Côtes PANAMEENNES
Du 12 au 15/11
Venir sur les côtes Panaméennes sans faire un tour dans la
jungle serait incomplet.
Nous entendons parler que non loin de là,
un Français Basque vit en pleine forêt tropicale et a construit des
cabanas pouvant accueillir les amoureux de nature sauvage.
Nous partons donc rejoindre ce lieux hors sentiers battus.Après
avoir pris le bus et emprunté une sorte de taxi, celui-ci nous
dépose devant une rivière.
Il faut la traverser pour regagner l'autre rive et rejoindre un
sentier dans la forêt.
Miguel est descendu avec son cheval et ses chiens nous rejoindre
et par la même occasion récupère une bouteille de gaz. Il va
cueillir un régime de bananes sauvages le long de la rivière et la
petite expédition se met en route. Une marche de quelques kilomètres
et nous arrivons sur les hauteurs au milieu des forêts à perte de
vue. Le site est magnifique et les trois cabanas charmantes. Une
cahutte sert de cuisine et lieu pour manger.
Petite cabanas dans la quelle nous dormons
Miguel nous propose de nous emmener à la rivière se baigner.
Avant d'entamer notre marche je lui demande ce à quoi il faut faire
attention. Il me répond :
« Quand tu es en ville avant de traverser la rue tu regardes
à droite à gauche et ben ici c'est pareil sauf qu'il faut que tu
regardes où tu mets les pieds. »
« La nature n'est pas hostile, personne ne te sautera dessus
pour t'attaquer ( ce n'est pas comme à Colomb) il faut apprendre à
regarder à observer. »
Il me rassure encore en me disant :
Il y a beaucoup de serpents, mais si tu ne leur marches pas dessus
il ne te feront aucun mal. Il ne vont pas dépenser leur venin pour
toi , ils préfèrent le garder pour leurs proies !! Et la
plupart du temps ils sont dans les arbres et tu auras du mal à les
voir.
A la rivière où vous allez, vous pouvez vous baigner en toute
sécurité car les quelques crocodiles qu'il y a sont inoffensifs, en
plus ils sont petits ils ont ta taille !!
Quant aux mygales, elles sont gentilles.
La seule précaution à prendre avec les scorpions c'est de
toujours retourner et taper tes chaussures avant de les mettre !!
Avec ces explications me voilà tout à fait rassuré. Miguel nous
fourre un bâton dans les main, lui prend sa machette et nous voilà
partit à la rivière.
« Bon !! vous avez vu le chemin pour rentrer alors je
vous laisse, prenez votre temps ! Je vais préparer le repas ! »
Et il nous laisse là au milieu de cette jungle.
On en profite pour aller jusqu'à un village Kuna qui a été
abandonné, mais dont la structure est encore en bon état. Et puis
après avoir zieuter si aucun crocodiles n'est dans les parages, on
se jette dans l'eau fraîche.
Miguel nous emmène l’après midi à une petite cascade, en
traversant une jungle dense. C'est de toute beauté. Il y a des
quantité d'oiseaux : perroquets, toucans, quetzals...
Là encore après quelques explications pour le retour et il nous
quitte.
Il nous a dit qu'en descendant le long du ruisseau on arrivera à
la rivière de ce matin et après on connait le chemin, c'est tout
simple...
Nous voilà plongé au milieu du film Indiana Jones, sauf que les
héros ne font pas les malins...
Nous arriverons malgré tout entier à la tombée de la nuit
quelques heures plus tard.
Miguel est un personnage hors du commun. Ses vingt années de vie
en pleine forêt ont forgé un gaillard solide, robuste, droit, sans
compter la force basque qui coule dans ses veines.
De plus son charisme naturel mêlé à une jovialité et
spontanéité en font un type magnétique.
Son éloquence captivante dévoile une connaissance à bien des
égards sans que jamais la vantardise ne prenne le dessus, au
contraire.
Il est instructeur en survie dans la jungle. Il emmène parfois,
durant plusieurs jours des groupes tel que les pompiers de paris, des
équipes de gendarmes, militaires, ou simple personne désirant
apprendre à se démerder seul dans ce milieu.
A la tombée de la nuit la nature se remplie de bruits étonnants,
il identifie ces sons et nous emmène voir qui est à l'origine de
cette source sonore. Il connait chaque arbre, chaque plante et sait
lesquels d'entres eux peuvent être utilisés pour se nourrir, se
soigner, se chauffer ou boire...
