mardi 30 août 2016

Du 21/08 au 29/08/2016 MOOREA- HUAHINE

Moorea l'île voisine n'est qu'à quelques heures de navigation. Les
pics, pitons et hautes montagnes verdoyantes donnent un relief
particulier à cette île. Nous pénétrons dans la baie d'Opunohu
encadrée de ces pointes effilées et majestueuses : un des plus beaux
mouillages de la société, qui n'est pas sans rappeler les Marquises,
côté paysages !
 Nous jetons l'ancre au pied des montagnes, avant que nous nous
rendions compte que nous sommes dans une zone protégée et donc
interdite. Nous retournons donc près de la passe où se trouvent
d'autres voiliers.
 Côté mouillage, c'est plutôt confortable : petit lagon, protection du
reef d'un côté et des montagnes de l'autre... Ca peut bastonner de
tous les côtés on est abrité. D'ailleurs très vite nous le vérifions,
dans la nuit de fortes rafales du Nord- Est commencent à débouler, se
sentant en sécurité nous nous abandonnons au sommeil sans trop
d'inquiétude. ( On commence à prendre l'habitude des rafales!). Le
lendemain, quelle n'est pas notre surprise de constater que nous avons
le cul à quelques mètres des rochers ! Décidément il n'y a pas moyen
de relâcher notre vigilance...Quelques bateaux ont eux aussi dérapés,
ceux dont l'équipage était éveillé ont pu manoeuvrés, un autre est
allé s'échouer sur les berges ! Nous, on a eu du bol, une fois de plus!
Le vent tournicote, forcit, c'est pas bon signe, on ne va pas tarder à
se prendre un coup de Trafalgar du Sud, on commence à connaître la
musique !
C'est bien le cas, le vent passe Nord, klaxonne, passe Sud, re- klaxonne : avec des claques à 35 nœuds ! Des trombes d'eau s'abattent! Un bateau dérape, heureusement il fait jour et peut agir rapidement. Y a de l'ambiance ! A chaque changement de direction Marco plonge vérifier l'ancre. Durant 2 jours on est coincé sur le bateau. Puis en attendant que la mélodie se calme, nous partons marcher dans les montagnes. Voilà des mois que nous n'avons pas respiré l'odeur de la terre, de la forêt et l'air frais des hauteurs. La luxuriance nous pénètre et la vue des sommets nous subjugue... Ceux ci sont souvent entichés de robes nuageuses ou de fibres vaporeuses. Ne laissant deviner qu'une parcelle de leur forme, se couvrant un peu plus ou se mettant soudainement à nu. 
 
 

Chaque jour nous choisissons de nouveaux itinéraires tantôt nous
sillonnons  dans la vallée des ananas, ou dans les denses forêts,
tantôt nous grimpons aux pieds des pitons...
La météo restant perturbée, nous patientons d'une douce façon par des
bains de nature.Chaque lieu nous offre une spécificité : si parfois certains se
prêtent davantage pour la plongée, d'autres sont parfaits pour faire
de belles randos... Parfois c'est plutôt le côté relationnel avec les
locaux qui priment...
Il faut juste rester ouvert à toutes les opportunités qui se
présentent sans faire de planning préétablit à l'avance ! C'est
d'ailleurs tout l'intérêt du voyage : se laisser surprendre et adapter
nos activités en conséquent. Et parfois, il faut juste  savoir se
satisfaire de ne rien faire ou accepter les longues heures de
surveillance à bord lorsque les vents sont furieux ...
Ce qui importe c'est de savoir garder une fraîcheur d'esprit, un
regard neuf sur chaque situation et chaque lieu et pour cela les
aprioris, les idées préconçues et les références antérieures doivent
être dissous. C'est ainsi que nous découvrons à nouveaux les îles de la société,
alors que l'année précédente (dans un autre contexte) nous n'avions
pas été très emballés ! Comme quoi, on peut passer à côté de beaucoup
de choses si nous ne savons pas garder l'oeil et l'esprit ouverts... 
 
