mercredi 4 novembre 2015



Du 12  Octobre au 3 Novembre 2015


La capitale des Marquises, là où nous sommes, est de la taille d'un petit village chez nous ! On y trouve 2 épiceries, une banque et même un bistrot -restaurant, un magasin de bricolage et un petit hôpital. Nous rencontrons Kevin qui va se charger durant notre absence de la surveillance de notre bateau, le type à l'air sérieux. La grande baie semble bien protégée des vents dominants, même si elle est ouverte à la houle du Sud, nous pensons que Tidoudou sera bien, durant ces quelques mois à venir.







En attendant l'heure du départ, nous remontons plus au Nord rejoindre l'un des plus beaux mouillages des Marquises : Anaho
En chemin, nous faisons une halte de 3 jours à la baie du contrôleur où juste avant d'arriver nous pêchons un gros Tazard d'1,20m. ( au retour nous choperons son frère jumeau)


Nous le partageons avec des locaux qui en remerciements nous offrent des brassées de fruits.


La baie d'Anaho est tout simplement grandiose par ses décors. De belles montagnes vertes encerclent le mouillage ainsi qu'une longue plage de sable blanc. De plus, la houle ne pénètre pas, ce qui fait effectivement de ce lieu, le mouillage le plus tranquille que nous ayons connu aux Marquises.



Quelques bateaux nous ont rejoint car une grosse houle du sud sévit. Nous sommes donc 6 bateaux à l'ancre. Nous ne tardons pas à connaître tout ce petit monde par le biais de quelques apéros et repas.


L'ambiance sur l'eau comme à terre est sympa. Les locaux organisent même un repas pour tous les navigateurs. La table est plus que généreusement garnie, les ukulélés résonnent dans la nuit accompagnés de quelques chants Marquisiens.


Marco et moi reprenons notre rythme marche chaque jour, pour découvrir les baies voisines.










Peu à peu aussi, nous commençons le nettoyage en vu de l'hivernage. Nous avons la chance sur la plage d'avoir un robinet d'eau douce ( de source) nous permettant de laver les voiles, cordages et autres...


Le retour se prépare également mentalement. Réintégrer le monde moderne nécessite une bonne anticipation !
Quand il s'agit de remettre les pieds sur terre, on se rend vite compte de toutes les contraintes que cela génère : ne serait ce que l'organisation du retour !!!
Bientôt le vent de l'insouciance, de la vie au jour le jour vont faiblir...
Ces quelques mois à bord, nous ont permis encore une fois, de goûter à une autre forme d'existence.
Il faut avouer que les modes de vie peuvent être radicalement différents !


L'aspect qui prédomine dans notre voyage est certainement la liberté. Sur un voilier les principales contraintes sont celles des éléments, si non, on se laisse guider seulement par nos envies dans l'instant.
Il est vrai toutefois que notre liberté repose en partie sur quelques personnes. Je pense par exemple à mon amie Sylvie qui gère toute ma paperasse en France, à Danielle (la maman de Marco) qui en fait de même... Ces personnes contribuent aussi à rendre nos esprits plus légers...
Ne plus avoir de contraintes matérielles, d'obligations, de devoirs ( ou seulement en ce qui concerne notre embarcation) est un privilège. Alors bien sûr, toute liberté s'acquière, elle ne nous tombe pas sur la tête ainsi. Nous avons oeuvré pour l'avoir : nous avons accepté de larguer ce que nous avions en France, accepté des séparations ( pour ma part, c'est ce qui a été le plus difficile), accepté de vivre autrement, plus simplement...
Aujourd'hui nous ne pouvons que nous féliciter des choix que nous avons fait car notre route est parsemée de richesses.


Alors bien sûr, certains moments sur un bateau sont loin d'être faciles. Parfois certaines galères, nous donnent envie de tout arrêter et de réintégrer une vie moins mouvementée. Mais si nous sommes toujours sur notre rafiot c'est que ces moments ne prédominent pas.
De nouveaux projets prennent forme : comme celui de rejoindre les Tonga l'année prochaine...
Il y a encore tant à explorer qu'il serait bien dommage de s'arrêter là ! Et puis les Vanuatu, la nouvelle Calédonie, l'Australie, l'Indonésie, Thaïlande, Vietnam sont autant de pays qui nous font rêver...