Le lendemain il nous emmène marcher dans des terrains accidentés,
et nous montre : l'endroit ou un jaguar a emporté son chien
sous ses yeux, des fourmis géantes dont les piqures sont très
douloureuses, des scorpions, de grosses araignées, des fruits avec
lesquels il fait des bijoux...
Nous sommes captivés par ses récits et explications, avec un
gars comme ça, il semble que rien ne peut nous arriver....
Quel bonheur que de rencontrer des personnes d'une telle
richesse, et simplicité. Un être authentique vivant en harmonie
avec son milieu et le respect de celui-ci. Une rencontre mémorable !
Hormis la nature et les montagnes du Panama, on ne peut pas dire
que ce pays nous ait emballé.
Les villages sont des amas de poubelles ( pas de déchèteries ou
usines incinérations), l'accueil peut se résumer à être de bonne
vache à lait et sortir les dollars si nous voulons avoir un minimum
d'intérêt. C'est un pays gangréné par la drogue et les
narcotiques ( en relation avec le gouvernement Américain) n'hésitent
pas à flinguer ceux qui travaillent à leur compte. Ils ont même
mis les Kunas de la partie. La délinquance est importante, Colomb
détient d'ailleurs le record mondial de meurtres.
La jungle semble beaucoup sécuritaire que les villes.
Bref il règne un climat pourrit, même le temps est écrasant de
chaleur, lourd, orageux, pluvieux...
Le 15 décembre
Nous regagnons le canal sous un ciel noir et menaçant en une
vingtaine de milles.
Si tout se passe bien côté paperasse ( nous
avons pris un agent pour faire accélérer le processus et ne pas se
faire entuber à tout bout de champs) nous devrions passer le canal
le 19 décembre.... A suivre
COLOMBIE_ SAN BLAS
Le 27-28/11 à Porto velo Colombie
Que ce monde est compliqué quand l'administration s'en mêle!!
Il nous faut faire notre sortie à présent, nous décidons
d'aller à Barranquilla en taxi pour le tampon de l'immigration.
Tant
qu'à payer celui-ci pour le douanier, mieux vaut que nous en
profitions pour refaire notre stock de nourriture.
Nous devons attendre 17h car il n'y a personne au bureau de
l'immigration. Après mains coups de téléphone du taxi-man pour
savoir quand ce monsieur de l'administration sera là ; on
commence à s'énerver en apprenant que peut être il ne viendra qu'
à 20h mais ce n'est pas sure ! Nous sommes dans cette ville
laide qui est la deuxième plus grosse de Colombie, sans aucune envie
de jouer les touristes en l'attendant. Nous tentons d'expliquer en
« Espagnol » au mec du taxi ( très sympa) que nous
venons de payer 90 dollars pour venir ici et que l'on ne payera pas
une deuxième fois le déplacement. Après de longues explications
téléphoniques Monsieur le douanier daigne enfin rejoindre son
bureau à 19h pour notre tampon !!
Nous devons partir ce soir, mais préférons nous octroyer 3 h de
sommeil avant de prendre la mer.
A 01h00 Marco vient me réveiller en me disant que le vent est
trop fort pour partir maintenant, du coup on attend 05H00 pour
quitter la marina.
Le jour se lève sur un décors pas très réjouissant 25 à 30
nœuds , une mer du diable et des troncs d'arbres partout. ( De
fortes pluies nous ont précédées charriant herbes, branches et
troncs...)
Heureusement que nous ne sommes pas partit de nuit !
Slalomer entre les troncs avec des vagues de 3 à 4 mètres
s'avère périlleux. Les deux mains sur la barre je tente de
redresser le bateau qui se met travers à la houle en suivant les
directives du capitaine à la proue.
Vue la houle, les troncs d'arbres ne sont visibles que lorsqu'ils
sont sur la crête, l'anticipation est donc difficile et les réflexes
doivent être adaptés et rapides... Nous éviterons ainsi quelques
énormes troncs qui auraient pu endommager sérieusement le
bateau!!Nous n'éviterons cependant pas de bonnes suées et moments
de frayeurs.
Durant 4 heures c'est un cauchemar pour nos nerfs ! Puis ça
se calme un peu côté vent et houle.
Des grattes ciel surgis des eaux apparaissent peu à peu dans le
lointain. CARTAGENE !
Les conquistadors Espagnols du 16eme siècle sont à l'origine de
cette citée fortifiée qui se retrouve encerclée à présent d'
immeubles démesurés. Pour se parer d'éventuels envahisseurs et
pirates, ils n'ont pas lésiné sur les fortifications. Allant
jusqu'à construire un mur sous la mer pour boucher l'entrée d'une
des baies.
