mardi 14 juin 2016


Tel un collier de perles, un atoll est formé d'un chapelet d'îlots (appelé motus), sa forme peut être ronde ou ovale : c'est l'anneau corallien. Généralement il n'y a qu'une seule entrée (ou passe) pour pénétrer dans le lagon intérieur. Sur la cinquantaine ou centaine de motus, bien souvent seul un est habité, les gens se regroupent au village. L'avantage de venir en ces lieux en bateau, c'est que nous avons la possibilité d'aller mouiller aux abords des motus de notre choix. 




Ils sont vierges, les seuls occupants sont les cocotiers, quelques arbres à fleurs, une végétation épineuse, des crabes, des Bernard-l’hermites et malheureusement des moustiques et nonos qui sévissent dès la tombée du jour. Ces îlots sont cerclés de plage de sable côté lagon et de corail côté mer. 


Sur ces îles, se dégage une atmosphère des plus particulières. Il n'y a pas de vibration propre à la terre puisqu'ils en sont dépourvus, mais une énergie marine. Ce que foulent nos pieds ne sont autre que les fonds sous marin émergeant au fil des siècles. Leur histoire est issue de la mer, il n'y a nulle empreinte de l'homme. La nature demeure originelle, elle n'a pas été modifiée, ni souillée, ce qui en fait un endroit privilégié. Une légèreté se distille et la beauté à l'état pur se dévoile.
Afficher l'image d'origine


La teinte bleutée est reine, elle se révèle dans tous ses dégradés, ses nuances, ciel et mer rivalisent en intensité. Nos yeux peu habitués à ces couleurs extrêmes, se gorgent de ce spectacle qui varie suivant la luminosité. Nous avons choisi un large motu pourvu d'une cocoteraie touffue, afin d'être mieux protégé du Maramou qui doit arriver. Le mouillage nécessite de s'y reprendre à plusieurs fois, Marco plonge repositionner l'ancre. 
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhY6JQ4b8oZT5y4ZS7P5m1OLgmk_vDcPdJdVbriI7M9kxvDVZK8W9uM507UX_2dZt7nhX-c55q38Thbqipg1_71cPdv3oe7rucohKZGrcW5w6QV-uKENZA5PYZLTrhyphenhyphenuvuCs0UJ0PKtiozF/s1600/P1190636.JPG



Une armée de requins l'accompagnent. Ne voyant guère d'humain dans le coin, ils ignorent la dangerosité de notre espèce, aussi viennent ils roder tout près. Il existe même un gros requins gris qui semble le chef. Généralement, les requins gris vivent à l'extérieur du lagon. Pour le moment le vent est perturbé, il tourne sans cesse, il cherche son axe, et nous ne doutons pas que lorsqu'il l'aura trouvé, il va s'en donner à cœur joie. Comme à l'accoutumé, nous partons en exploration des motus proches, armés de nos sandales en plastiques car les coraux sont très coupants sur le reef côté mer. Le motu le plus proche s'avère être une véritable jungle, la cocoteraie est dense. D'énormes crabes rentrent se cacher en entendant le craquement de nos pas sur les feuilles de palmes. De magnifiques oiseaux à la blancheur immaculée volent en stationnaire à quelques mètres au dessus de nos têtes. Ils sont comme un emblème de pureté. 


 Chaque motu est séparé par un cours d'eau (hoa), qu'il est parfois possible de franchir à pied ou à la nage selon la profondeur. Parfois, il y a un fort courant.  Murènes, requins et autres poissons aiment remonter ces cours d'eau. C'est un lieu extra pour les observer car l'eau est tellement transparente que l'on pourrait croire qu'il n'y en a pas. Nous pouvons ainsi passer d'un motu à l'autre, en faire le tour.



