vent dans des rafales à 35 nœuds, sous une pluie battante.
La majorité des bateaux ont regagné le village, aussi il n'y a plus beaucoup de place, ce qui nous complique encore l'histoire. Nous ne sommes pas les seuls à déraper, c'est rassurant !!
L'ancre est jetée et Marco ne semble pas prêt de la relever encore une fois à la main !
Heureusement le vent se calme un peu. Cela nous laisse le temps de bricoler ce foutu guindeau.
Durant des heures ça perce, ça meule, ça usine... Un bricolage de fortune qui nous sauve la mise.



dimanche 27 avril 2014



Le 14/04
Ce soir nous sommes invité à bord du bateau du gréeur Matthieu et Céline, alors que nous mangeons, nous observons un phénomène étrange.
C'est la pleine lune, le ciel est parfaitement dégagé et voilà qu'une ombre vient obstruer cet astre radieux. Peu à peu la lune semble s'assombrir et se parer sur l'un de ses côtés d'une couleur rouge tout en restant éclairer de l'autre côté. L'ombre semble peu à peu manger la lune
Les questions vont bon train :
«  Qu'est ce que c'est ? »
« Pas de nuages, c'est bizarre »
«  Moi je vous dit que l'on ne nous dit pas tout !! »
Les jumelles sont sorties et nous nous plongeons tour à tour dans le firmament de plus en plus intrigués.
Lorsque nous retournons à notre bateau la lune est pratiquement rouge. Nous nous arrêtons en chemin voir le voilier voisin pour leur faire remarquer le phénomène.
Eux ne sont pas le moins du monde surpris et nous lancent :
«  Mais oui ! C'est l'alignement soleil- terre- lune, c'est une éclipse ! »
« Et ben merde alors... »

Le 15/04
Ici c'est l'automne, depuis une semaine le temps commence à virer. Le vent se fait plus fort, la pluie plus fréquente et l'air se rafraîchit à 25°c. Des coup de Maaramou ( alizés du Pacifique) nous obligent à trouver des mouillages abrités. Les deux prochains jours cela risque de klaxonner, aussi nous regagnons la côté Ouest de Taravaï.

Nous nous retrouvons à quatre voiliers dans la petite baie protégée. Nous commençons à connaître tous les navigateurs.
Ce coin est une merveille : eau plate, reliefs hauts, décors étonnant avec la plage de sable blanc bordée de cocotiers et sur les hauteurs : forêt de pins, de grandes herbes...
Il y a de quoi se régaler les yeux même dans l'eau car il y a des plateaux de corail.
Sitôt arrivés, nous allons explorer les reefs, inévitablement nos nouveaux copains viennent se joindre à nous : de beaux requins pointes noires.. Ils nous encerclent et nous font un joli balais sous marin. Nous nous familiarisons davantage avec ces bébêtes, à présent je me demande lequel de nous est le plus curieux eux ou nous ? Néanmoins nous apprécions de les voir un peu à distance.
C'est quand même extraordinaire de pouvoir les observer, ainsi que de gros Mérous, Perroquets, Labres, Carangues, bénitiers aux lèvres de couleurs bleus...