Une brèche a été ouverte il y a quelques temps, afin que les
petits bateaux puissent y passer.
Nous décidons d'entrer par là ( beaucoup plus court et nous
permettant de regagner le mouillage avant la nuit). Nous avons des
points GPS d'entrée car le passage se limite à quelques mètres
matérialisé par 2 bouées. Ces repères n'empêchent cependant pas
mon cœur de s'arrêter en regardant le sondeur au moment du passage
du mur. Marco m'affirme qu'il y a 5 mètres d'eau et là le sondeur
diminue de façon inquiétante pour finalement s'arrêter à 3,20
m !!!
Après mon arrêt cardiaque, mon cœur se remet à cogner mais
vachement fort !!!
Quel lieu étonnant, déroutant !
La journée a débuté par un cauchemar et se termine par un rêve.
Un couple de Canadiens rencontrés lors de mouillages précédents
viennent nous rendre visite et nous proposent de nous emmener ce soir
faire un tour dans la vielle ville. N'ayant pas l'annexe gonflée
nous acceptons avec joie, malgré notre fatigue.
Nous voilà soudain plongés dans la magie des lieux. Nous
parcourons les ruelles au son de la musique latino et cliquetis des
pas des chevaux tirant des calèches. Les maisons colorées aux
balcons de bois fleuris semblent sortir d'une œuvre de peintre.
Rehaussés par les lumières, et les transitions radicales de cette
journée, nous avons l'impression d'irréalité. Nous pourrions
presque croiser des pirates sanguinaires, assister à un duels sous
les palmiers que nous ne serions pas plus surpris.
L'histoire, la culture sont palpables et une atmosphère très
particulière imprègne ces lieux.
On comprend que ce site soit classé patrimoine mondial de
l'UNESCO.
De plus la présence d'Edith et Jacques est délicieuse, ils sont
plein de joie et spontanéité.
Ce genre de rencontre est un vrai régal ! Nous ne
partagerons qu'une soirée mais qu'importe cet instant a été. Le
voyage c'est ça aussi, des moments intenses, parfois brefs mais qui
laissent une emprunte...
Le 29/11
Il nous faut déjà repartir ! On met cap sur les îles
Rosario à 20 milles, afin d'y passer la nuit. Cela nous permet
ainsi de se rapprocher des Samblas (notre prochaine destination).
Marco va nous chercher deux langoustes pour ce soir.
Le 30/11
Aux aurores le paysage n'est pas très accueillant, c'est
Verdun !!! 155 milles à parcourir sur ce terrain bosselé
direction les îles du Panama...
Des trains d'une grosse houle conjugués à un clapot nerveux (qui
pourrait ressembler à la mer du nord c'est dire !!) nous secoue
dans tous les sens.
Les 10 nœuds de vent au grand largue s'avèrent insuffisants ;
les voiles claquent à tout va, ce qui à la longue peut
endommager le gréement et les nerfs du capitaine!
Durant toute la journée nous nous évertuons à être créatif et
imaginatif pour parer à cela.
Nous sortons l'artillerie de voile, en passant par le spi, nous
tangonnons tout ce que nous pouvons, nous modifions notre cap, tirons
des bords, changeons d'amure, mettons quelques heures le moteur... Et
dire que certains pensent que l'on se prélasse....
La nuit noire nous engloutie, et la houle semble vouloir en faire
autant. Le vent est de retour avec 25 nœuds ; le génois
tangonné ne bronche plus. Maintenant ce sont les départs au lof
qu'il faut gérer.
Les vagues nous prennent par l'arrière, le bateau part au surf et
pivote en remontant vers le vent.
Si l'on remonte trop avec la
voile tangonnée ça ne va pas du tout ! D'où la nécessité d'être
prêt à agir rapidement pour aider le pilote à revenir dans son axe
initial. Les quarts sont actifs et épuisants, même pour celui
qui tente de dormir dans la cabine. Entre vacarme et roulis c'est un
tour de force pour fermer l'oeil.
Nous nous sommes vite redu compte qu'il ne faut pas compter sur
les nuits Colombiennes pour un doux sommeil ! Au mouillage ou en
mer, elles sont agitées.
Ce golf de Darien est la fin de la mer des Caraïbes, il recueille
donc tout ce qui vient de l'Est.
