Tidoudou est à présent hiverné et nous allons faire de même.
Nous venons de quitter la Polynésie pour un retour de 6 mois en France. De nouveaux horizons aux teintes et températures différentes, nous attendent...
Le blog va donc être en stand bye quelques temps. Nous reprendrons nos aventures à bord au mois de Mai.
D'ici là n'hésitez pas à nous joindre sur mon mail: sabrina.candau@gmail.com
A bientôt.
Bon hiver ou bon été à d'autres...
Début Octobre
Comment se fait-il que la morosité
n'atteigne pas les rives de Maupiti?
Peut être les propos de Thérèse,
lors d'un de nos repas avec eux sur le motu en donnent le secret.
« Si tu vis simplement, tu ne peux
qu'être heureux. Regarde, la nature te donne tout ce dont tu as
besoin: de quoi remplir les yeux et même le ventre.
L'argent lui ne te donne que des
soucis et l'envie d'en avoir toujours plus...»
Révi et Thérèse, sont les exemples
vivants de cette simplicité.
Sur le motus, ils n'ont qu'une petite
cabane sans même une moustiquaire, ils dorment à même le sol.
La cuisine est faite d'un toit en tôle
toute ouverte. Sur un arbre sont accrochées les gamelles. Les
feuilles font office d'assiette, les doigts de couverts.
Cependant la table est toujours
débordante de mets délicieux. Evidemment ils s'en donnent les
moyens en cultivant, pêchant...
Pour l'achat des matières premières,
ils vendent leurs poissons, ils ramassent des coquillages pour en
faire des bijoux.
Dans cette simplicité se lit non
seulement un bonheur, mais de la dignité et de la générosité.
Leur présence est douce, pas de
blabla inutiles, les mots prononcés ne sont pas là pour remplir
l'espace. Ils sont chargés de l'essentiel.
Cet atoll a beau être petit, il y a
de quoi découvrir sans cesse.
Nous nous rendons à un motu
accessible en traversant à pied dans de l'eau jusqu'à la taille.
Nous marchons ainsi une bonne demi
heure au milieu des raies, dans de l'eau cristalline bleutée.
Les décors sont proches de l'irréel
tant c'est beau.
Le motu est entouré d'une grande plage de sable
blanc sur des kilomètres. En marchant côté océan, nous somme
proches de la barrière de corail et à quelques centaines de mètres
de nous, nous assistons à un spectacle inédit.
Des baleines à bosse tapent leur
énorme nageoire en surface, envoient des geysers dans les airs,
nagent à la surface de l'eau. Nous les suivons quelques heures, le
long du reef, éblouis par ces apparitions.
Cette nature à l'état sauvage nous
comble.
Nous avons retrouvé quelques potes
navigateurs qui eux aussi sont tombés amoureux de ce lieu.
La période cyclonique approchant
doucement chacun commence à songer à mettre les voiles en direction
de lieux plus protégés.
Certains partent en Nouvelle Zélande,
d'autres retournent aux Gambiers, et d'autres regagnent un chantier
pour mettre le bateau à sec. Ce dernier cas de figure est le notre,
dans 15 jours Tidoudou sera mis hors de l'eau durant 6 mois. Temps
également nécessaire à une remise à flot de la caisse de bord.
Retour donc en France à la fin
Octobre...
Les skis vont fumer cet hiver. Nous
savons que le froid mordant attend de nous faire la peau, mais nous
avons su résister à des températures liquéfiantes, alors on fera
face à celles congelantes....
Enfin, on espère....
En attendant y a du boulot au chantier
de Raiatéa, hivernage, changement de l'étaie et autres bricolages.
Nous profitons donc de ces derniers
jours de notre petit paradis à Maupiti.
Le 14/09
Nous partons au cœur d'une nuit
d'encre, guidés par les seules lumières des bouées du chenal et
d'un alignement à terre.
Ca y est nous avons quitté Bora. Nous
hissons les voiles. Le vent cependant ne tarde pas à forcir et nous
oblige à réduire la toile. Plus nous avançons, plus le vent se
renforce et la houle avec.
A mi parcourt, le moral des troupes
faiblit. Nous savons qu'avec plus de 20 nds de vent la passe de
Maupiti est infranchissable. A l'allure où nous allons nous risquons
fort d'arriver avant le jour.
La météo nous a trompée, il faut
faire demi tour.
Après les problèmes de moteur, les
grains, à présent le vent, nous nous demandons si un jour nous
pourrons aller à cette île sauvage...
A l'entrée de la passe de Bora, il
fait encore noir.
A quelques mètres du bateau une masse
sombre surgit des eaux accompagnée d'un souffle magistral. Nous
identifions instantanément l'origine: une Baleine!!!
Après deux petites heures de sommeil,
le jour se lève sur une journée calme.
Marco me propose de retenter notre
chance Maupiti aujourd'hui, car demain le vent devrait être plus
fort.
Encore embuée de sommeil je suis
partante. Juste avant de lever l'ancre on s'aperçoit qu'à côté de
nous il y a le bateau à Simon ( il était avec nous aux Tuamotu).
En lui disant que l'on part à
Maupiti, il se décide à nous suivre avec sa femme.
C'est repartit: le spi est sortit.
Simon nous a doublé avec son appuis
moteur.
Quelques temps plus tard il nous joint
à la VHF:
« On vous prévient c'est très
impressionnant, mais ça passe.»
Arrivé à l'entrée, des vagues
semblent déferler partout y compris dans le chenal.
Heureusement que Simon est passé
avant nous pour nous rassurer.
« Bon allez, faut se lancer, on y
va!!!»
Nous devons faire cap sur un
alignement qui semble nous emmener droit sur les reef et dans les
vagues.
Sur le côté droit et gauche à
quelques mètres, (malgré le peu de houle annoncée), ça déferle.
Dans les creux des vagues mon
alignement disparaît quelques secondes, pour ne voir qu'un mur
d'eau. J'ai le cœur qui cogne.
Marco me dit qu'il ne vaut mieux pas
que je regarde sur les côtés et que je reste centré sur
l'alignement.
Le courant rend le bateau ivre, la
barre raide et j'ai du mal conserver mon cap. Ca secoue, c'est
étroit, putain j'ai les chocottes...
C'est très impressionnant, mais sitôt
passé les première bouées ça se calme. Seul un courant de 3 nœuds
subsiste, les vagues à présent sont derrière OUF!!!
Nous pénétrons dans un lagon où les
couleurs nous explosent aux yeux. Des motus l'encadrent le surlignant
d'un bandeau blanc. ( les plages)
La montagne de Maupiti bien que plus
petite que Bora n'en est pas moins belle.
La beauté de ce lieu nous laisse sans
voix. Nous retrouvons l'ambiance sauvage des Tuamotu et l'odeur de
fleurs.
Nous mouillons juste derrière le
premier motu.
Fatigue, émotions, joie nous
catapultent dans un profond sommeil.
Le lendemain, nous allons explorer le
motu, c'est un régal.
A quelques mètres du bateau, à la
nage, nous allons rendre visite aux raies manta. Nous nageons un
moment avec ces créatures majestueuses.
Marco peut à nouveau chasser quelques
poissons pour le repas.
Un véritable petit paradis... qui ne
se laisse toutefois pas pénétrer facilement...
Aujourd'hui nous allons découvrir
l'autre motu. Ne sachant si nous pouvons laisser l'annexe à côté
d'une cahute nous demandons à un monsieur qui est là.
Révi nous dit qu'il n'y a pas de
problème et qu'à notre retour nous pourrons venir ramasser quelques
haricots dans son jardin.
Nous sommes invité vendredi et samedi
à passer la journée avec sa famille.
Révi et Marco conviennent de se
retrouver demain au lever du soleil pour pêcher dans la passe.
Nos pêcheurs reviennent avec pleins
de poissons. La technique de pêche au filet, tout comme celle de la
chasse à la langouste de Révi laisse Marco abasourdit.
« C'est un véritable Sioux ce
type!!!» me dit-il au retour.
Si ce n'est pas un Sioux c'est
néanmoins un homme qui fusionne avec son milieu. Il est né de l'eau
et semble faire partie intégrante de cet élément.
A 60 ans, il danse sur les coraux,
dans les vagues qui déferlent et le courant avec une agilité d'un
jeune de 20 ans.
Il anticipe les réactions des
poissons, il sait dans quel trou la langouste a trouvé refuge...
Il parle peu. Il observe beaucoup.
D'autres parties de pêche sont
prévues...
Nous avons l'impression que cette
petite famille nous a adopté. Presque chaque jour, ils nous invitent
à venir à leur cabane du motu pour manger ou passer un moment.
Des
repas délicieux constitués de ce que produit l'environnement. On
goûte donc à plein de nouvelles saveurs: Napoléon, Nason au BBQ,
poisson divers à la Tahitienne, poisson au four tahitien....
Leur hospitalité, gentillesse et
générosité nous touchent.
Ce sont de véritables leçons de vie.
Tout se fait avec une simplicité
dénudée d'attente, hormis celle de partager.
Le ventre alourdit on arrive quand
même à se traîner sur les hauteurs, pour admirer le lagon du haut.
C'est certainement une des plus belles
vues qu'il nous a été donné de voir.
Les couleurs sont tout bonnement incroyables. Nous apercevons même une baleine au loin au delà du lagon.
Le tour des motus à pied est aussi un
vrai bonheur. Cela embaume la fleur, c'est sauvage, préservé...
Maupiti c'est un petit coin de
paradis... On s'en rempli...
Le 12/09/14
Bora nous enlace de ses couleurs et de
ses charmes, nous retenant encore auprès d'elle quelques jours.
Chaque jour inlassablement Marco part chasser, rentrant souvent bredouille.
Aujourd'hui, je commence à
m'inquiéter à ne pas le voir revenir au bout de trois heures.
Il finit par rentrer . Quelle n'est
pas ma surprise de le voir revenir avec le fruit de sa pêche.
L'annexe est remplie de concombres
géants, de navets, de côtes de blettes, régimes de bananes... avec
deux vivaneaux et un poulpe. Une pêche miraculeuse!
Après avoir bien galéré pour sortir
le poulpe ventousé aux coraux, ne sachant pas comment cela se
cuisine, il a voulu le donner à un gars qui passait par là.
Celui-ci n'en a pas voulu mais pour le remercier, il l'a emmené chez
lui et lui a donné des légumes et fruits de son jardin.
Encore une preuve de cette gentillesse
de ces Polynésiens et ce que l'on soit sur une île perdue ou à
Bora...
Nous avons mouillé près de la passe
et il y a beaucoup plus d'agitation de ce côté. Nous voyons passer
régulièrement des bateaux chargés de touristes faisant le tour de
l'île, ou se rendant sur les sites où l'on nourrit les raies, les
requins citrons....
Des attractions qui ressemblent
quelque peu au cirque.
Les bateau au son du ukulélé
arrivent avec à leur bord des peaux blanches couvertes de crème.
Ils sont accompagnés de Polynésiens affublé d'un paréo, couronne
de fleur assurant ainsi le folklore.
Ce joyeux petit monde se jette à
l'eau et le spectacle commence. La nourriture attire inévitablement
les hôtes que l'on attend. Et là, le nez dans l'eau, les grosses
fesses des Américaines flottant à la surface s 'agitent dans tous
les sens. Celles des petites chinoise frétillent elles aussi. Des
têtes sortent régulièrement de l'eau pour pousser des hurlements
dès qu'une raie les frôle ou qu'un requin s'approche.
Pour que le show soit complet, un beau
Polynésien tatoué plonge et s'accroche à l'aileron d'un requin
citron se faisant ainsi tracté. Et là, tout le monde est content.
Nous assistons ainsi à des spectacles
gratuits aussi marrants que tristes...
Bora reste cependant le lieu
romantique par excellence. De nombreuses pirogues au nom de
« Romantique tour» transportent les
jeunes amoureux transits.
J'avoue que si un jour il me prenait
l'envie de me marier et que l'on m'offre un voyage de noce, je ne
cracherai pas sur ce genre de destination... ni d'hôtel.
Faute de ne pas nous marier, nous
allons malgré tout accoster sur les rivages de ces hôtels luxueux
et visitons les lieux nous tenant par la main pour passer incognito!
Départ prévu cette nuit du 14/09
pour Maupiti ! À suivre
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