lundi 25 novembre 2013


LA COLOMBIE


Du15 au 18 /11



Après une semaine d'attente à Bonaire, les vents se calment enfin et nous pouvons envisager de reprendre notre route.

Au lever du jour, la pluie nous invite à patienter. Après quelques hésitations en ce vendredi, nous décidons de partir malgré les nuages.
(Il existe de nombreuses superstitions dans le domaine marin et en principe on ne prend pas la mer un vendredi !!!)
Cependant nous voulons nous rapprocher et faire escale à Curaçao, afin de bénéficier de la bonne fenêtre météo pour le passage du cap de la Vela en Colombie.
Aussitôt les voiles dehors, les grains nous accompagnent mêler d'une mer dégueulasse. Il pleut sans discontinuité jusqu'à Curaçao.
Nous ne pourrons pas rejoindre le mouillage au nord initialement prévu car la nuit risque fort de nous surprendre.
Nous optons donc pour un plus proche. Nous nous enfonçons dans une baie étroite débouchant sur une sorte de lac. Nous comptons sur la lune pour nous éclairer le lendemain pour en ressortir.


Le 16/11
A 4h du matin nous levons l'ancre sous le regard de l'astre lumineux qui nous permet de distinguer les berges.
La mer est clémente aujourd'hui, certaines étoiles se décrochent au dessus de nos têtes.
Les voiles sont établies en ciseaux avec le génois et la trinquette tangonnés et nous filons telle une comète.
Avec 15-20 nœuds seulement de vent aidé d'un bon courant nous établissons des pointes à 8,5 nœuds !
( si certains navigateurs peuvent sourire gentillement, il n'en reste pas moins que pour notre Tidoudou c'est une performance, vaillant Tidoudou !!..)


En fin d'après midi à hauteur d'Aruba une bonite vient ouvrir le bal des pêcheurs, suivie d'une autre.
Quelques instants plus tard, quelle n'est pas notre surprise de sortir une Coryphène de 50 cm.
Nous voilà dans l'ambiance de la transatlantique où l'on s'active à bord.
Nous avons à peine le temps de ranger, nettoyer qu'en voilà une autre...
Celle là semble bien excitée, elle se débat et dans le cockpit c'est la frénésie. Dans ses bonds prodigieux elle se décroche et glisse par le hublot resté ouvert. Elle atterrie dans le lit de Marco.


Tellement surprise de se retrouver dans un lit douillet qu'elle ne bouge plus et semble attendre langoureusement une main salvatrice. La fin de l'histoire est moins marrante car elle passera à la casserole. Nous avons fait notre stock de poissons et pouvons enlever les lignes.


La lune est de retour bien ronde elle nous accompagne. En début de nuit le vent forcit sans prévenir, nous enlevons la trinquette qui commence à prendre le vent à contre dans les embardées.
Mais le vent forcit encore et la mer très vite devient agitée. Les imprévus météorologiques !!!
Nous apercevons au loin le phare de l'île Monjes dont les seuls occupants sont les gardes côtes. Avec de telles conditions nous ne pouvons envisager de poursuivre car les vents au niveau du cap de la Vela s'intensifient souvent du double !
Nous avons lu sur un guide qu'il est possible de s'amarrer à un câble tendu dans une des baies de Monjes. Aussi, Marco essaye de joindre les gardes côtes pour plus d'informations. Pas de réponses malgré plusieurs appels.
Et soudain le phare de l'île que nous apercevions s'éteint pour ne plus jamais se rallumer.
«  C'est un truc de fou... incroyable !!! » Le phare est-il tombé en panne ou les gardes l'ont-ils éteint ?
Le mystère restera entier...
Sans repère il est dangereux de vouloir s'y arrêter aussi, nous n'avons guère de choix.
On continue, en priant que les vent faiblissent avant que nous n'arrivions à la hauteur des côtes Colombiennes.
Nuit mouvementée sans sommeil ! Je titube de fatigue, mon cerveau fonctionne au ralenti ce qui créer un décalage avec les manœuvres à répétition à effectuer.
« T'as la cervelle qui voyage dans le brin !! » me dit Marco en reprenant une expression de son grand père.
La mer et le temps peuvent changer tellement vite ! On passe d'une navigation tranquille à une qui l'est beaucoup moins en très peu de temps !! Vin dieu, des fois c'est pas facile, voire même violent !!!


