Le 14/04
Ce soir nous sommes invité à bord du
bateau du gréeur Matthieu et Céline, alors que nous mangeons, nous
observons un phénomène étrange.
C'est la pleine lune, le ciel est
parfaitement dégagé et voilà qu'une ombre vient obstruer cet astre
radieux. Peu à peu la lune semble s'assombrir et se parer sur l'un
de ses côtés d'une couleur rouge tout en restant éclairer de
l'autre côté. L'ombre semble peu à peu manger la lune
Les questions vont bon train :
« Qu'est ce que c'est ? »
« Pas de nuages, c'est bizarre »
« Moi je vous dit que l'on ne
nous dit pas tout !! »
Les jumelles sont sorties et nous nous
plongeons tour à tour dans le firmament de plus en plus intrigués.
Lorsque nous retournons à notre
bateau la lune est pratiquement rouge. Nous nous arrêtons en chemin
voir le voilier voisin pour leur faire remarquer le phénomène.
Eux ne sont pas le moins du monde
surpris et nous lancent :
« Mais oui ! C'est
l'alignement soleil- terre- lune, c'est une éclipse ! »
« Et ben merde alors... »
Le 15/04
Ici c'est l'automne, depuis une
semaine le temps commence à virer. Le vent se fait plus fort, la
pluie plus fréquente et l'air se rafraîchit à 25°c. Des coup de
Maaramou ( alizés du Pacifique) nous obligent à trouver des
mouillages abrités. Les deux prochains jours cela risque de
klaxonner, aussi nous regagnons la côté Ouest de Taravaï.
Nous nous retrouvons à quatre
voiliers dans la petite baie protégée. Nous commençons à
connaître tous les navigateurs.
Ce coin est une merveille : eau
plate, reliefs hauts, décors étonnant avec la plage de sable blanc
bordée de cocotiers et sur les hauteurs : forêt de pins, de
grandes herbes...
Il y a de quoi se régaler les yeux
même dans l'eau car il y a des plateaux de corail.
Sitôt arrivés, nous allons explorer
les reefs, inévitablement nos nouveaux copains viennent se joindre à
nous : de beaux requins pointes noires.. Ils nous encerclent et
nous font un joli balais sous marin. Nous nous familiarisons
davantage avec ces bébêtes, à présent je me demande lequel de
nous est le plus curieux eux ou nous ? Néanmoins nous
apprécions de les voir un peu à distance.
C'est quand même extraordinaire de
pouvoir les observer, ainsi que de gros Mérous, Perroquets, Labres,
Carangues, bénitiers aux lèvres de couleurs bleus...
Le 16/04 C'est mon anniversaire !
Est ce une année de plus qui s'ajoute
à ma vie ou de la vie qui s'ajoute aux années ?
En tout cas le voyage me donne la
sensation d'être hors du temps et d'être de plein pied dans la vie.
Alors cette 48 eme année glisse sans heurt !!
Nous commençons cette journée par un
plongeons requinesque, puis un BBQ de bonite sur la plage, et enfin,
le soir nous convions tous les occupants des voiliers à un apéro
sur la plage. Nous sommes une dizaine réunis autour d'un feu, et
d'un bon rhum de Marie Galante qui semble fort apprécié.
Il est plaisant de constater que
chacun de ces navigateurs est satisfait de sa vie et ne la changerait
pour rien au monde. Du jeune au moins jeune chacun s'est donné le
moyen de réaliser ses rêves, ses envies, il n'y a pas de place aux
regrets, plaintes ou jérémiades.
Les discussions sont colorées et
riches d'échange. On s'échange des recettes de cuisine,( comment
par exemple cuisiner le fruit de l'arbre à pin et autres chose que
l'on trouve ici...) le moyen pour réparer un truc, qui aller voir
pour tel problème, le bel endroit à voir, où plonger, le mouillage
à ne pas manquer...
Il y a une sorte de solidarité qui
fait du bien et l'on sait qu'en cas de galère on pourra toujours
demander de l'aide. Ces rapports ne se font pas qu'entre navigateurs,
mais les locaux participent eux aussi à cette entre aide. On dirait
qu'il faille un retour à plus de simplicité et être un peu en
dehors de la modernité pour retrouver ce genre de valeur !
En tout cas, quoi de plus plaisant que
d'entendre le feu crépiter, les criquets agiter leurs ailes, le
souffle du vent dans les cocotiers, les rires se perdre dans la voûte
céleste et un bon moment partagé ?
Cette soirée improvisée fut douce...
Du 17 au 20/04
Le Maaramou continue de souffler, nous
restons donc caché ici. Les autres bateaux font de même.
Chaque jour nous allons nager sur les
reefs voisins, à présent les requins font partie du décors.
Les journées sont étonnamment bien
occupées. Nous réalisons que cela va faire bientôt un mois que
nous sommes aux Gambier !