Le 16/04 C'est mon anniversaire !
Est ce une année de plus qui s'ajoute à ma vie ou de la vie qui s'ajoute aux années ?
En tout cas le voyage me donne la sensation d'être hors du temps et d'être de plein pied dans la vie. Alors cette 48 eme année glisse sans heurt !!
Nous commençons cette journée par un plongeons requinesque, puis un BBQ de bonite sur la plage, et enfin, le soir nous convions tous les occupants des voiliers à un apéro sur la plage. Nous sommes une dizaine réunis autour d'un feu, et d'un bon rhum de Marie Galante qui semble fort apprécié.
Il est plaisant de constater que chacun de ces navigateurs est satisfait de sa vie et ne la changerait pour rien au monde. Du jeune au moins jeune chacun s'est donné le moyen de réaliser ses rêves, ses envies, il n'y a pas de place aux regrets, plaintes ou jérémiades.
Les discussions sont colorées et riches d'échange. On s'échange des recettes de cuisine,( comment par exemple cuisiner le fruit de l'arbre à pin et autres chose que l'on trouve ici...) le moyen pour réparer un truc, qui aller voir pour tel problème, le bel endroit à voir, où plonger, le mouillage à ne pas manquer...
Il y a une sorte de solidarité qui fait du bien et l'on sait qu'en cas de galère on pourra toujours demander de l'aide. Ces rapports ne se font pas qu'entre navigateurs, mais les locaux participent eux aussi à cette entre aide. On dirait qu'il faille un retour à plus de simplicité et être un peu en dehors de la modernité pour retrouver ce genre de valeur !


En tout cas, quoi de plus plaisant que d'entendre le feu crépiter, les criquets agiter leurs ailes, le souffle du vent dans les cocotiers, les rires se perdre dans la voûte céleste et un bon moment partagé ?
Cette soirée improvisée fut douce...

Du 17 au 20/04
Le Maaramou continue de souffler, nous restons donc caché ici. Les autres bateaux font de même.
Chaque jour nous allons nager sur les reefs voisins, à présent les requins font partie du décors.


Nous allons marcher sur les hauteurs de Taravaï en se taillant un chemin au milieu des herbes plus hautes que nos têtes, en crapahutant sur les rochers, se faufilant entre les arbustes. Pas de chemin tracé, la végétation est tellement dense qu'elle en est parfois impénétrable, nous obligeant à faire demi tour. Les herbes sont coupantes,et les guêpes piquantes aussi pantalons et longues manches sont nécessaires. La nature est belle et les vues du haut à couper le souffle.

Les journées sont étonnamment bien occupées. Nous réalisons que cela va faire bientôt un mois que nous sommes aux Gambier !

Le 21 au 24/04
Le vent finit par se calmer, nous pouvons remettre les voiles en direction des motus du Nord.
Nous attendions le bon moment pour venir sur ces îlots proches du petit aéroport, car ils sont exposés au vent d 'Est. Là c'est calme.












Le nord de l'archipel est constitué d'une longue langue de sable, avec des terres sablonneuses qui émergent où cocotiers et Filaos règnent sur ces lieux. Elles sont habitées par les uniques propriétaire des fermes perlières.



Nous allons rendre visite à Eric l'un d'entre eux pour une visite de sa ferme. Un chinois passionné par ce qu'il fait qui nous explique en détail tout le processus de fabrication d'une perle. Un greffier nous montre en direct l'intervention nécessaire à la fabrication d'une perle.
Il s'agit d'inciser une membrane à l'intérieur de l'huître maintenue ouverte par des pinces. D' introduire dans la cavité une bout de moule venant du Mississippi et un greffon. Le greffon provient de la membrane entourant l'huître. Ces deux ingrédients introduits, l'huître sera fixée sur un support et patientera 16 mois dans l'eau, jusqu'à ce que la perle soit formée.
Les perles des Gambier sont réputées pour leur qualité, ici on a choisi la perle noire aux reflets colorés ( vert, rose, jaune...)


Pas loin du lieu de notre mouillage se trouve ce que l'on appelle la fausse passe. Située entre deux îlots, c'est le spot de plongée par excellence.
Armés de nos palmes, masque, tubas nous allons à la rencontre de gros poissons : Napoléons, mérous, vivaneaux, perroquets... Nous empruntons une trouée entre les reefs pour remonter et franchir la barrière de corail. Les fonds sont magnifiques des coraux de toutes les couleurs et des poissons partout.
A peine arrivés à l'extérieur de la passe, nous assistons à une danse de requins sur fond de sable. Tout à coup l'un d'eux, le plus gros, nous apercevant nous fonce dessus.
Son air déterminé et quelque peu menaçant, nous stoppe net dans notre progression. Sans nous concerter Marco et moi faisons un demi-tour illico presto. Ce requin pointe blanche d'un bon deux mètres, pourvue d' un gros ventre doit attendre des petits. Elle nous tourne autour de si près que nous pouvons admirer en détails sa gueule. Elle passe sous nos corps à quelques centimètres et ne nous lâche pas. Ne sachant si elle défend son territoire ou cherche à nous intimider, nous préférons nous éloigner, elle nous accompagne vers la sortie. Les autres requins voyant oeuvrer la défenseuse de leur milieu, ne se soucient pas de nous et poursuivent leur balais aquatique..

Le lendemain, nous retournons rôder sur leur territoire, mais cela doit être l'heure de la sieste. Dame requin reposant sur le fond vient à notre rencontre, après un salut moins brutal que la veille, elle retourne s'allonger. Nous pouvons ainsi plonger tranquille et se remplir les yeux de toute cette beauté sous marine dans une eau cristalline.
Le sur -lendemain c'est le festival des requins, ils sont nombreux à nous tourner autour, un murène Javanaise géante ( de 3 mètres de long) nous surprend en se dirigeant sur nous. Une variété étonnante de poissons nous régalent les yeux. Le monde aquatique est définitivement un monde à part ! Quelle splendeur !


Marco serait bien tenté d'aller chasser, mais il vaudrait mieux qu'il soit accompagné de personnes expérimentées. Déjà pour savoir quel sont les poissons comestibles non contaminés et surtout pour apprendre à faire face à tous les requins attirés par le sang du poisson mort. Car aux dires des chasseurs que nous avons rencontrés, ils sont excités et viennent systématiquement quémander un bout. Il faut donc défendre son beef teck et intimider les requins à coup de palmes ou de pics.
Pour le moment on en est plus à ne pas se faire intimider par eux, alors il y a encore du boulot pour les intimider !!

Le 26/04

Après avoir réfléchi et discuté de la suite de notre voyage, nous venons d'opter pour aller aux îles de la société. D'une part par prudence car mieux vaut être proche d'un chantier avec notre étaie endommagé et d'autre part nous hésitons à aller se faire secouer au mouillage du côté des Marquises. Comme il n'y a pas de lagon que l'on est en pleine mer, que la houle d'hiver arrive cela nous laisse envisager des mois à venir agités. Nous avons pris goût à la douceur et nous ne sommes pas prêt à affronter navigation de 900 milles sous des allures peu confortables et des mouillages tendus. Donc on se rabat sur des îles protégées de lagon comme Tahiti, Moréa, Huahine, Raiatéa, Bora-bora, Mopiti... On aura de quoi se régaler quoiqu'il en soit.