Le 17/11
Mais heureusement le vent se calme un peu au lever du jour et les côtes sont à vues. Changement de décors et de couleur d'eau : du bleu au vert intense.
Nous sommes au petit Cap Horn , (comme on l'appelle). La pointe extreme Nord de l'Amérique du Sud.
Comme tout cap, le vent s'intensifie surtout si le relief est haut. Autres effets à rajouter celui des profondeurs de l'eau. Ici on passe de la hauteur Abyssale à quelques dizaines de mètres. Ce qui crée très vite une mer démontée. Mieux vaut naviguer proche de la terre.
La période préconisée pour passer cet endroit est : Novembre ou Mai lorsque les alizés faiblissent. Ce n'est donc pas un hasard si nous sommes là en cette période ! Le capitaine a bien étudié sa route et la météo du départ.
Nous avons donc des conditions exceptionnelles. La météo annonçait 5 à 10 nd de vent aujourd'hui et plus rien demain, nous en avons 20- 25, normal !
En guise d'accueil une centaine de dauphins nous escortent tout autour du bateau ! Quelle fête !
Nous mouillons juste derrière le cap dans une grande baie protégée de la houle mais pas du vent. Pas d'autre bateau.

Éole règne en maitre sur ces lieux. Les roches et la terre ont subit son souffle ravageur, aucune végétation ; la vie doit s'agripper pour subsister. Les traces de sa puissance sont partout présentes dévoilant une étrange beauté. La mer ressemble à une marmite prête à bouillonner, ce qui est le cas plus de 11 mois par an. Certains bateaux l'ont expérimenté en passant cul par dessus tête ( sensis) .
Un village semble pourtant défier ce dieu au souffle féroce par de simples cabanes.
Nous irons rencontrer ces âmes téméraires demain, lorsque nous aurons récupérer notre sommeil.


18-19/11

Au lever du jour pas une ride ne vient troubler l'eau, un calme s'étend sur ce décor matinal. Le thermique sommeille encore.
Des pêcheurs viennent nous voir timidement.


Nous regagnons les rives en annexe pour aller à la rencontre de ce nouvel univers.
Ces espaces désertiques appartiennent à des indiens les Wayuu ; des cahutes sont réparties le long de la baie.
Nous empruntons un chemin en terre pour regagner une crique au nord. C'est le far west : buissons épineux, cactus , terre desséchée, soleil piquant... Le tout reste cependant harmonieux et surprenant.




Le niveau de vie est très bas ici, aussi jouer au père noël est un véritable plaisir ( à bon escient) : leurres ; cordes, teeshirts, bijoux nous gratifient de sourires émerveillés. De petites choses qui pour eux ont une valeur inestimable. (Alors merci à Rodolphe, Ivanne et Danielle pour vos petits trésors.)






Certains tentent de développer un éco tourisme, mais les structures de bois rudimentaires prévues à cet effet semblent aussi désertes que cette terre. Les gens sont curieux mais discrets, leur gentillesse se lit sur leur visage buriné. Ils ne sont pas encore gangrénés par le tourisme.














Une barque de pêche traditionnelle taillée dans un tronc d'arbre! Une oeuvre d'art!!!












Le 20/11
Nous levons l'ancre pour rejoindre les 5 baies un peu plus à l'Ouest, une navigation de 120 milles soit 24h.
Un vent doux nous accompagne, grand voile et génois ne sont pas sitôt hissées que ça mord à la traine.
Nous la relevons et là...
Exclamations, interrogations ????
Nous découvrons une moitié de grosse bonite le corps sectionné en deux.

La pauvre elle s'est prise dans la ligne à côté et le câble l'a tranché net. Ca fait peine à voir car elle encore vivante !!!
Un peu plus tard, nous sortons un petit thon, entier celui là!
La mer des Caraïbes dans ces parages est bien vivante, nous voyons des poissons volants, des sauts d'espadons tout proche et les dauphins sont là. Certains dauphins Colombiens ont une taille énorme de 2,5 m !!!
La navigation est agréable pas de houle c'est tellement rare ! La sensation de glisse est grisante.
La lune paresse et retarde sa levée aussi c'est le noir complet.
Les joies de la nuit reprennent : vent tournant, forcissant, faiblissant, nous obligeant à des manœuvres de voiles et de tangon. Autant dire que malgré les quarts nous ne dormirons encore pas cette nuit !