Mais chaque jour nous réserve ses surprises, alors on verra....
Après notre break hivernal, nous reprendrons notre route au mois de Mai. Le blog va donc être en stand by quelques mois.


Ce voyage m'a donné envie d'écrire un livre, afin de partager nos aventures. Il se peut que
«  Les passagers du temps » ( titre de mon manuscrit) trouve un éditeur cet hiver... ?

Mais en attendant, pour vos longues soirées d'hiver, je peux vous conseiller de lire les bouquins de mon frère Olaf CANDAU qui ont été publiés par les éditions Guérin :
        - «  Un an de cabane » relatant son expérience de vie en pleine nature au fin fond du Canada où il s'est construit une cabane.
  • «  Un an de cavale » un tour du monde à vélo, avec ascension des plus hauts sommets
  • «  Narcisse » : la vie peu banale de mon père ( guide de haute montagne) et un autre bouquin va sortir cet hiver sous le titre «  Rupture » ( cela sera une surprise)
Un peu de pub donc, pour ses bouquins pleins de vie, d'humour et d'aventures vécues...


En tout cas merci à vous tous de nous avoir suivi, nous vous souhaitons un bon hiver et nous vous donnons RDV en Mai 2016....

(Si vous désirez me contacter pour me faire part de vos réflexions, suggestions ou autres... n'hésitez pas à m'envoyer un mail: sabrina.candau@gmail.com)

dimanche 11 octobre 2015


Du 27 Septembre au 07 Octobre


La majeure partie des mouillages imposent de mettre 2 ancres à cause de la houle. L'ancre arrière est problématique, avec les rafales, elle ripe. Nous sommes bien souvent obligés de la remettre. Aujourd'hui cela fait 3 fois que l'on s'évertue à la faire prendre, mais en vain. Aussi on se se fait ballotter.
Le petit village est muni d'une sorte de débarcadère en béton. Ce qui nous facilite les débarquements en annexe ( qui sont souvent épiques avec les vagues!)
Quelques sentiers ou pistes nous permettent de découvrir les lieux. Nos gambettes bien affûtées par les heures de marche, nous portent dans des décors grandioses. Nous contournons le pied de majestueux pitons effilés venant narguer les dieux par leur finesse et hauteur.





Parfois en pleine montagne, au cœur de la forêt, nous découvrons des Tiki,
des Marae ( plateforme de cérémonie, où avaient lieu les sacrifices. Rappelons qu'au siècle dernier, les gens d'ici étaient cannibales!) Pour la petite histoire, l'année dernière, un bel Allemand navigateur s'est fait manger, par un Marquisien . Est ce quelques réminiscences de cannibalisme ou un juste un taré de plus ? ( La femme à réussie à s'échapper et éviter ainsi de passer sur le BBQ) !!!





Nous tentons d'aller mouiller dans une baie plus au sud. Naviguer le long de ces côtes est un véritable spectacle : roches, falaises abruptes entrecoupées par des vallées verdoyantes et en arrière plan encore de magnifiques pitons...



Quelques dauphins viennent nous saluer, des frégates tentent de nous piquer nos leurres de traîne. Un de ces oiseaux s'empare d'ailleurs, de notre poulpe. Il se retrouve suspendu un temps dans les airs... Nous devons ranger nos lignes !
Après avoir jeté l'ancre le temps du déjeuner, dans une crique encadrée de murs rocheux, nous optons pour un retour au mouillage précédent. La houle est trop conséquente pour envisager d'y passer la nuit, et le débarquement impossible.
Il nous faut donc patienter encore quelques jours ici. Près du quai, a lieu les répétitions de danse en vu du festival, nous allons y jeter un œil. De jeunes, beaux Marquisiens musclés, tatoués, nous offrent une danse guerrière. Leur chant puissant donne encore plus de force à leurs gestes. C'est impressionnant ! Ce festival doit être quelque chose et nous regrettons de ne pouvoir y assister cette année !
Nous allons rentrer en France au mois de Novembre, nous devions mettre le bateau au chantier de Raïatea, mais nous avons décidés de le laisser aux Marquises. Il hivernera au mouillage dans l'une des baies les plus protégées de Nuku Hiva, sous surveillance.
Cette année, le Nino se met en place, ce qui laisse envisager un plus fort risque de cyclones dans la zone des îles de la société. Il est probable qu'il soit plus en sécurité ici au mouillage que sur les bers au chantier ! Et puis, nous pourrons ainsi l'année prochaine, prolonger un peu notre voyage dans ces lieux.
Les Marquises demandent d'y passer du temps, de s'y arrêter pour se dévoiler davantage. Nous avons pu constater que c'est en restant un peu à un endroit, que l'on permet aux liens de s'établir avec les gens et le lieu... Au final c'est en se posant que la richesse émerge !