mardi 8 avril 2014


Le 08/04




Alors que nous partons mouiller aux motus du Nord, le vent fraîchit et nous contraint à revenir sur nos pas au mouillage plus abrité de Rikitéa.
A peine avons nous jeté l'ancre que je vois un bateau au mouillage déraper et partir sur les hauts fonds.
Nous tentons de lancer un appel avec la VHF mais personne ne répond. Nous n'avons pas de moteur à l'annexe ; aussi on tente de siffler pour prévenir le bateau en question. Un voisin sort et vient à sa rescousse en prenant Marco au passage et en rejoignant le ketch qui maintenant est posé sur le reef.
Arrivés au bateau, le propriétaire daigne enfin sortir et s'aperçoit du désastre. Marco reconnait Allan un Américain qui était à côté de nous à l'île de Pâques.
Il y a urgence aussi Marco monte aider Allan. Il arrive à démarrer son moteur et à se sortir du reef sans péter l'hélice. Mais le moteur cale et repart sur le corail, Marco tente de relever l'ancre emmêler avec les bouts. C'est la panique à bord. Bernard le voisin pousse le bateau avec son annexe pour l'empêcher d'aller s'échouer. Le moteur redémarre et après un certain temps l'ancre est relevée et s'avère toute petite. Allan explique que son ancre principale est au fond de l'eau, il l'a perdu la veille. Bref pas d'autre solution que d'aller à quai. Mais Allan hésite car la marche arrière ne passe plus. Tout semble aller de travers sur ce bateau. Ils arrivent enfin à regagner le quai malgré tout.
Allan raconte à Marco qu'il est arrivé il y a trois jours de l'île de Pâques alors qu'il est partit une semaine avant nous ! Il a mis plus d'un mois pour arriver jusque là, sans aucune escales !!
Quelques problèmes semblent en être la cause.
Il est partit de l'île de Pâques sous les grains ( nous étions ahuris qu'il choisisse de partir avec la météo annoncée, nous lui en avions d'ailleurs fait part!). Bref il s'est pris une dégelée, a cassé son étaie, déchiré son génois, puis déchiré peu à peu toutes les autres voiles. Son moteur étant en panne, il a finit avec une toute petite voile avant du style mouchoir de poche. Pris dans la pétole il a même fait marche arrière durant deux jours ! Evidemment la météo ne lui a pas permis de s'arrêter à Pitcairn.
Il avait avec lui deux jeunes équipières pour partager sa galère ! Je pense qu'elles en garderont un souvenir mémorable de cette traversée !!!( A l'île de Pâques il y avait un autre jeune équipier à bord mais, la veille du départ il a débarqué car il a eu une sale intuition...)


Une fois arrivé, comme le mouillage est profond Allan a voulu rabouter sa chaîne. Ils étaient tellement épuisés que le raboutage a été vite fait. Hélas ça n'a pas tenu. L'ancre est donc restée au fond par 20 mètres d'eau.
Et c'est son ancre de secours qui vient de déraper ! Et ben non de dieu bonjour la galère !
Il y a des histoires comme ça qui semblent à peine croyable. Mais faut avouer que le type est spécial !
Le truc aberrant c'est qu'il va repartir pour Papetee tel quel sans voiles, avec un moteur qui marche une fois sur deux et cela n'a pas l'air de l'inquiéter plus que ça !
Est ce de l'inconscience ? De la bêtise ?

Une des jeunes équipières a rendu son tablier et l'autre demande à Marco un peu plus tard :
«  Tu ferais quoi, toi, si t'étais à ma place ? »
Question délicate à laquelle Marco hésite à répondre car s'il est sincère il dirait :
 «  je me casserai vite fait ! »
Mais laisser un mec en plan tout seul, c'est pas cool ; alors il choisit de ne pas prendre position et tente de la rassurer, en lui donnant quelques conseils sur l'itinéraire le moins exposé pour rejoindre Papetee...




Le 10/04
Aux dernières nouvelles, le gréeur est monté dans le mât et nous dit qu'il est possible de naviguer encore comme ça en étant vigilant de ne pas trop solliciter l'étaie.
S'il n' y a pas urgence il faudra cependant le changer. Nous allons donc tenter de naviguer ainsi et lorsqu'on rejoindra le chantier de Raiatéa, on s'en occupera !
Ce qui est nous permet d'envisager de poursuivre notre route vers les Marquises mi Mai...
 

LES GAMBIERS
Fin Mars – début Avril

Petite escapade sur le point culminant à 300 mètres d'altitude, en empruntant un sentier très raide dans les sous bois. Du haut, une vue sur tout l'archipel, des couleurs éclatantes du lagon nous laisse deviner les barrières de corail et patates. Toutes la gamme de bleu est décliné.