LE TANGON : c'est la chose que je déteste le plus sur le bateau même si cela a sa nécessite.
(D'ailleurs, je me rappelle que la première chose que j'ai faite lorsque nous avons acheté le bateau c'est de nous débarrasser de cet engin en le donnant à notre voisin.)
Son utilité nous a contraint à en racheter un aux Canaries. Effectivement par vent arrière celui-ci nous aide bien à maintenir le génois gonflé et évite le claquement lorsqu'il y a de la houle.
Cependant sa manipulation est délicate, il pèse lourd, il faut le porter sans avoir d'appui et souvent avec une bonne houle qui engendre des déséquilibres. Pour ma part je reste à la barre et gère à distance balancine et hale bas en essayant de me synchroniser sur les manœuvres du capitaine.
Ce soir j'assiste à plusieurs reprises à la danse endiablé de Marco et Tangon. Le vent tournant il nous faut le changer d'amure plus souvent que nous le souhaiterions, la houle s'est levée.
Le pont est encombré par l'annexe et glissant à cause de l'humidité nocturne. La danse se transforme en combat et mon pauvre Marco en voit de toutes les couleurs (malgré la nuit épaisse). Il valdingue, glisse, se cogne , tombe, gueule et gueule encore....
Une des particularité du tangon c'est de nous mettre dans tout nos états, j'aime pas le tangon!!!


le 21/11
Le lever du jour vient nous consoler de cette mauvaise nuit. Le vent semble s'établir à nouveau et une vision surréaliste nous est offerte.
Dans les limbes matinales apparaît une haute chaîne de montagnes de près de 6000 mètres altitude. Les premiers rayons de soleil laissent apparaître les neiges éternelles rosées sur les sommets. Très vite, hélas, cette apparition s'estompe dans la brume. C'est plutôt étonnant d'être à poil et de voir la neige ; tout comme ça l'est, d'être sur l'eau et de voir de si hauts reliefs juste à côtés...
Deux coryphènes viennent à nouveau mordre, l'une d'elle regagnera son milieu in extrémis !!
Nos repas pour les prochains jours sont assurés. Heureusement que nous avons la pêche pour nous approvisionner !!
Nous décidons d'aller mouiller dans la première baie ( la plus belle) mais qui est privée.





On verra bien si on se fait dégager !
Quel contraste avec le cap de la Vela ! Ici c'est la luxuriance, les hautes montagnes encerclent ce petit écrin. Nous sommes dans un parc national. De petits bandeaux de sable bordent les rivages et derrière cocotiers et arbres à profusion. Quel décors extraordinaire !
Nos yeux trop fatigués pour le contempler pleinement vont se fermer.





Le 22-23/11
Nous regagnons à la nage le bord et allons vadrouiller dans ce lieu exquis où il n'y a personne malgré l' habitation du richouille qui a acheté ce lieu de tranquillité. (Cela ressemble à l'idée que je me fait des Marquises.)
Nous levons l'ancre pour aller à celle plus loin. Ici quelques pêcheurs habitent. Nous sommes encore le seul bateau comme à l’accoutumée.

Les nuits sont loin d'être paisibles même au mouillage. Les vents catabatiques descendent des montagnes avec violence. Des rafales à 40 nœuds viennent ébranler notre sommeil. L'annexe s'est retournée avec l'asseau de l'une d'elles, heureusement sans le moteur. Nous avons juste perdu nos rames.
A terre c'est la jungle impénétrable, cependant un chemin nous permet d'aller marcher jusqu'à la baie voisine. Nous nous armons de chaussures fermées et de bâtons afin de nous prémunir contre d'éventuels scorpions ou serpents. Il fait très chaud mais l'effort en vaut la peine car la vue de la baie est vraiment chouette.


A voir autant de paysages et d'endroits différents, on pourrait supposer que notre curiosité et enthousiasme s'émoussent. Ce n'est pas le cas au contraire, j'ai l'impression que notre perception et sens de l'observation s'affinent. Toutes ces différences mettent en lumière les richesses de chaque lieu. Le fait de ne pas savoir ce qui nous attend nous amène un regard sans à priori.
Plus que le paysage c'est une atmosphère, un ressenti qui colorent nos perceptions. Si certaines terres peuvent sembler austères, ou désertiques, il n'y a point de laideur. Celle-ci apparaît seulement
dans les lieux où l'homme l'a soumise à son pouvoir.