Le frigo se vide et il est temps de penser à pêcher. Après prise d'info auprès des locaux au village, on nous a dit que côté Est, on pouvait manger certains poissons en l’absence de ciguatera. Marco sort donc son fusil et entouré de ses copains les requins qui ne le lâchent plus, il va chasser. La pêche est plus corsée avec ce genre de compagnons et il faut être rapide. Dès que la proie est embrochée, il faut remonter rapidement à la surface et mettre  flèche et poisson hors de l'eau, nager ainsi jusqu'au bateau... Une belle carangue fera notre repas, et les entrailles celui des requins. Par précaution, je me porte volontaire pour tester la carangue ce soir au repas, si je ne suis pas malade, Marco aura droit à sa part demain ! Mieux vaut que l'un de nous reste en état...  Nous découvrons des comportements de bestioles tout à fait surprenants ! Les oiseaux volent au ras de nos têtes, en marchant nous passons même à quelques centimètres d' un bel oiseau des mers posé sur une branche, il nous observe intrigué sans aucun mouvement de peur, sans bouger.





Est ce le fait de ne jamais voir d'humain ?  A chaque fois, que nous accostons le motu, un petit poisson : sergent major vient nous voir. Le premier jour en rinçant un tupperware des grains de riz avaient fait son bonheur. A présent, il vient manger dans ma main ! A chaque plongée, les requins pointes noires nous accompagnent, il y a également un requin gris, celui-ci est encore moins farouche que les autres. Au fil du temps, il semble même s'agaillardir, il vient de plus en plus près de nous, à quelques centimètres! Marco n'apprécie cependant pas sa témérité lorsqu'il va chasser, car il l'a sur ses basques en permanence. Aujourd'hui, il se rend sur un reef plus au large son nouveau toutou le suit. Il est tellement chiant que Marco repart vers le bord, il trouve enfin une belle carangue qu'il tire. En quelques secondes, tout le monde rapplique, y compris le gris très excité. Marco grimpe sur un reef, mettant ainsi le poisson hors de portée des prédateurs. De l'eau jusqu'à la taille il me siffle pour que je vienne le chercher en annexe. Le temps que j'arrive, le gris lui fonce dessus lui donnant à maintes reprises, des coups de museau dans les jambes. Mon chasseur le repousse avec la crosse de son fusil, tentant de le tenir à distance. A peine suis je arrivée que Marco saute dans l'annexe et échappe de peu à un nouvel assaut. Le requin vient taper rageusement dans le moteur. De retour au bateau, après avoir vidé la Carangue, il décide de faire une blague à son copain. Il attache la tête du poisson à un bout et la met dans l'eau. Quelques secondes plus tard, le gris vient mordre. Marco tire la corde et notre ami se retrouve suspendu bêtement dans les airs. Evidemment, ses dents acérées coupent la corde. J'ai le temps cependant de faire une photo. Marco a eu une petite revanche à sa frayeur...


Résultat de recherche d'images pour "requin gris" 

Quoiqu'il en soit cet incident nous met en garde, cet avertissement a été entendu, on décide, dorénavant, de s'abstenir de chasser dans le coin ! Nous sommes certainement sur son territoire et son comportement ne laisse pas d'autres alternatives : on changera de motu ! Ici si on ne pêche pas, on ne peut guère  rester car il n'y a que ça à manger ! Côté alimentaire le choix est réduit. Le poisson constitue la seule source protéinée et de fraîcheur. On a bien du riz, des pâtes, de quoi se faire du pain, et des noix de coco... mais c'est tout ! J'ai définitivement banni les saletés de boites de conserves ! Avec la traversée et ce nouveau régime, nos corps se sont allégés de quelques kilos. Ici on ne s'encombre pas de superflue! Les grains et la pluie s'enchaînent, sous une chape obscure nous levons l'ancre. Les couleurs des reefs sont finalement bien visibles malgré le peu de luminosité. Nous longeons les motus en se dirigeant plus au Nord, l'un d'entre eux nous attire par sa forme et sa plage. Nous nous ancrons aux abords. Ce petit bijou est encadré de fines langues de sable rose, de bosquets de fleurs parfumées dont les effluves se distillent jusqu'à notre bateau... Sur le motu nous sommes gagnés par une sensation d'apesanteur : l'air est léger, doux, une nuée d'oiseaux et de papillons volètent, la cocoteraie est très aérée... des petits bouts de plages rosées sont nichés entre roches brunes et cocotiers. On se croirait aux pays des fées !