Les fermes de culture de perle occupent toutes les baies et le lagon est truffé de bouées. La navigation n'est que slalom entre celles-ci.
Le village de Rikitea est le seul lieu de ravitaillement, aussi de nombreux voiliers sont mouillés dans la baie. Une fois toutes les trois semaines un bateau venant de Papetee livre de la marchandise.
Mieux vaut être là à son débarquement pour avoir une chance de trouver quelques pauvres légumes ou œufs..., car en une journée les alimentations prises d'asseau sont dévastées. Étonnamment personne ne cultive sur cet archipel. On ne trouve que des arbres fruitiers : papayes, citrons et pamplemousses que les habitants ne ramassent même plus. Ils préfèrent se nourrir de sucreries et boites de conserves. L'obésité et diabète semblent d'ailleurs être un problème.
La majorité des gens sont très riches par les cultures de perles et ils rivalisent à celui qui aura le plus beau 4x4. Vue la longueur de l'île de Mangareva et de l'unique route cela prête à sourire.
Les habitations restent cependant à taille humaine sans démesure, bien soignées et fleuries.
Les sourires et saluts restent chaleureux.

Nous avons rejoint Aukena île voisine pour tenter de trouver un dentiste. Pas de dentiste sur les îles, mais nous avons ouï dire qu'un français à bord de son bateau faisait quelques soins. Marco à l'île de Pâques s'était fait enlever le nerf d'une dent mais le traitement des racines n'avait pas été fait.
Il devenait urgent de le faire et heureusement son sauveur est là au mouillage ( il part dans 3 jours aux Tuamutu, nous l'attrapons au vol!).
Chez le dentiste : Marco s'allonge dans le cockpit du bateau, Bernard aidé de son assistante ( sa fille de 9 ans) entreprend le soin avec sa roulette portative. Désinfection à l'eau de javel, séchage avec l'air comprimé des bouteilles de plongée, rebouchage et le tour est joué.

Encore une île magnifique ! Toutes ces îles sont privées, aussi lorsqu'on arrive il est bon de passer se présenter aux occupants. Là encore, l'accueil est sympa et l'on nous invite à aller se servir en citrons. On en fera du sirop !

Quelques plongées sur les coraux, marche à travers les forêts, papotages avec les bateaux voisins que nous connaissons déjà... La vie est douce, les gens tranquilles, et le paysage de rêve !!!
Beaucoup de navigateurs arrivant là se trouvent à y rester plus longtemps que prévu, on comprend pourquoi !!!

Le 2/04
Nous repartons vers les motus plus à l'Est.


Les Motus sont de petits ilots de sable avec des cocotiers comme on en trouve aux Tuamutu. Nous trouvons un mouillage à proximité de l'un d'eux Tauna où nous sommes seuls. Le bleu qui ourle ces îles est d'une intensité qui fait ressortir le blanc du sable. C'est assez hallucinant !


Nous rejoignons ce petit paradis en annexe, en 10 minutes le tour de l'île est faite, les seuls occupants des lieux sont les oiseaux, ils volent au ras de nos têtes. Nous voyons qu'ils ne tiennent pas à ce que nous allions dans la cocoteraie où ils doivent nicher. Nous les laissons en paix en se cantonnant aux bordures de la plage.



N'étant pas du genre téméraire ( déjà petite je préférais laisser ma petite sœur se faire percer les oreilles en premier pour voir si ça faisait mal) du coup lorsque Marco m'annonce qu'il veut aller plonger sur le tombant derrière la barrière de corail ; je le laisse aller en exploration seul.
Pendant ce temps je profite de l'îlot désert pour faire quelques photos et quelques étirements.
Je le vois soudain revenir à fond la caisse un peu comme si la scène était passée en accélérée. J'ai l'impression de voir un dessin animé d'un mec dont les bras font des moulinet qui vont tellement vite qu'on ne voit qu'un cercle...
En sortant de l'eau le regard ahuri, il me raconte son aventure.
En nageant dans le lagon il a croisé des requins pointes blanches et pointes noires de taille moyenne, mais en arrivant sur le tombant un gros requin gris de plus de 2 mètres posé au fond a soudain surgit comme dans les dents de la mer droit sur lui. Surpris par la taille et la curiosité de l'animal, notre plongeur a pris peur et s'est éloigné rapidement, mais le requin n'a pas abandonné la partie et l'a suivi de près.