Evidemment ce n'est pas en restant dans son bateau que tout ceci nous est dévoilé... Nous réalisons que beaucoup de navigateurs ( la majorité) descendent rarement de leur rafiot, et choisissent les lieux à proximité d'un gros village, offrant certaines commodités. Faire autant de miles, être dans un univers aussi splendide et ne pas en profiter semble bien dommage ! Mais chacun a son idée du voyage !!!




Le 08/10
Après une nuit fort agitée, nous optons pour rejoindre le Sud de Nuku Hiva. Une douce navigation de 6h , nous permet de pêcher deux belles bonites. L'arrivée à Daniel baie (Hakatea) est spectaculaire, une émotion liée à l'émerveillement nous étreint. Mes yeux et mon cœur se dilatent, ces organes ne semblent pas assez grands pour contenir ces images... Décidément ces Marquises ne cessent de nous surprendre, elles génèrent un pouvoir extraordinaire celui de s'émerveiller comme un enfant !


Pour découvrir la petite enclave du mouillage, il faut pénétrer entre des montagnes. Derrière, une face montagneuse vertigineuse, façonnée de pics, sourie d'un vert franc. Cette baie complètement protégée,( avec une jolie plage en prime) offre un mouillage parfait ! A notre grand étonnement, il n'y a aucun bateau et surtout, l'eau est plate...
Si l'on arrive à s'habituer à vivre dans un tangage perpétuel, se retrouver soudain à marcher normalement sans avoir à se tenir, dormir sans avoir à se caler avec des coussins est un confort que nous apprécions grandement ! Le corps peut se relâcher, l'esprit se détend et tout notre être savoure ce luxe de l'immobilité...










La pluie se montre aujourd'hui, mais ne nous empêche nullement de rejoindre la plus haute cascade des Marquises avec ses 350 mètres de chute. Une marche qui commence dans le jardin d'Eden : les arbres ploient sous le poids des fruits, les fleurs s'offrent aux gouttes célestes, un ruisseau chante. Des Tiki dorment ça et là, dans un sommeil de pierre.

Le seul hic dans ce paradis sont les nonos et les moustiques ! Puis la forêt se fait dense, tout autant que la végétation. D'énormes banians étendent leur tentacules. Autrefois dans l'entrelacement de ces racines étaient placés les morts, le temps se chargeait de faire un cocon autour d'eux et de les conserver à jamais dans ce tombeau vivant.


A maintes reprises nous devons traverser la rivière sur les roches glissantes. Nous pénétrons dans un cirque où les falaises sont si hautes qu'elles semblent se refermer sur nous.

Au bout d'une étendue verte où poussent d'étranges arbres à fleurs rose, se trouve la cascade.
Elle a forgé d'étranges cavités.


Il y a peu de débit à cette époque, malgré tout, elle coule de splendeur.




Le 11/10
Nous voilà au mouillage du village principal, là où nous hivernerons le bateau. Une grande baie accueille une bonne dizaine de bateaux et quelques commodités qui nous permettent ainsi l'accès à internet. Nous irons plus au Nord dès que vent et houle nous le permettrons.