 
Nous rejoignons Huahine, dernière étape en Polynésie Française. Nous
allons y faire notre sortie côté papier, nos derniers achats et en
profiter pour saluer Jean Luc et Matilde ( des amis qui vivent là!).
Nous nous tenons informés de l'évolution météorologique car le départ
pour les Tonga se profile. Aux vues des conditions, il se peut que
nous fassions la route Nord. Elle offre l'avantage de pouvoir  faire
une escale au milieu de notre route : aux îles Cook du Nord à Suwarrow
( un atoll préservé). Cette route vers l'Ouest nous contraint
cependant, à traverser la SPCZ (  zones de convergences) qui stagne
dans cette partie du Pacifique. Il est donc important de bien étudier
les bulletins météo afin de la contourner au maximum !
A ce propos, aux dernières nouvelles cette SPCZ  pourrait bien se
pointer sur Suwarrow vers le 6-7 Sept ce qui ne fait guère notre
affaire ! Alors on cogite peut être va t on s'orienter vers
Palmerston,  île Cook du Sud ( pas de lagon mais bouée à l'extérieure
qui nous permettrait de faire escale au moins une nuit ou 2 ?)
On a encore une journée pour y réfléchir...
 
 
 1300 milles soit 2600km de traversée nous attend, c'est un gros
morceau ! Il y a toujours un peu d'appréhension avant départ, nous
savons que toute traversée réserve son lot de surprises...
C'est donc partit pour une quinzaine de jours de navigation...
Bonne fin d'été à vous et à très bientôt pour les nouvelles !



samedi 20 août 2016

Du 12/08 au 20/08/2016  TIKEHAU_- TAHITI




Nous laissons derrière nous ces atolls et cette splendeur des Tuamotu. Nous serons restés au cumul plus de 6 mois et demi dans cet archipel. Si l'on veut profiter ce tous ces différents atolls et se mettre au rythme local, il fallait bien ce temps. En prenant la passe de sortie de Tikehau, nous savons que nous n'y reviendrons pas, aussi c'est avec un petit pincement au cœur que nous partons.








La pleine lune a décidé de célébrer notre départ en baignant de sa clarté ces beaux rivages qui s'éloignent peu à peu.






Les dix premières heures de navigation au près sont un peu agitées. Puis peu à peu comme prévu les vents faiblissent le lendemain. La nuit suivante est douce et lumineuse. Nous arrivons à Papeete au lever du jour. Marco met le moteur afin de se préparer à rentrer dans la passe, très vite le moteur se met à fumer et une odeur de cramé envahi le cockpit. Tête dans le moteur Marco doit rapidement agir. La courroie d'alternateur est en train de fondre ! Alors il faut changer tout ça !
Nous ne sommes pas seuls à vouloir franchir la passe, de gros cargos attendent leur tour pour rentrer, nous faisons de même à la queue leu-leu. Les autorités portuaires nous invite à se caler derrière un engin de 120 mètres de long, (c'est là où l'on prend réellement conscience de notre taille minuscule ! )



Nous arrivons au cœur de la ville de Papeete à la marina toute neuve. Quel changement d'un coup ! Nous prenons place au quai en regardant la file de bagnole dans les embouteillages matinaux. Le bruit nous fait peur, on ne s'entend même plus parler. Ce décors pour le moins atypique offre l'avantage de pouvoir trouver tout ce que l'on veut, et de pouvoir charger les provisions et matériaux facilement sans avoir recours à notre annexe toujours crevée !
A peine arrivé, nous nous activons : papier à la marina, aller au ship chercher notre nouvelle chaine d'ancre, courses diverses.... On court toute la journée, on ne chaume pas car demain c'est le WKD et la plupart des magasins seront fermés. Après être allé nous restaurer aux roulottes, nous rentrons titubant de sommeil et tombons raide.
Le lendemain c'est repartit à fond la caisse : notre pote gréeur passe pour quelques travaux sur le gréement, puis le marathon de l'achat, de l'avitaillement reprend : la carte bancaire fume!
On passe du marché de Papeete aux couleurs légumes, fruits... au super marché gigantesque...