C'est là, où j'ai pu voir la scène en accéléré...
J'ai bien rie, mais j'aurais moins rigolé si je l'avais accompagné !!!
Moralité la témérité n'est pas toujours bonne ! Ca je l'ai bien compris...
Au retour au bateau nous prenons notre bible de la mer pour connaître les caractéristiques de ce requin gris et il est dit : Requin curieux mais peut devenir agressif et se dandiner sur place de façon menaçante avant d'attaquer. C'est le requin le plus susceptible d'attaquer les plongeurs !! Sympa !

Le lendemain je décide toutefois d'aller explorer le lagon avec masque et tubas. C'est marrée basse, peu d'eau aussi nous nageons en surface dans à peine 50 cm de fond au dessus de magnifiques coraux. Rapidement nous avons la visite de requins pointes noires, ils sont étonnants de curiosité. Moi je préfère quand même qu'ils gardent un peu distance...( toujours pas très téméraire!) Il faut juste se familiariser avec cette nouvelle compagnie !

Je suis éblouie par la beauté des méduses toutes en dentelles blanches transparentes aux reflets rose avec des perles sur leur robes. Que dame nature est ingénieuse pour créer de si belles choses !
Journée à terre sur cette île paradisiaque, nous installons le campement avec un hamac, un feu sur le quel nous faisons griller les bonites pêchées hier.
C'est un lieu parfait, désert et de toute beauté.
L'intensité des couleurs du lagon ne cessent de nous émerveiller.
Les oiseaux font office de musique de fond et leur vol nous laisse rêveur. Des oiseaux d'une blancheur immaculée tournoient dans le ciel azur. A deux mètres du rivage nous observons les requins venant nous offrir un spectacle dans 20 cm d'eau cristalline.
Cette fois nous sommes bien aux cœur de nos rêves !


Le 04/04
Vent et pluie sont annoncés pour les prochains jours, il nous faut regagner un mouillage plus protégé. L'ouest de Taravaï est parfait lorsque les vent de Sud Est soufflent..
Nous naviguons avec toujours un œil sur les bouées, sur les couleurs des fonds et la carte. Bien souvent Marco se poste à l'avant debout sur le balcon pour observer les teintes nous indiquant les patates de corail.
En route, après s'être fait arracher la ligne certainement par un requin, nous attrapons 4 bonites (rare poisson qui se mange sans risque de ciguatera!). Dont une énorme bonite de la taille d'un thon.
Nous décidons d'aller en annexe donner cette dernière à Hervé et Valérie, qui habitent sur l'île.
Ils nous font un super accueil, nous invite à boire le thé, petits gâteaux et repartons avec un panier de fruits et un bout de cochon tué fraîchement ce matin !
Quel plaisir de pouvoir parler Français, de pouvoir avoir de véritables conversations avec les locaux. Nous avons été bien souvent frustré de ce côté là !

Le 05/04
Pas d'autre bateau à ce mouillage, cela nous plait cette quiétude. Le temps est gris , pluvieux mais le bateau est à plat, aussi Marco décide de grimper au mât pour faire son inspection régulière après chaque grande navigation.
Une fois en haut du mât, il m'appelle et me dit :
«  J'ai une mauvaise nouvelle ! »
C'est effectivement la merde ! le câble de l'étaie s'est détorsionné en tête de mât. Ce qui signifie qu'il est fragilisé et peut se rompre facilement. Cela implique de le changer au plus vite.
Par chance nous avons entendu parler d'un navigateur qui est gréeur, nous nous lançons donc à sa recherche par VHF. Il se trouve qu'il est au mouillage de l'autre côté de l 'île.
Suite au prochain épisode car ce problème va peut être faire dévier notre route si ???