mardi 29 septembre 2015




Du 17 au 28/09/15

Le petit tsunami est passé, finalement, l'annonce de celui-ci nous a davantage impacté que le moment où celui-ci est passé. Nous n'avions que peu de connaissances et informations pour pouvoir se faire une idée de la situation, aussi nos seules références sont celles que la TV diffuse, ou que l’on peut capter au cinéma et du coup les proportions ne sont pas forcément celles de la réalité. Je reconnais que Marco techniquement avait tout à fait raison de vouloir aller au large, là est la bonne solution théorique, mais ma pratique à moi s'est davantage orienté vers la terre. Les gens d'ici eux, semblent habitués à ce phénomène car ce n'est pas leur premier tsunami ! D'où leur attitude Zen plutôt surprenante. Au village où nous sommes certains habitant du bord de l'eau, n'ont même pas regagnés les hauteurs. Il paraît que certains sont inconscients et ne bougent qui si on leur annonce une vague de 20 ou 30 m.
De l'autre côté de l'île au Sud, la vigilance fut plus grande car plus exposée, la population de bord de mer a été hébergée momentanément dans l'école sur les hauteurs. Le mouillage réputé dangereux a été évacué, tous les bateaux (six) ont dû partir au large, certains en panne de moteur on été dû être tractés.Une série de 6-7 vagues sont venues recouvrir la digue et terrain de foot, débordant dans le bas du village. Un Marquisien nous raconte : « Le pire c'est lorsque l'eau se retire car cela fait de gros tourbillons qui emportent tout et le port en réalité un mouillage se retrouve ensuite à sec, c'est pour cela que l'on évacue tous les bateaux. » Il n'y a heureusement, pas eu de dégâts, juste un grand nettoyage du front de mer.
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Voilà bientôt un mois que nous sommes à Hanaiapa, seuls au mouillage. Nous commençons à connaître les gens du village et eux en tout cas, nous connaissent bien, ils sont au courant de tout ce que nous faisons. Ils savent quand nous partons marcher, quand nous allons à la pêche, ou à la ville... C'est autant de l'intérêt que de la curiosité. Aussi lorsque l'on passe on nous demande toujours : « Vous allez où ? Vous avez quoi dans votre sac ? » Le festival des Marquises qui a lieu au mois de Décembre, tous les 4 ans, commence à se préparer. Un événement auquel toute la population participe. La voisine de Lynda, Routy s'occupe de confectionner la décoration et différents objets en vue de cette fête, aussi nous invite-t-elle à participer à ce qu'elle fait. Nous découvrons ainsi l'artisanat local le savoir faire et prenons des cours. Notre dextérité est loin d'égaler celle de Routy qui éclate de rire en voyant nos ouvrages ou s'exclame : «  Ho, c'est vraiment pas joli ce que tu as fait! » Loin de nous vexer sa franchise à toute épreuve nous amuse.

C'est comme un jour où nous l'invitons, avec Lynda, à bord de notre bateau pour boire un coup.
Très vite, je m'aperçois qu'elle change de couleur et qu'elle transpire à grosses gouttes. Lorsque je leur propose si elles veulent rester manger, Routy répond avec un cri du cœur : -  « Ha non alors !, pas question que je mange sur le bateau, ça bouge trop, je veux rentrer! » J'aime cette spontanéité, parfois elle peut surprendre car elle est assez inhabituelle dans nos pays Européens. Ici, les gens nous livrent facilement des choses intimes, ne s'encombrent pas de formule de politesse, s'exprime sans retenue... De ce fait, cela donne un aspect direct, sincère et vrai aux relations.


A chaque retour de pêche, les gars s'arrêtent à côté de notre bateau pour parler, raconter leur journée. Il n'y a pas d'empressement à vite rentrer, alors que derrière leur boulot  n'est pas terminé. Les Marquisiens sont travailleurs et loin d'être paresseux. Hommes et femmes commencent leur journée au lever du jour à 5 h. Certains partent faire le copra, d'autre à la pêche, à la chasse, d'autres s'occupent d'entretenir leur terres, leur maison, de ramener de quoi cuisiner, faire de l'artisanat. L'entretien du jardin est l'activité favorite. Il faut avouer que leurs potagers sont beaux, mais ce n'est pas sans raison ; un terrain non entretenu est un nid à moustiques et nonos. Ce sont des personnes actives, mais qui savent aussi, prendre leur temps. Le dimanche est jour de repos total et la nourriture, l'alcool coulent à flot... 