Une chance, me fait remarquer Marco, c'est que nous n'avons pas eu
d'orages. Car en principe c'est une tradition et encore la saison (
bien qu'elle se termine)
Ouai, c'est vrai je reconnais que l'on est chanceux malgré
certains inconforts !!!
Si certaines navigations ne sont pas toujours une partie de
plaisir, vivre au grès des vents poussés vers de nouveaux horizons
et nouvelles terres est un véritable bonheur.
Les San blas nous en rêvions et elles sont là à vue...
Nous avons donc quitté la Colombie, un pays que nous sommes bien
loin d'avoir exploré.
Seuls quelques aspects nous ont été dévoilé, ils furent très
agréables et surprenants par leurs diversités.
Evidemment nous n'avons pas été confronté aux problèmes
sociaux, politiques, de sécurité... notre regard ne peut donc être
objectif.
Côté navigation là aussi, quelle diversité ! Si cela peut
être calme, cela peut être aussi très agité.
Mieux vaut être parfaitement informé et préparé pour naviguer
dans cette partie de la mer des Caraïbes ! Ca surprend !!
Le 01/12
Après 30 heures de shaker, une myriade d'îles s'étendent à
perte de vue. Leurs bas reliefs laissent apparaître des plages
couronnée par de hauts cocotiers. L'île parfaite comme celle
dessinée par notre imaginaire en quête d'évasion.
Après une tentative de mouillage aux abords de l'une d'elles,
nous optons pour une plus protégée et fermée à la houle. Nous
avons eu notre dose de secousses !!!
Pleins de petits pêcheurs dans leur tronc d'arbre évidé
sillonnent les lieux, avec des voiles de fortune ou une belle pagaie
sculptée dans des bois robustes. Ils viennent nous offrir leurs
services et leur sourire édenté mais tout aussi rayonnant que le
soleil d'ici !!
On peut être livré à domicile : en pain, fruits, légumes,
poissons moyennant quelques dollars. Et si en prime on peut leur
laisser des bouts de corde, du papier aluminium, des hameçons...ils
sont preneurs.
Les San blas sont habités par les indiens les Kunayala, leur
artisanat est réputé mondialement par leur molas (un genre de
couture, superposition de tissus , broderie très particulier, très
coloré). Je ne doute pas que nous aurons l'occasion de voir ça de
près dans les villages et les femmes viennent généralement en
pirogue vendre leur trésor.
Du 02 au 10 /11
Evidemment nous allons visiter avec l'annexe toutes les petites
îles autour ( des merveilles), la plupart inhabitées. Marches le
long des rivages et dans les cocoteraies bien entretenues, plongées
habituelles sur les reefs... Marco en profite pour nous ramener le
repas de ce soir 2 langoustes.
Un de nos pote pêcheur vient parler avec nous, en mélangeant de
l'espagnol, de l'anglais, du kunas, des gestes et mimiques on
arrive à se comprendre. Il nous offre des bananes et des
coquillages, on lui donne des hameçons, leurres, ficelle, et
colliers...
Soudain des poissons interrompent notre conversation en sautant
juste à côté du bateau.
Notre pêcheur a les yeux qui s'allume et le voilà qui entreprend
une danse. Il attrape son fil de pêche au bout duquel des appâts
sont accrochés et le lance avec dextérité le ramène avec
rapidité. Sa gestuelle me stupéfait : pas un geste inutile.
Précision, harmonie, agilité et grâce s'associent pour générer
l' efficacité car il attrape ainsi une belle bonite !
La nuit approche, le vent est tombé et l'attaque des petites
mouches piquantes ( les chitras) se fait sévère : du fait que
l'on soit au coeur d'une mangrove. Cela devient vite insupportable
on se fait attaquer par des nuées. Notre pêcheur nous indique un
lieu de mouillage où nous serons plus tranquille, nous le suivons,
il ouvre la voie avec sa pirogue.
Effectivement il a raison. Avant de nous quitter il sort
timidement un sac de molas. Quel travail remarquable ! Je n'ai
pas encore compris toute la technique et la finesse de ce genre de
couture, mais c'est très beau. Nous lui en achetons un.
Il repart paisiblement à la rame, dans la nuit, vers son village,
sans lumière.
Encore une belle rencontre ! qui génère quelques réflexions
sur les façons d'être et de vivre (comparaisons inévitables)
En tout cas cette simplicité de vie semble être un bien
précieux car ils portent le soleil dans leurs yeux et leur coeur. Le
temps leur appartient. Entre pêche et ramassage de noix de cocos sur
les îles, ils vivent de ce que la nature leur donne. Ils utilisent
leur doigts, leur imagination pour créer un artisanat spécifique :
de belles cahuttes tressées, des molas et autres...