Le 24 /11
Au cœur de la nuit et des rafales, nous levons l'ancre. Il nous faut passer la rivière de Baranquilla à 45 milles de là, de jour. Celle-ci transporte une eau boueuse, troncs d'arbres et autres objets flottants pouvant s'avérer dangereux. Aussi mieux vaut que la visibilité soit bonne et que le vent ne soit pas trop fort. C'est pourquoi nous partons à 04h du mat. Un quart de lune nous aide à distinguer les berges rocheuses, cependant sa lumière n'est pas assez intense pour voir le filet de pêche sur lequel nous allons !
Au dernier moment aidé de sa frontale, Marco crie. J'ai juste le temps de mettre le moteur au point mort et de dévier ma route.
« Ouf ! On a eu chaud ! »
C'est pas finit !!!
le vent à la sortie de la baie et de 30-35 noeuds ! Le petit bout de génois nous propulse à une allure.... La nuit, avec du sommeil dans les yeux on a l'impression d'avancer encore plus vite .
Nous longeons un cap aussi le vent reste soutenu un moment.




Puis il s'essouffle peu à peu, nous avons beau sortir nos plus jolies voilures : Grand voile, génois, puis spi ; le vent boude. Nous mettons donc le moteur et une vigie à l'avant pour veiller à ce qui flotte. A 10 milles de la rivière déjà des bouts de plastiques, polystyrènes traînent ça et là et de petites mouches qui piquent se radinent. La civilisation n'est pas loin !!!

Une bande marron apparaît avec une séparation radicale des eaux. Le passage en est presque effrayant. Nous approchons du cap et de la rivière qui fait 10 km de large. Le vent reprend de la vigueur, nous ressortons le génois. Une forte houle se forme.
Nous voilà avec 25 nœuds de vent et des creux raides et serrés de 3 à 4 mètres qui nous arrivent par l'arrière.
Il nous faut gérer les trucs flottants, les vagues qui parfois nous font partir au surf et au lof et les cargos qui sortent de l’embouchure.

Durant plusieurs heures pas de relâche!!!





Nous arrivons enfin après 13 heures de navigation intense dans une nouvelle petite marina.
Contents d'être arrivés à bon port et soulagés. Nous passons la soirée avec un couple de Franco-Allemand et un espagnol. Ils nous donnent des tuyaux pour la paperasse et autres...









Le 25/11
Les réjouissances des formalités d'entrée nous attendent et pleins de trucs à faire....
L'armée vient faire une inspection du bateau avec photo, nous attendons la visite de l'immigration a qui l'on doit payer le taxi pour qu'ils viennent!! et ce n'est pas finit!! Très compliqué les papiers!!!

vendredi 8 novembre 2013


 DE GRENADE A BONAIRE du 21/10 au 07/11




Le 21/10
Jour de la mise à l'eau, tout est prêt, Tidoudou a fière allure avec sa robe noire toute neuve.
Le choix de la couleur de l'antifoulling sur la coque à son importance, même si cette partie est immergée. Ne serait ce que pour éviter les problèmes avec les baleines qui ne supportent apparemment pas la couleur blanche ou rouge ! Les sociétés qui commercialisent ces produits ont d'ailleurs retiré certaines couleurs du marché à cause des attaques de baleines.


Nous sommes les premiers sur la liste du travel lift , mais il nous faudra attendre quelques heures avant que les ouvriers se mettent à l'oeuvre en trainant un peu la savate.
Voilà enfin le bateau suspendu dans les airs et le suspense à savoir s'il n'y aura pas de fuites aux passes coques changés. Un violent orage retarde quelque peu l'instant fatidique et tout le monde court se mettre à l'abris. Tidoudou se voit baptisé copieusement extérieurement et intérieurement par les hublots restés ouverts.
Petit checkup dans les cales une fois dans le bain, tout semble ok, si ce n'est un oubli de joint au wc nous voilà rassuré...
On met les voiles sur Prickly bay où Christian a pris de l'avance ce matin et nous y attend ainsi que Thierry et Chantal .
On se retrouve tous, le soir au bistro du coin a émettre des sonorités rappelant nos parcours et nos routes futures.
De retour au bateau on s’aperçoit que la clef du cadenas de l'entrée est restée à l'intérieur, nous voilà enfermés dehors ! Christian vient avec sa scie à métaux couper le cadenas.
Toujours là quand il faut cet homme là !!!


Le 22/10
On doit faire l'avitaillement mais le moteur de l'annexe n'est pas décidé à nous accompagner.
On le laisse bouder, nous nous occuperons de son cas un peu plus tard avec l'aide de Thierry. En attendant Christian nous emmène sur le rivage. Sympas les potes et bien serviables!! ( Ca ça fait partie des aspects agréables, les navigateurs se rendent facilement service.)
De retour des courses, Marco consulte la météo et m'annonce que le créneau est pour demain car après une série d'ondes tropicales se ramènent.
C'est donc le speed car il nous faut faire les papiers de sorties, Réparer le moteur de l'annexe, monter le régulateur d'allure qui est encore dans la cabine, un tas de bricoles à finir, à caler, à ranger...
Apéro obligatoire pour fêter notre départ et repas avec Chrichri et Marie Pierre.
L'avitaillement affectif a été fait entre les potes, la famille, nous sommes remplis de chacun. Vous êtes nos réserves de douceurs et la pensée suffit parfois à vous rejoindre.


La journée était juste assez longue pour boucler le tout, mais ça y est demain c'est un grand départ...
Une fois partit dans ce sens il n'y a pas de retour possible car le vent et le courant sont contraires.


Le 23/10
L'aube se lève, des couleurs pastels saluent cette journée. La mer accouche d'une boule ensoleillée.
Christian s'est levé rien que pour nous voir partir, on se fait des signes d'adieu et levons l'ancre !! On se reverra, mais quand ??? Il fait partie de ces rencontres qui sont comme des petites lumières sur notre route.
Le bateau caréné vole sur l'eau, vent et courant l'aidant. Quel plaisir de glisser à nouveau sur les eaux. Nous avons mis le génois, au vent arrière par 20 noeuds cela suffit.



De gros poissons volants nous offrent des vols spectaculaires, l'un d'eux se prend pour un oiseaux.
Deux heures pus tard le pêcheur excité sort, non sans mal, sa première prise. Un belle Carangue à gros yeux de 6/ 8 kilos. Nous voilà vite au parfum des traversées et salivons déjà devant les mets de ces grands espaces.
La pêche va pouvoir enfin reprendre car cette zone et hors ciguatera.
Elle est cependant interdite à Blanquilla , Aves et Roques, mais au large pas de problème.
Ces îles du Venezuela constituent notre route, la première est Blanquilla à 170 miles, première escale.
En attendant nous savourons cette navigation parfaite : Vent entre 15 et 25 nœud au portant.
Nous avons tangonné le génois et Tidoudou se dandine tranquillement au rythme de la houlette.
La vie du large reprend avec les dauphins, qui viennent nous chercher à l'arrière, pour que nous venions les voir jouer dans l'étrave. Que c'est beau !
La nuit tombe à 17h 40, nous ferons route tous feux éteints par prudence afin de ne pas attirer de mauvaises rencontres.
Le Venezuela est actuellement mal famé, les pirates n'hésitent pas à remonter au large pour trouver des trésors flottants. En principe ils ne remontent pas jusque là où nous sommes mais quelques précautions s'imposent.
L'immensité se fait davantage sentir lorsque le noir absolu tombe. Au premier quart pas un morceau de lune seule la voûte étoilée donne un semblant de lumière. La nuit est tiède, douce, la navigation paisible néanmoins je sursaute soudainement en entendant des souffles à côté de moi.
Mon regard aveugle scrute le noir avec attention et je vois des sortes de fusées blanches fluo faire un balais autour du bateau. Le plancton illumine le déplacement des dauphins. Ce soir ils sont silencieux et calmes (pas de sauts hors de l'eau) engourdis peut être par la nuit, ils ne veulent pas déranger les étoiles.


Le 24/10
Au lever du jour ils sont de retour plus actifs et joyeux, certains sautent et nous montrent leur ventre rose. Quel mystère les attire ainsi près de l'homme ? Ils sont fascinants et tellement plein de joie que c'est un bonheur à chaque fois de les voir, ils sont attendrissants.
Nous avons parcouru 135 mile en 24h.
Le bateau maintient un rythme régulier de 6,5 nd.
Bientôt en fin de matinée nous apercevons des petits îlots : Los Hermanos.
Blanquilla n'apparait qu'au dernier moment à quelques miles car elle est toute plate.



Nous contournons ce bout de terre sauvage habitées seulement par les oiseaux, quelques campements de pêcheurs Vénézuéliens, et des gardes côtes. A l'Est il paraît que quelques personnes vivent à l'année.
Nous trouvons une toute petite crique bien abritée et déserte à l'ouest, bordée de sable blanc. Une piscine !!







C'est là que l'intérêt du voyage en bateau prend toute sa dimension. Avoir accès à de tel lieu et tout à fait incroyable. Ici pas d 'aéroport, pas de routes, pas de villages, pas de magasins... la nature à l'état pur sans la souillure de l'homme. Il existe encore quelques rares endroits comme ça dans le monde et nous avons le privilège de contempler cela.
L'eau est cristalline, sitôt arrivés nous plongeons sur les reefs à côté pour nous délasser. Nous retrouvons les poissons colorés, tortues, murènes, barracudas et les jolis fonds. Petit tour à pied pour visiter les lieux.
 En arrière de la plage un lac de sel aux couleurs roses, violines entouré d'une végétations rases et piquantes. Principalement des cactus, notre marche se ponctue de ouille aï aï ouille ! Leurs aiguilles pénètrent nos petons.






Mais le décors est tellement extraordinaire, que nous poursuivons jusqu'à la tombée de la nuit notre exploration sur des semblants de sentiers tracés par les ânes.
Oiseaux, pélicans, lézards sont les seuls habitants que nous rencontrons. La nature brut !!!
Des plantes grasses nous intriguent car leur odeur est celle d'un parfum délicat. Les côtes sont bordées de roches volcaniques et de plages blanches : c'est somptueux !!!











du 25/10 au 28/10
Une barque de pêcheurs nous aborde pour troquer du poisson.
Moyennant un paquet de cigarette et un peu de rhum, ils nous donnent une belle langouste et deux balistes.
Nous alternons ainsi nos journées entre plongées et marches découvertes, il n'y a qu'à ouvrir les yeux et se délecter...

















Le vent a repris de la vigueur. Une onde tropicale passe et la suivante est pour mercredi.
Une trouée météo de 24h nous incite à reprendre notre route pour los Roques.



Le 28/10
On se livre à un petit calcul sur l'estimation de notre arrivée aux Roques. Il nous faut arriver avec le soleil haut afin de pouvoir entrer dans la passe avec la bonne lumière et voir les hauts fonds.
Nous avons 120 miles à parcourir.
Une belle après midi de navigation (malgré les 2,50 m de houle), saluée par un magnifique arc en ciel.
En fin d'après midi un oiseau tourne autour du bateau avec une idée derrière la tête. Il élit domicile sur une filière et n'en bouge plus malgré le chahut à bord durant la nuit. On enlève le tangon car le vent a forcit et il nous faut lofer davantage sous peine de se retrouver dans une zone interdite de la Orchila.( île privée du président du Venezuela)
On s'active donc !!!
Marco déséquilibré avec la houle et le tangon de la mort tombe à la renverse dans la filière sans que notre compagnon de route n'en soit dérangé. On s'agite à 50cm de notre zozio, mais il semble profondément endormi, indifférent à notre raffut.
Cette nuit les lumières que je perçois m'effrayent, les histoires des pirates me foutent les chocottes.
Aux jumelles je scrute chaques lumières suspectes sur l'horizon. Ca fait rire Marco mais un peu moins lorsque je le réveille pour qu'il vienne voir une étoile qui m'inquiète !!!
La nuit quand tout est couvert d'encre, que l'on est seul au monde dans le cockpit (même si l'autre dort dans la cabine), que le bateau est secoué par la houle et le vent, l'imagination est fertile et prend ses aises au point d'en devenir ridicule, je vous l'accorde.
Malgré tout certaines lumières aperçues restent un mystère : on les voit puis elles disparaissent sans que l'on puisse reconnaître les feux ou les voir sur l'AIS.
Nous nous adonnons à quelques manipulations de tangon : mettre- enlever-remettre... Histoire de parfaire la liste de mots grossiers que l'on connait.


Le 29/10
Notre passager ailé nous quitte au lever du jour pour regagner l'île la plus proche, nous laissant des chiures sur le pont en guise de remerciement.
Nous arrivons le soleil au zénith pile poil comme il faut. Nos yeux engourdis par le sommeil arrivent en peu de temps à engloutir toutes les couleurs qui jaillissent à l'entrée du lagon.
La passe est étroite, les roches à fleur d'eau parsemées tout au long d'un espèce de chenal entre deux barrières de corail. C'est l'explosion de bleu et de dégradé qui nous sert d'indicatif sur la hauteur d'eau. Marco à la proue me guide à l'oeil.
Nous jetons l'ancre entre les deux barrières de corail derrière un îlot. Quel endroit incroyable !!
Nous sommes encore seuls, c'est parfait.
Nos yeux ensommeillés ne nous laisse même pas le temps de contempler le décors. A notre réveil on constate que l'onde tropicale rapplique avec une succession de grains ! Nous avons vraiment eu le bon timing !! On va vite voir les fonds avant que le soleil ne se couche et là encore c'est l'explosion de poissons cette fois ! On se trouve dans un aquarium avec très peu d'eau.