Sachant que nous allons bientôt partir Routy tient à nous préparer un repas pour fêter ça avec Lynda ce dimanche.Spécialement pour nous, elle dégote un chevreau, qui finira accompagné de lait de coco dans nos assiettes avec le traditionnelle Féhi, banane cuite, et uru, le fruit de l'arbre à pin. Nous, les chèvres on préfère les voir cavaler dans les montagnes que dans notre assiette... Marco a eu le malheur de dire qu'il n'en avait jamais goûté, alors Routy voulait nous faire plaisir ! Avant de partir, nous ne manquons pas de passer chez William, un ancien, qui ne cesse depuis des semaines de nous dire chaque jour :
« Si toi partir demain, toi venir auzourd'hui serçer encore bananes. » Il parle mieux le Marquisien que le Français. A chaque fois, il tient à ce que nous prenions un régime de banane.
C'est grâce à lui que notre bateau s'est transformé en bananeraie. Depuis que nous lui avons ramené une bouteille de vin et des cahiers, il ne manque pas de nous fournir en fruit. Nous nous sommes attachés à ce lieu, à ces gens et lever l'ancre nous serre un peu le cœur.De toute façon, l'orientation du vent ne nous laisse guère d'autre choix. Il faut partir…



Le 22/09
A 04h du matin des milliards d'étoiles viennent nous aider à ouvrir les yeux. Nous devons parcourir 60 miles pour rejoindre Ua Huka. Si nous voulons arriver de jour, mieux vaut partir tôt. De bons alizés gonflent notre grand voile et génois. Côté roulis, nous avons eu un bon entraînement au mouillage, aussi on ne fait plus cas de la houle ! Le vent faiblit, nous obligeant à mettre le moteur afin de conserver le bon timing. 



Les côtes de Ua Huka nous émerveillent : toute la bande proche du littorale est désertique, façon far- Ouest ou Canaries, avec des couleurs hallucinantes, en arrière plan les montagnes sont luxuriantes. A l'approche du mouillage du Sud-Est, nous découvrons deux îles, l'une d'elle est plate, des milliers d'oiseaux y ont élu domicile, c'est devenue une réserve. Ils tourbillonnent au dessus et leurs cris stridents retentissent jusqu'à nos oreilles. C'est là que les habitants de Ua Huka viennent régulièrement ramasser leurs œufs, qui paraît-il sont fameux. L'accès se fait d'une falaise équipée d'une corde.



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Nous jetons l'ancre au pied d'une montagne rousse flamboyante, proche d'une plage.





Le mouillage rock and roll par excellence, nous réserve durant la nuit encore une autre surprise : de fortes rafales descendent avec une extrême violence. Nous sommes cul à la plage à quelques dizaines de mètres où les vagues déferlent. Nous n'avons aucunes marges de sécurité si l'ancre venait à riper, aussi notre esprit reste en alerte et oublie quelque peu le sommeil.












Le soleil est levé, un nouveau problème se présente : le débarquement à terre. Marco étudie un bon moment le déferlement, les séries et le meilleur endroit pour atterrir avec notre annexe à rames sur la plage. Cela n'empêche pas une arrivée fracassante où Marco de se fait rouler par une vague, le sac à dos avec ! Nous découvrons un lieu insolite.





Parachutés brusquement dans une petite vallée verte encadrée d'un désert montagneux, au milieu de chevaux sauvages, chèvres, cochons, de dégradés de couleurs terre, nos yeux ont du mal à faire la mise au point. Sur notre route des citronniers et manguiers à profusion croulant sous le poids des fruits.








Nous croisons deux cavaliers. Un homme et un enfant qui se rendent à leur cabane au sommet d'une montagne pour donner à boire à leurs chèvres. Leurs chevaux sont chargés de bidons d'eau. Nous convenons de leur rendre visite dès demain.


Nous poursuivons notre chemin afin de rejoindre le village de l 'autre côté de la montagne. Au sommet du col, une vallée verdoyante apparaît en contre bas avec une rivière et des toits.

L'eau fraîche du ruisseau est un véritable délice après ces heures de cagnasse sur notre calebasse. Encore un beau village et de véritables humains! Nous en profitons pour aller jeter un œil au mouillage du coin, mais en voyant les vagues déferler sur le quai et les barques à moteurs danser le houla oup ou la samba, nous sommes rapidement dissuadés d'y venir en bateau.


Venir à Ua Huka pose toujours problème aux navigateurs car les jours calmes au mouillage n'existent que très rarement. D'un autre côté, c'est peut être ce qui préserve ce lieu de beauté.