Cet archipel d'îles est tellement vaste que nous devons
poursuivre notre route pour en découvrir davantage. Il n'y a pas
moins de 350 îles dont seulement 50 sont habitées.
S'il est un village traditionnel et typique, l'île Trigre
s'inscrit parmi ceux-là. Le tourisme ici se résume à quelques
rares bateaux y faisant escale.
En principe une autorisation du Congresso (constitué d'hommes
uniquement) et du chef doit être demandée pour venir dans ce lieu.
Cependant la journée les hommes sont à la pêche et nous ne
croisons que femmes et enfants.
« Un Kuna qui ne va pas à la pêche ou à El Monte est un
Kuna qui ne mange pas !!! » Tel est leur devise.
Ces tributs sont très organisées, chaque individu a son rôle
sociale et contribue à la vie communautaire à sa façon. Leur
économie repose sur les noix de coco, les poissons, quelques
cultures de fruits, légumes sur le continent « El monte »,
et les molas.
Trois allées de cahuttes en bambou et toits de palme forment le
village. Il n'y a pas de fenêtre, le tout reste ainsi ombragé. La
terre est nettoyée de toutes herbes, laissant un lieu désertique et
propre.
L'aspect plus que rudimentaire nous surprend. L'intérieur des
cahuttes sont en terre battue, vide de tout mobilier, cuisine, lit...
Pas le moindre objet si ce n'est que des tissus et vêtements
pendus, quelques chaises en plastique et des hamacs pliés.
Il existe des huttes communes servant de lieu pour la cuisine (
un foyer central creusé dans la terre en guise de fourneaux, pas de
frigo évidemment puisqu'il n'y a pas d'électricité...), d'autres
huttes communes sont réservés pour les réunions du Congresso,
festivités...
Des femmes cousent des molas et nous invitent à regarder leur
travail. Dans un coin d'une des maison une jeune femme tire son lait
manuellement et le recueille pour le donner peut être à une autre.
Des enfants curieux nous saluent, nous sourient.
Les femmes ont le visage peint en rouge, un anneau dans le nez,
des bracelets de perles enroulés autour de leurs mollets et avant
bras. Elles sont vêtues de molas colorés et paréos. Certaines
vieilles dames ont les seins nus, seul un tissus couvre leurs
épaules. L'atmosphère est paisible, calme, une certaine dignité
règne.
Malgré les sourires, les salutations, un sentiment de n'être que
des visiteurs curieux s'imposent à nous. Notre venue peut paraître
un peu intrusive au milieu d'une telle intimité.
Sortir un appareil photo serait tout à fait incongru et mal
venu !( celle ci -dessus a été prise ailleurs)
Le décalage de vie est si grand que nous avons l'impression
d'être dans un autre monde... Nous sommes à dix milles lieux de
notre société de sur- consommation !
Ma cousine féministe aurait du boulot dans le quartier car les
femmes ici n'ont aucun pouvoir décisionnel, ni éducative envers
leurs enfants. Mieux vaut naître avec une quéquette !!
Nous croisons un homme albinos, produit de la consanguinité, ils
sont nombreux au sein des tributs.
Nous poursuivons vers quelques îles plus à l'Ouest parfois sous
des grains et un ciel gris.
La saison des pluies se termine doucement, mais reste encore
active.
Régulièrement lors de nos courtes navigations (d'une à trois
heures) nous attrapons une bonite ! De quoi faire nos repas et
alterner avec les langoustes, crabes et autres poissons. Il n'y a que
des îlots autour de nous et des hauts fonds, aux quels il faut être
vigilants en permanence. Les mouillages sont protégés par les reefs
et les îles d'une splendeur incroyable !
En se rapprochant de l'Ouest où davantage de bateaux s'arrêtent,
nous avons de plus en plus de visites entre pêcheurs et familles
vendant leurs molas et autres. Nous essayons de les faire travailler
en achetant ce qu'ils nous proposent, mais notre quota molas est
dépassé. De plus ils les vendent à prix fort de 10 à 50 dollars
pièce ( une fortune pour eux). Nos refus s'accompagnent de gène,
mais nous n'avons toujours pas conçu de machines à dollars !!!
Les femmes un peu farouches se limitent à la vente de leurs art
et ne parlent quasiment pas.
Si nous ne sommes pas des acheteurs elles se renfrognent dans un
mutisme et semblent fâchées, malgré les petits cadeaux que nous
leur offrons.