Le 30-31/10
Nous partons pour rejoindre une des nombreuses îles de los Roques : Carnero, pour cela une navigation extraordinaire nous attend : 20 kilomètres à parcourir dans le lagon en longeant à quelques mètres un haut fond qui ravit nos pupilles. L'eau est lisse et c'est un tapis aux teintes bleutés qui s'étale devant nous, avec ça et là : des îlots. C'est certainement un avant goût du Pacifique côté couleurs...
En tout cas c'est magique !!! L'éclat du soleil haut illumine ce décors.
Encore un mouillage piscine avec de quoi explorer tant sur terre que dans l'eau.


Le 1er Novembre
Le temps est tout gris au réveil, durant la nuit il a beaucoup plu. Nous ne pouvons sortir de notre piscine sans que la lumière soit.
Nous voyons le bateau des gardes côtes arriver vers nous ! Jusqu'à présent nous sommes passés entre les mailles de ce filet de contrôle. Nous n'avons pas fait notre entrée car pour cela il faut se rendre au Venezuela, donc un risque de se faire déguerpir. Néanmoins ils peuvent fermer les yeux sur cette clearance en payant une taxe de droit de navigation dans le parc, plus un bon pourboire.
Nous nous préparons donc à sortir les biftons. Quelle n'est pas notre surprise de les voir passer à côté de nous sans s'arrêter ? On s'attend à ce qu'ils reviennent après leur tour, mais ils nous ont oublié. Nous venons d'économiser 150 dollars !
Nous ne sommes pas encore partis de los Roques alors on calme notre joie !!!


Le 2/11
Nous changeons de mouillage et nous rendons sur une autre île celle de Cayo de agua. Nous faisons le tour à pieds de cette île très différente de la dernière :

  • Au Nord : dunes de sable, longues plages de sable blanc, quelques palmiers .
  • A l'ouest : un petit coin de paradis à l'eau turquoise où des touristes amenés par bateau pour la journée, se dorent la pilule en buvant des bières dans des chaises longues( complètement insolite!)
  • Au sud la mangrove, un lac intérieur de sel avec des flamants roses, Une multitude d'oiseaux nous survolent en piaillant.


Le 3/11
Au lever du soleil nous mettons les voiles en direction des Aves de Barlovento vent arrière.
A mi parcourt une barre noire menaçante nous fait face et semble se diriger sur nous.
Après quelques interrogations sur ce phénomène improbable ( vue que le vent est de secteur Est et ce qui nous arrive dessus de l'Ouest), nous décidons d'enlever le tangon, de rouler le génois et mettre le moteur. Nous avons à peine le temps de finir nos manœuvres quant tout à coup le vent fait 180° et forcit. Nous nous retrouvons avec 25 nœuds en pleine face et les houles contraires. Le bateau fait quasi du sur place et se fait secouer dans tous les sens. Il nous reste encore 10 milles avant d'arriver.
Petite hésitation, nous étudions une autre possibilité de mouillage protégé du vent d'ouest, sachant que nous ne pouvons sillonner au milieu des hauts fonds sans visibilité, d'autant plus que la pluie se met de la partie !!
Faire marche arrière est un peu tard, alors on continue. Le vent faiblit, le bateau gagne un peu du terrain en faisant chauffer le moteur.
L'île de Aves est à vue et Marco s'écrit tout à coup en regardant à l'arrière : - « Une baleine !!! »
J'ai beau scruter l'horizon je ne vois rien et pense qu'il a dû se faire un peu trop secouer les méninges par la houle !
Je me concentre à nouveau sur la route quant à quelques mètres devant un rorqual fait son apparition accompagné d'un feu d'artifice aquatique ! C'est magique !!!
Ce qui est moins magique c'est que nous devons mouiller dans une zone où il y a plein de hauts fonds et patates de corail. Il pleut et les couleurs ne sont pas très distinctes. Marco se remet à son poste de vigie pour un guidage délicat. Nous slalomons et arrivons enfin en pleine mangrove dans une baie super protégée où des milliers d'oiseaux nichent dans les arbres.
Aves en Espagnol signifie oiseaux, on comprend pourquoi !



Le 04/11
L'annexe nous permet de se rendre au cœur de cette mangrove, nous pouvons ainsi approcher ce royaume de plus près et observer ces oiseaux des mers de toutes espèces. Notre visite ne semble pas les importuner. Nous faisons un tour de l'île et de celle d'à côté, aujourd'hui pas un souffle ne vient troubler l'eau transparente.
Un catamaran vient mouiller pas loin de nous, nous faisons ainsi la connaissance d'un couple d'Australiens. Un expert en chasse sous marine qui emmène Marco avec lui sur les reefs du bout de l'île. Mon pêcheur préféré ramène : une grosse langouste, et deux gros poissons et Ian un seul poisson !! Bon ! il faut dire que la technique de l'australien est plus archaïque ; il chasse avec une grande flèche pourvue d'un élastique qu'il tient à la main sous tension.
Nous passons deux soirées en leur compagnie, ils nous livrent les beaux mouillages et coins à voir autour de l'Australie où ils ont passé 13 ans à naviguer. Quelques conseils en prime pour éviter les ennuis avec les crocodiles et autres dangers auxquels on peut être soumis en naviguant à l'intérieur de la barrière de corail.


Le 06/11

C'est sous spi que nous rejoignons los Aves de Sotavento en quatre heures. Nous découvrons un grand lagon et encore des îles plates avec de magnifiques plages de sable blanc. Nous optons pour mouiller aux abords de l'une d'elle, n'ayant que l’embarras du choix. Evidemment comme dans tous les autres mouillages nous sommes seuls. Depuis 15 jours nous n'avons parlé qu'aux pêcheurs à Blanquilla et aux Australiens, davantage aux poissons et aux oiseaux ! Ces îles sont évidemment désertes, et c'est un régal.


Marco part chasser à la tombée du jour car à présent cela est autorisé : une énorme langouste et un gros poissons appelé «  le poisson de la belle mère » car apparemment il n'est pas très fameux (aux dires de l'australien).


Le 07/11
Nous regagnons Bonaire et la civilisation. Un peu déroutant de se retrouver immerger dans cette vague humaine qui donne quelque peu le tournis à moins que ce soit le fait d'avoir les pieds à terre.


Petite escale à Bonaire donc, où les alizés vigoureux nous maintiennent à la bouée quelques jours.
L'île est plate, la végétation sèche car balayée par les vents, néanmoins les maisons et l’accueil sont colorés. C'est aussi un lieu privilégier pour la plongée, aussi nous ne manquons pas de nous immerger dans cet aquarium naturel qui pullule de poissons et de coraux. L'eau est d'une transparence...


Si les dauphins sont les enfants de la mer toujours plein d’allégresse et de joie, regarder une tortue nager c'est comme voir un bébé dormir cela calme instantanément. De plus leur danse gracieuse a quelque chose d'aérien.
Les Vivaneaux quand à eux se déplacent en famille bien serrer les uns contre les autres.
Les Sergent major se tiennent au garde à vous prêts à bondir pour s'emparer de bouts de pain que nous tenons dans nos mains.
Les nombreuses murènes, malgré l'aspect rampant du serpent (qui peut donner la chaire de poule ) sont de toute beauté dans leur gestuelle, leur yeux sont des bijoux : un saphir serti d'un anneau d'or.
Les perroquets rivalisent de couleurs arc en ciel et certains s'affublent même d'un rouge à lèvre noir.
Les poissons anges sont curieux et viennent nous observer de prêt, se laissant ainsi admirer.
Les poissons pierres plus difficiles à voir, adoptent un camouflage selon le milieu ; une telle adaptation est tout à fait remarquable.
Les chirurgiens opèrent en banc.
Les poissons trompettes se tiennent bien droit en suspension comme s'ils attendaient qu'on leur souffle dedans. Les papillons volettent avec rapidité et agilité.
Certaines Carangues semblent chercher compagnie et nagent à nos côtés.
Les barracudas peuvent avoir différents comportements selon s'ils ont à protéger leur progéniture ou non. Parfois ils ne nous lâchent pas les basques et nous suivent à quelques mètres comme des chiens, ou ils nous invitent à décamper. Vue leurs sales gueules et parfois leurs tailles on a pas trop envie de s'y frotter.
Quelques petites méduses nous offrent des baisers piquants.
Les comportements de ces habitants aquatiques ne nous lassent pas, il règne une telle harmonie, une telle paix dans ce milieu...
Les coraux forment de véritables jardins, la couleur de l'eau est si intense que nos rétines vont finir par se décolorer ! Vue la température de l'eau 27° on peut rester quelques heures à nager sans avoir froid !