Une sorte de force sauvage se dégage de cette île, peut être est ce dû à cette nature indomptée ? 
Nous tombons littéralement sous le charme de cette nature rebelle : où ni poules, chèvres, cochons, chevaux n'ont été vraiment domestiqués, où les oiseaux ont leur royaume...


Même les arbres fruitiers sont libres de pousser où bon leur semble en dehors de toute clôture. La mer est comme une barrière naturelle, assurant la protection de ce lieu.



Le 24/09
Nous allons rendre visite aux cavaliers rencontrés hier. Après avoir traversé la vallée, le chemin escarpé sillonne sur une montagne très raide. Au sommet, le décors nous laisse bouche bée : vue sur la baie où nous sommes mouillés, avec les montagnes rouges, l'oasis vert formé par la petite vallée, la mer bleuté, les îles au loin... WAOUUU ! Sublime...





Nous retrouvons plus haut, nos cavaliers à leur cabane au bout du monde. Seules les chèvres et un cousin qui reste en permanence sur ce lieu pour surveiller le troupeau leur tiennent compagnie. Un des problèmes pour le troupeau est le manque d'eau, l’autre les attaques les fourmis rouges. Elles ont envahi les terres et font des ravages : elles mangent les yeux des bébés chevreaux ! Les bêtes sont donc soignées et mises dans un enclot et traitées contre les insectes le soir. Les deux hommes portent des tatouages marquisiens remarquables.

 J'ose leur demander si je peux les prendre en photo. Les tatouages, ici, sont de véritables ornements, un art, mais aussi une histoire. Dans ce contexte, ils apparaissent comme une marque propre à leur culture. Ces tatouages leur confère une distinction ; des dessins symboliques sont choisis en fonction du caractère de la personne et de ce qu'elle a accomplie, de ce qu'elle est.


Certains Marquisiens sont très impressionnants, je ne sais si leurs tatouages y sont pour quelque chose, ou si c'est leur personne digne et fière. Ils ont gardé une apparence de guerrier qui peut parfois intimider. Cependant dès que l'on fait connaissance, leur gros coeur transpire. Les Marquisiens sont des chasseurs, tout autant que pêcheurs. La chasse se pratique parfois au fusil, mais bien souvent, n'ayant pas d'arme à feu, ils utilisent les chiens et un simple couteau. On peut facilement imaginer que pour attraper une chèvre ou un cochon sauvage, il faut savoir courir et avoir une bonne maîtrise du couteau …

Aujourd'hui nous partons marcher au grand cratère. Un cercle de montagnes tient en son cœur d'immenses champs parsemés de cailloux où se trouvent des hordes de chevaux sauvages et de taureaux. 


L'herbe sèche a pris une couleur jaune paille, ce qui donne un contraste saisissant avec les roches noires, les montagnes aux teintes brun rouges...



 Le décor est éblouissant, une fois de plus. C'est un plaisir de voir ces bêtes en liberté, courir la crinière au vent. Un peu moins lorsque les taureaux nerveux s'approchent de nous !



 
Le 26/09
Le vent ne va pas tarder à tourner au Sud-Est et la houle se renforcer, ce qui n'est pas bon pour nous. La houle est déjà conséquente, alors que c'est soit disant calme, cela laisse imaginer la suite. Les missions pour aller à terre et revenir au bateau en annexe sont à chaque fois périlleuses ! Malgré une observation attentive, il arrive qu'une vague  nous surprenne et s'occupe de notre cas, ainsi que celui de nos sacs à dos. Surfer avec cet engin gonflable n'est pas très approprié, pourtant nous le testons en avant, en arrière, rempli d'eau, à l'envers... Nous sommes chanceux d'avoir pu profiter quelques jours de cette île merveilleuse d' Ua Huka.


Nous mettons cap au lever du jour sur Ua Pou. A peine avons nous fini de hisser les voiles, qu'un énorme Thazard vient mordre à notre ligne de traîne. 
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Il fait un peu plus d'un mètre, les repas sont assurés pour plusieurs jours. L'alizé est doux et pour une fois ça ne secoue pas trop ! Une navigation comme on les aime, si rare... En fin d’après midi les pitons d'Ua Pou apparaissent en crevant les nuages. Nous regagnons le mouillage du Nord-Ouest à leurs pieds.