Sur l'île de Cangombia, nous rencontrons une famille qui vit
seule depuis 5 ans. Nous les aidons à remonter leur pirogue, un
vieux chien en guise de remerciement vient me pincer le mollet.
Les trois femmes de générations différentes me sortent aussitôt
toute leur production et m'affublent de leur costume traditionnel
riant de me voir ainsi déguisée. Mais leurs rires se transforment
vite en sale tronche en voyant que je ne suis pas le distributeur de
billets escompté. Elles me supplient d'acheter, acheter, acheter...
Les dollars décidément font rêver tous les peuples du monde et
les pervertissent malgré eux ...
Nous sommes au mouillage de Salar, Marco part comme d'habitude
chasser sur les reefs aux larges.
Le vent est un peu fort, et l'annexe tombe soudainement en panne.
Trop de fond pour jeter l'ancre et il dérive rapidement. Il tente de
ramer mais c'est mission impossible seul face au vent avec nos rames
de fortunes. Plusieurs tentatives pour redémarrer s'avèrent vaines.
Il essaye donc de revenir à la nage en tractant l'annexe, mais
oublie vite cette idée en faisant du sur place. Pas d'autres
alternatives que d'ouvrir le moteur, en tirant sur le starter
celui-ci casse et se retrouve à la baille. Durant 20 minutes, il
s'évertue à le faire démarrer. La seule solution est d'abandonner
annexe et moteur pour revenir à la nage avant que l'île ne soit
trop lointaine.
Heureusement par miracle ce satané engin daigne se remettre en
marche... Il revient bredouille mais ayant sauvé notre
embarcation !! Nous tirerons leçons de cet incident ...
Petit tour à terre sur l'île. Une famille habite là, ne voulant
pas être importuns, nous allons marcher de l'autre côté. A notre
retour un homme nous attend mécontent. Il nous explique nous aurions
dû venir le voir, acheter des molas et que venir comme ça c'est pas
possible !
Du coup il faut payer !!! Je tente de nous excuser et d'être
aimable, alors que lui ne l'est pas du tout ! Nous finissons par
retourner au bateau chercher les dollars pour payer le droit de
mettre pied à terre.
Le lendemain une barque passe nous proposant d'acheter des
langoustes. Nous les remercions, mais refusons ( ayant suffisamment
de poissons), le mec se met en colère et braille en Kuna
certainement des choses pas très sympas...
Nous nous interrogeons sur leur façon de gérer le tourisme. A
moins que ce ne soit le tourisme qui ait généré ces
comportements ?
Toujours est-il que la relation avec les gens dans ce coin d'îles
( Nord Ouest) se limite à une relation dollars, pas d'échange sans
ces fameux billets ! Tu jettes l'ancre : taxe de
mouillage, tu mets le pieds à terre : tu passes au tiroir
caisse...
Quel dommage !!
Nous apprenons que les bateaux charter se voient taxés si
lourdement que plus aucuns ne viennent par là.
Notre vision sur ce pays Kunas est donc très contrasté. La
beauté de ces îles est incontestable.
Malgré tout une atmosphère statique, de manque de dynamisme se
dégagent. Est ce le fait que les îles malgré leur forme et taille
différentes se ressemblent ou est ce lié au poids de cette culture
ancestrale semblant immuable?
Découvrir des peuples qui vivent encore ainsi, proches de la
nature, avec des traditions fortes et si simplement est exceptionnel.
Ce sont les gardiens d'une culture, d'un patrimoine et anciennes
traditions qui se confrontent au progrès, au tourisme, à
l'argent...
Ces deux valeurs semblent actuellement mal se concilier.
On se demande finalement d'une part si le tourisme est le bienvenu
et s'il a sa place dans cette partie du monde ?
Le 11/12
Après une navigation encore houleuse de 45 milles, nous regagnons
les côtes Panaméennes.
Une sorte de petite marina tenue par un couple de Français se
trouve au milieu d'une mangrove.
Nous venons y faire les papiers d'entrée et allons en profiter
pour aller marcher dans la forêt équatoriale.
La chaleur est omniprésente, torride. Nos thermomètres ont fondu
au soleil. Depuis Grenade nous vivons à poil cherchant l'ombre. La
nuit nous ne pouvons même pas supporter un drap, les ventilateurs
tournent à fond la caisse. Il faut dire que nous sommes proches de
l'équateur ( 1000 km)
C'est notre dernière escale avant le canal de Panama. Ca commence
à sentir le Pacifique !!!