Samedi soir la mission est quasi accomplie, notre efficacité s'avère redoutable ! Il faut dire que stagner dans les villes c'est pas notre truc, même si sous certains aspect Papeete peut être plaisant. C'est encore une ville aux constructions humaines, (pas de building). Les petits commerces trouvent encore leur place au milieu des grandes enseignes. Les paréos pendus aux coins des rues donnent des notes colorées.


Demain, nous partons à Moorea, trouver un abri aux forts vents qui se pointent. La météo ne s'annonce pas favorable la semaine qui vient pour penser entreprendre notre traversée , il nous faudra patienter, encore....

vendredi 19 août 2016

Du 21/07 au 01/08/2016 D'APATAKI à RANGIROA


Les motus ici sont très longs, c'est un régal que de pouvoir marcher des heures côté lagon sur les immenses plages de corail blanc ou longer le platier côté océan à la recherche de coquillages.
La paix habite ces lieux... Personne.


Seuls les poissons sont intrigués de notre présence et viennent sur le bord nous voir, nous sourire, parfois même nous toucher, la présence humaine est loin de les effrayer.

De belles carangues bleues, des perroquets arc en ciel, des mérous, des murènes, des requins nous approchent dans quelques centimètres d'eau.


L'eau est si transparente que l'on a parfois l'impression qu'il flottent dans les airs.


Les journées coulent en un filet de temps joyeux, oubliant quel jour nous sommes.


Après quelques jours de vent musclé, ce dernier semble s'essouffler un peu, avant qu'il ne reprenne son expiration, nous en profitons pour mettre les voiles en direction de Rangiroa à 75 milles de là. Un vent léger nous accompagne au vent arrière, nous obligeant à mettre le tangon. Tidoudou à cette allure se dandine copieusement avec son ventre rond. Nous longeons l'atoll Arotua de nuit, puis de Rangiroa pour rejoindre la passe au Nord au lever du jour.



Nous ne pouvions arriver mieux ! Au moment parfait de l'étale, nous pénétrons à l'intérieur du lagon tout en douceur (en principe, celle-ci est redoutable côté courant). Déjà, quelques bateaux déchargent un flot de touristes dans les eaux de la passe. Cela faisait un bon moment que nous n'avions pas vu autant de monde : 12 voiliers au mouillage, des bateaux moteurs de toutes parts, des vacanciers, des plongeurs... Quelle agitation après ces derniers mois sans voir personne !
Cependant, cela nous fait plaisir de retrouver une certaine forme de vie humaine et des alimentations. Cela peut paraître bête, mais quel plaisir de pouvoir s'acheter du chocolat, de la bière, des biscuits, même des yaourts..., (cette fois, pas de légumes, ni de fruits , hélas! !)
Du coup, ces arrêts aux villages prennent des airs de fête en allant découvrir ce que l'on peut y trouver ! Si en France nous restons impassible devant toute cette abondance et ce trop plein dont regorgent nos supermarchés, ici les choses prennent une toute autre valeur ( surtout en venant d'autres atolls plus isolés).


Rangiroa est l'un des atolls le plus connu et fréquenté des Tuamotu ( avec Fakarava). Rangiroa est le deuxième plus grand lagon au monde : 75km de long sur 26km de large. Il est réputé pour sa plongée sous marine et notamment la passe de Tiputa ( par laquelle nous sommes entrés). De ce fait, il y a beaucoup de plongeurs et de vacanciers ! Des infrastructures hôtelières et de plongées se sont crées autour des 2 villages. Cependant, les 240 motus laissent de quoi trouver des endroits restant sauvages.
En attendant d'aller en découvrir certains, nous profitons de ce qu'il nous est donné de faire : courses et plongées dans l'aquarium naturel près de la passe.
C'est effectivement extraordinaire côté plongée : des poissons de toutes les couleurs viennent former un rideau devant nos yeux. Nous avons amené le reste de notre pain, nous sommes assaillis de toute part, certains nous prenant pour un quignon viennent nous mordre !

La diversité et la quantité d'espèces nous laissent pantois. Une tortue vient nous saluer, une requine au ventre gonflé, tourne autour de nous avec nonchalance, un énorme requin gris de plus de 2 mètres nous fascine, une murène géante danse, des napoléons, barracudas et autres gros et petits poissons nous ravissent...










De retour au bateau, une nuée d'oiseaux des mers viennent se percher sur nos filières. Le ciel et la mer nous offrent leur plus beau sourire...
Quel régal !







Cependant il est l'heure de lever l'ancre car du vent de Sud Est est prévu. Nous faisons cap sur les motus du Sud, là où l'on peut observer sur les plages des concrétions volcaniques particulières.

Encore un lieu étonnant avec ces roches acérées ( de véritables lames de rasoir) sortant du sable. Se balader au milieu de ces sculptures naturelles semblent un peu sur réaliste.



Dans la cocoteraie en chemin, nous rencontrons un gars qui fait du copra, il nous appelle, trop content de pouvoir parler à quelqu'un. Ces gaillards faisant le copra sont de véritables titans au travail !


 Celui-ci travaille seul et s'est aménagé un vieux vélo pour ramener ses sacs de copra jusqu'au lieu où il va les faire sécher. Pour cela il doit traverser un Hoa, à marée basse tout va bien , mais cela se complique lorsque la marée est haute. Nous restons un moment avec lui, il discute tout en étalant soigneusement la chaire des noix de coco sur une bâche, afin de les faire sécher. Tous les soirs il les couvre, afin de les protéger d'une éventuelle pluie. Sa bouille joviale et avenante, son éloquence, nous font passer un bon moment. Nous le retrouvons le lendemain avec le même plaisir.
Certains de ces gars ( comme lui) vivent en permanence sur des motus retirés sans que la solitude ne leur pèse de trop, il ont une vie très spartiate avec un confort réduit à un strict minimum : un matelas couvert par un toit en tôle, plus ou moins ouvert au 4 vents, (même pas de moustiquaire) parfois tout juste une cuisinière ! Les tables, bancs, lit sont faits avec les matériaux existant sur le lieu. S'ils se débrouillent pour faire venir du village quelques produits de base qui se conservent, ils vivent quasi en autonomie, pêchant, chassant les crabes et langoustes... Ils travaillent dur : du matin au soir, souvent dans des lieux infestés de moustiques ou de nonos... Mai ils ne se plaignent jamais, au contraire, ils nous disent avoir la tranquillité et la liberté de travailler comme il veulent et quand ils veulent. Ils aiment leur vie, et cela se voit par leur joie d'être.



Ce soir, Marco décide d'aller chasser la langouste, je le laisse aller seul car le platier ne m'inspire pas, trop de failles et de roches. Il revient au bout d'une heure avec le dos lacéré, il s'est fait renverser par une série de vagues, s'est fait une belle frayeur, mais il a 4 belles langoustes dans son seau !
Nous en tuons 2 et les mettons au frigo. Les 2 autres nous les mettons dans notre vivier de fortune, un filet en plastique que nous accrochons à l'arrière du bateau. Le lendemain on constate qu'une a réussie à s'échapper par un trou ! Nous nous régalons tout de même avec les 3 autres...


Le lagon est trop grand pour que nous puissions trouver refuge dès que le vent change de secteur ! Du coup, le vent a tourné et s'est intensifié et nous voilà depuis 2 jours ballotés façon rock&roll dans notre coque de noix. Nous ne pouvons même pas envisager d'aller à terre. Marco a à nouveau une bonne otite ( qu'est ce qu'il refuse une fois de plus d'entendre?), en tout cas le copieux tangage n'arrange en rien son état !
Les nuits sont agitées et les 2 coussins bloqués de part et d'autre du corps ne suffisent à maintenir une station stable. Les viscères se baladent à droite à gauche, le cerveau balotte dans la boite crânienne, le corps malgré lui se contacte à chaque mouvement... Sans parler du bruit infernal du vent et de l'eau, des drisses et autres petites choses mal calées... Nous attendons que le vent faiblisse patiemment. Nous ne tardons pas à nous barrer de là, à la première occasion, pour rejoindre le mouillage du village, plus abrité.
Aux abords de la passe, nous avons droit à un spectacle effrayant : actuellement une grosse houle passe par dessus la barrière de corail et remplit le lagon, celui-ci se vide donc par les passes, générant un courant d'une intensité que nous n'avions encore jamais vu. Un mascaret dans la passe d'une hauteur impressionnante déferle et à l'extérieur des vagues sauvages, féroces déchiquettent l'eau, la mettant en ébullition. Nous ne nous risquerons pas à sortir aujourd'hui, ni personne d'ailleurs...


L'impermanence est toujours en action avec alternance de calme et d'agitation... Peut être est ce elle qui nous incite, ainsi, à trouver davantage de constance à l'intérieur de nous ! A trouver l'axe d'appui nous permettant de conserver notre équilibre malgré ce qui se passe à l'extérieur.

La longueur et l'exposition de cet atoll de Rangiroa, ne nous conviennent guère, aussi nous pensons retourner à Tikehau dès que les conditions nous le permettront, cela ne saurait tarder...



jeudi 11 août 2016

Du 02/08/2016 au 11/08/2016


Une trouée de deux jours sans vent se dessine, c'est le moment pour lever l'ancre ! Cette fois nous optons pour l'autre passe afin de sortir du lagon. Un courant rentrant de 3 nœuds nous fait face, en rasant les bords on arrive à gagner du terrain tout doucement et nous voilà sortit. Durant quelques heures, nous arrivons à garder nos voiles à peu près gonflées, mais le vent meurt doucement comme prévu.




Nous mettons rarement le moteur, mais là, cela s'impose. Un coucher de soleil grandiose s'étale sur l'horizon, nous avons même droit à un intense rayon vert lorsqu'il disparaît.


La nuit nous enveloppe d'une couverture étoilée qui inspire soudainement Marco.
Nous n'avons que 38 milles à parcourir pour rejoindre Tikehau ce qui va nous faire arriver en pleine nuit. Pour pénétrer de jour dans le lagon il nous faudra attendre 12h l'étale, cela ne nous emballe guère de se mettre à la cape durant tout ce temps. Mais une idée vient de germer dans le crâne de mon capitaine, il m'en fait part.
-  « On connait la passe, elle est matérialisée avec un alignement lumineux, nous avons google Earth pour nous aider, il y a une étale à 01h30, aussi pourquoi ne tenterions nous pas une entrée de la passe de nuit ? »
«  Vingt dieu ! Merci les étoiles d'une telle inspiration ! » Je commence à réfléchir et je sens mon estomac se contracter à cette idée ! Une passe n'est déjà pas facile de jour avec du visuel à l'appuis, mais en plus c'est la lune noire. Malgré la confiance que j'ai dans les calculs de Marco concernant l'heure de l'étale, on est jamais à l'abri de se planter d'une heure !( cela nous est déjà arrivé)
Toutefois, j'attends d'être rendue sur place pour donner mon verdict.
A 01h00, on est devant la bouche d'entrée, (comme on ne voit rien on suppose l'être d'après notre ordinateur  et les vagues contours d'ombre des motus!) Hélas, les feux d'alignement ne marchent pas comme c'est le cas un peu partout au Tuamotu...
Marco est chaud, moi glacée ! Ma cervelle a eu le temps de ressasser toutes nos différentes expériences dans les passes pour être quelque peu refroidie.
Cependant, emportée par l'élan du capitaine qui ne semble pas vouloir renoncer à ce projet, je ferme ma gueule. ( Quand il a une idée en tête, mieux vaut se lever de bonne heure pour le faire changer d'avis et là on est pas encore couché!)
Je sors donc l'ordinateur dans le cockpit pour une partie de jeux vidéo réel. La passe est photographiée du haut et notre GPS permet d'avoir un petit bateau rouge qui s'affiche.
Le but est de maintenir le point rouge au milieu de la passe en bougeant la barre selon là où il se trouve, c'est facile ! Cependant, on ne sait pas encore quel sera le courant ce qui peut avoir une influence capitale sur la réactivité...
Marco lui, s'est armé de l'arme de guerre : une frontale super puissante qui nous permet d'avoir une visibilité de 3 mètres à l'avant.
C'est partit... le cœur battant, la concentration à son maximum.
Les yeux rivés sur mon écran, la partie de jeux vidéo commence, j'oeuvre à la barre. Marco vient m'encourager, vérifier, regarde de tous les côtés, descend à l'intérieur contrôler notre trace sur l'ordinateur et notre vitesse. Il semble que nous n'ayons qu'un nœud de courant de face ( parfait), il n'y a pas de vent ( re parfait).
-  « Punaise ! je pars un peu trop sur le côté, le bleu turquoise se rapproche », vite , je redresse.
« Là, maintient ce cap, ouai ! Allez on va y arriver ! »
D'après le jeux, on devrait être dans le lagon. Mais la partie est loin d'être gagnée, il nous faut, à présent, aller mouiller pas loin de là, reste à traverser un champ de patates de corail.
Moteur au ralenti, je contourne les tâches noires de l'écran et Marco éclaire devant pour contrôler la manœuvre.
Au bout d'un moment, on estime que là, on va pouvoir jeter l'ancre, c'est ce que nous faisons.
Les jeux vidéo c'est vraiment pas mon truc surtout lorsque la vie de notre bateau en dépend, aussi, je suis soulagée d'avoir terminé la partie sans dommages ! Je ne veux plus jouer !


Lorsque l'on éteint le moteur, une vague de contentement envahit le cockpit.
« On a réussi ! On va se boire une bonne bière pour fêter ça ! »
Il est presque 02h00 du matin, mais notre état d'excitation est à son summum.
Il n'y a pas un souffle d'air, pas une onde, un silence total, une odeur de fleurs flotte dans l'air...
Notre Hinano fraîche bue sous les étoiles dans ce calme, paraît encore meilleure...




Le lendemain, le ciel et la mer se sont unis, fondus l'un dans l'autre ; il n'y a plus d'horizon si ce n'est que quelques motus suspendus dans les airs. Pas une ride sur l'eau, pas le moindre souffle de vent, mais un soleil encore plus vigoureux ! Malgré la chaleur torride, nous apprécions la tranquilité de cette journée sans air et surtout sans aucun mouvement dans le bateau. On est parfaitement à plat, ce qui nous arrive qu’exceptionnellement !

Aujourd'hui pas besoin de masque pour voir les poissons et les requins, eux aussi flottent dans l'espace !

Comme nous ne sommes pas loin de la passe, on en profite pour aller plonger au courant rentrant.





La clarté de l'eau nous permet de voir par plus de 30
mètres de fond. Des bancs de thons, de gros barracudas, de carangues, requins divers....

Notre annexe crevée nous ramène par obligation au bateau. Nous avons beau y mettre des rustines, ça fuit... Une nouvelle opération s'avère nécessaire, mais celle-ci n'arrange toujours pas l'histoire ! ( Faudra tôt ou tard en acheter une neuve ! c'est déjà beau que nous l'ayons encore après toutes ces années !)












Tikehau est certainement l'un des atolls que nous préférons. Pour clore notre périple aux Tuamotu, il s'imposait de repasser ici, généralement nous ne sommes pas adeptes des retours sur les mêmes lieux, mais il se trouve que l'atoll est sur notre chemin. Les îlots de sables roses, la douceur et l'ambiance particulière nous pénètrent à nouveau. Il y a encore des motus à découvrir...




Le vent du Sud Est nous chasse du mouillage de la passe, nous allons mouiller aux motus des sables roses de l'autre côté du lagon. Des bandeaux rosés s'étirent ondulant entre les cocoteraies et le lagon. Un sable où se décline des teintes surprenantes : du saumon, au rose-orangé, rose clair, rehaussé par des strates blanches.







Sur un des motus nous tombons sur un lieu aménagé pour les lunes de miel. Une baraque de bois et de palmes est posée aux milieu des cocotiers.






Il y a une douche en bambou et plus loin au bord du hoa : un coin bar et un grand lit rond en bois à même le sable, une structure au dessus permet d'y mettre une moustiquaire.



 L'endroit est charmant pour y fêter ses noces !



Pas très loin de là, sur un motu vit Tuffa et sa femme qui font pousser des pastèques et des melons, (nous les avions rencontrés l'année dernière, Marco avait fait une session chasse mémorable avec lui).

Nous allons leur rendre visite, seul Tuffa est là dans son jardin, il nous fait un accueil chaleureux. Les fruits ne sont pas encore mûrs. Sa précédente récolte lui a permis d'acheter une barque à moteur et de rentrer dans les frais investis, ce titan du travail se voit récompensé par ses efforts. Faire pousser sur ces terres coralliennes relèvent d'un sacré défi !
Dans un mois, Tuffa se marie, pour cet événement plus de 700 personnes sont attendues, certaines viennent de l'île de Pâques, d'autres d'îles voisines, certains convives viendront avec leur bateau moteur. Une fête de 3 jours qui ne va pas manquer de festivités... Les congélateurs de la mairie ont été réquisitionnés et des bœufs, agneaux, porcs, poissons, langoustes et j'en passe, patientent déjà dans la glace. L'abri à cyclone lui aussi va être réquisitionné pour y faire dormir tout ce monde !


Depuis notre visite l'année dernière seul un autre couple de navigateurs Australiens sont passés les voir sur leur motu. Il semble d'ailleurs qu' il n'y ait pas d'autres voiliers dans l'atoll en ce moment !



Marco se remettant doucement de son otite évite de chasser, d'autant plus qu'une nouvelle à l'autre oreille se déclare ( la totale!). Mais du bateau à la ligne, il nous ramène des becs de canne et autres poissons. Le seul jour calme côté houle et vent, il part à la langouste. L'endroit idéal pour les attraper à la main se situe au bord du reef donnant directement sur l'océan. Ce qui veut dire que si une série de vagues surgit, tu te fait balayer. Ayant vu les marques que ça laisse sur le dos à Marco, je m'abstiens de l'accompagner ! Il revient à peine au bout d'une heure avec 6 grosses langoustes ! C'est maintenant que nous allons quitter les Tuamotu qu'enfin nous savons comment les attraper !



Le vent se déchaîne encore ! Cette année nous sommes servis ! Le Maramou est en grande forme !
Cette nuit : vent constant entre 25 et 30 nœuds, autant dire que depuis quelques jours on ne dort guère ! Même si nous sommes à l'abri de la houle grâce au motu, le vent lui, pousse fortement le bateau, la chaîne se tend avec des à coups, des grains viennent renforcer l'intensité du joyeux tableau.
Quand les conditions sont ainsi, on veille nuit et jour, on doit rester à bord au cas où... Il faut avouer que c'est fatiguant ce bruit, ce stress à chaque grosse rafale, et les journées sont parfois longuettes à patienter dans le bateau, malgré les petites occupations bricolage qui ne manquent jamais !!!
Voilà les revers de ce si joli décors !



Nous sommes au village, pour une fois à quai. Nous tentons une connexion internet, mais cela ne marche pas. Un gars de la mairie nous dit :
-  « L'antenne est flinguée depuis quelques semaines, hier un gars est venu spécialement de Tahiti, il est monté en haut de l'antenne et s'est aperçu qu'il n'avait pas les bons outils, du coup, il est repartit en avion et on attend qu'il revienne, mais on ne sait pas quand ! »
Situations cocasses des îles !!!



Nous attendons à présent qu’Éole se calme, dès que ce sera le cas, on mettra les voiles sur Tahiti. Nous avons à changer des ridoirs au gréement, et faire quelques achats. Il est temps aussi de se rapprocher de notre but : celui d'aller aux Tongas. C'est une grande traversée qui nous attend de Tahiti :1300 milles soit 2500 km ! Plusieurs routes sont possibles, nous en choisirons une en fonction de la météo au moment du départ.