Le 21 au 24/04
Nous attendions le bon moment pour
venir sur ces îlots proches du petit aéroport, car ils sont
exposés au vent d 'Est. Là c'est calme.
Le nord de l'archipel est constitué
d'une longue langue de sable, avec des terres sablonneuses qui
émergent où cocotiers et Filaos règnent sur ces lieux. Elles sont
habitées par les uniques propriétaire des fermes perlières.
Nous allons rendre visite à Eric l'un
d'entre eux pour une visite de sa ferme. Un chinois passionné par ce
qu'il fait qui nous explique en détail tout le processus de
fabrication d'une perle. Un greffier nous montre en direct
l'intervention nécessaire à la fabrication d'une perle.
Il s'agit d'inciser une membrane à
l'intérieur de l'huître maintenue ouverte par des pinces. D'
introduire dans la cavité une bout de moule venant du Mississippi et
un greffon. Le greffon provient de la membrane entourant l'huître.
Ces deux ingrédients introduits, l'huître sera fixée sur un
support et patientera 16 mois dans l'eau, jusqu'à ce que la perle
soit formée.
Les perles des Gambier sont réputées
pour leur qualité, ici on a choisi la perle noire aux reflets
colorés ( vert, rose, jaune...)
Pas loin du lieu de notre mouillage se
trouve ce que l'on appelle la fausse passe. Située entre deux îlots,
c'est le spot de plongée par excellence.
Armés de nos palmes, masque, tubas
nous allons à la rencontre de gros poissons : Napoléons,
mérous, vivaneaux, perroquets... Nous empruntons une trouée entre
les reefs pour remonter et franchir la barrière de corail. Les fonds
sont magnifiques des coraux de toutes les couleurs et des poissons
partout.
A peine arrivés à l'extérieur de la
passe, nous assistons à une danse de requins sur fond de sable. Tout
à coup l'un d'eux, le plus gros, nous apercevant nous fonce dessus.
Son air déterminé et quelque peu
menaçant, nous stoppe net dans notre progression. Sans nous
concerter Marco et moi faisons un demi-tour illico presto. Ce requin
pointe blanche d'un bon deux mètres, pourvue d' un gros ventre doit
attendre des petits. Elle nous tourne autour de si près que nous
pouvons admirer en détails sa gueule. Elle passe sous nos corps à
quelques centimètres et ne nous lâche pas. Ne sachant si elle
défend son territoire ou cherche à nous intimider, nous préférons
nous éloigner, elle nous accompagne vers la sortie. Les autres
requins voyant oeuvrer la défenseuse de leur milieu, ne se soucient
pas de nous et poursuivent leur balais aquatique..
Le lendemain, nous retournons rôder
sur leur territoire, mais cela doit être l'heure de la sieste. Dame
requin reposant sur le fond vient à notre rencontre, après un salut
moins brutal que la veille, elle retourne s'allonger. Nous pouvons
ainsi plonger tranquille et se remplir les yeux de toute cette beauté
sous marine dans une eau cristalline.
Le sur -lendemain c'est le festival
des requins, ils sont nombreux à nous tourner autour, un murène
Javanaise géante ( de 3 mètres de long) nous surprend en se
dirigeant sur nous. Une variété étonnante de poissons nous
régalent les yeux. Le monde aquatique est définitivement un monde à
part ! Quelle splendeur !
Marco serait bien tenté d'aller
chasser, mais il vaudrait mieux qu'il soit accompagné de personnes
expérimentées. Déjà pour savoir quel sont les poissons
comestibles non contaminés et surtout pour apprendre à faire face à
tous les requins attirés par le sang du poisson mort. Car aux dires
des chasseurs que nous avons rencontrés, ils sont excités et
viennent systématiquement quémander un bout. Il faut donc défendre
son beef teck et intimider les requins à coup de palmes ou de pics.
Pour le moment on en est plus à ne
pas se faire intimider par eux, alors il y a encore du boulot pour
les intimider !!
Le 26/04
Après avoir réfléchi et discuté de
la suite de notre voyage, nous venons d'opter pour aller aux îles de
la société. D'une part par prudence car mieux vaut être proche
d'un chantier avec notre étaie endommagé et d'autre part nous
hésitons à aller se faire secouer au mouillage du côté des
Marquises. Comme il n'y a pas de lagon que l'on est en pleine mer,
que la houle d'hiver arrive cela nous laisse envisager des mois à
venir agités. Nous avons pris goût à la douceur et nous ne sommes
pas prêt à affronter navigation de 900 milles sous des allures peu
confortables et des mouillages tendus. Donc on se rabat sur des îles
protégées de lagon comme Tahiti, Moréa, Huahine, Raiatéa,
Bora-bora, Mopiti... On aura de quoi se régaler quoiqu'il en soit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire