mardi 19 mai 2015



Le 31/05/2015



Si la vie à bord d'un bateau nous donne accès aux rêves et découvertes, il n'en reste pas moins que c'est une sacrée contrainte.
Il nous a fallu plus de trois semaines pour préparer le bateau entre nettoyage, réarmement, réparation... sans compter la chance énorme que nous avons eu de trouver les pièces à changer, si non, nous aurions dû attendre un mois de plus.
L'étai a enfin été changé, une nouvelle batterie en place, pièces du moteur remplacées, avitaillement fait.
Mais à présent que tout est prêt, c'est la houle qui retarde notre départ.
La grosse houle du sud vient secouer nos méninges et le mouillage de Taena (Sud de Papeete) devient vite insupportable ( exposé au Sud).
Durant la nuit celle-ci se gonfle encore et les grosses vagues se déversent dans le lagon, les crêtes déferlent, venant lécher notre pont, testant la résistance des amarres et nos nerfs.
Une nuit agitée qui nous décide le lendemain à se barrer de là. Nous optons pour un mouillage plus protégé au Nord, mais qui implique de sortir du lagon et de remonter quelques milles face au vent et aux grains dans 30 nœuds de vent.
Nous trouvons néanmoins, un coin plus tranquille pour patienter.
La réadaptation n'a pas été facile, beaucoup de manutentions, rajoutées à une chaleur avoisinant les 35°c à l'ombre, nos organismes sont un peu secoués.
Parfois on se dit que le prix à payer pour accéder à nos rêves et un peu élevé. D'autant plus, que l'usure des trois dernières années nous rend plus vulnérable.
Alors on sait que le meilleur reste à venir, mais le constat est là.





La perspective de rejoindre les lagons des Tuamotu, nous motive heureusement. L'environnement de Papeete avec cette ville, sa circulation n'est pas ce que nous préférons.
Mais les motus sauvages aux senteurs de fleurs, la transparence de l'eau, la vie sous marine sont davantage ce à quoi nous aspirons.
Un projet est en train de naître également, celui de rejoindre les Marquises. Nous ne pouvons imaginer venir en Polynésie sans aller dans ces îles de beauté.




Lorsque les éléments seront plus calmes, nous allons remonter vers Tikehau ( archipel Nord des Tuamotu) avec peut être une escale sur la route à Makatea. Cependant, cela reste incertain, vu qu'il n'y a pas de lagon protégé. Il est parfois possible de s'amarrer à une bouée en pleine mer si ce n'est pas trop agité. Les locaux en principe réserve un bon accueil aux rares visiteurs et l'île vaut l'arrêt.
Une navigation de 170 milles, au près, nous attend, nous testerons ainsi notre nouvel étai.










Le 21/05/2015
Une belle journée au vent léger, orienté un peu Nord Est, nous invite à lever l'ancre pour rejoindre Tahiti.
Mais le moteur refuse cette invitation, il reste muet. Vérification, tcheck...
La batterie semble défaillir, on lui met un bon coup de défibrillateur et la voilà ranimée un temps...
Ses signes de faiblesses laissent envisager sa mort prochaine. Les pinces restent à portée de main.

Nous apprécions le vent très doux, le calme sur l'eau, c'est vraiment un autre monde ! Très vite nos repères se mettent en place, les sensations nous semblent innées, les gestes se font naturellement.
Il nous semble ne jamais avoir quitté le bateau.
Les îles de Raiatea et Tahaa s'éloignent peu à peu.








Une grosse houle latérale venant du Sud se forme. Ces ondes impressionnantes par leur taille et consistance, ne sont pas bien méchantes, mais à certain moment mon cœur se soulève à la vue de ces murs d'eau arrivant sur nous. Il me faut un petit temps de réadaptation à cet environnement ! Cependant la beauté rayonne de toute part. Nous passons au Sud de Huahine, les pourtours du lagon fument avec les grosses vagues qui viennent se briser.
Une nuit d'encre nous enveloppe. Le vent a faibli, mais pas la houle. Le gréement claque, l'interne de service doit à nouveau réanimer le moteur. Nous affalons les voiles et là, la drisse se coince, la baume devient hystérique... En quelques secondes, nous sommes propulsés dans un état que nous avions oublié.
Une fois l'ordre rétablit Marco me dit avec sérieux :
-  «  Et ben, tu sais qu'il faudrait me payer cher pour refaire tout ce que l'on a fait !!! »
A cet instant je le rejoins. Un casier de ma mémoire s'ouvre sur les galères vécues. Je le referme bien vite, sachant pourtant que sur l'eau avec les mouvements constants, ce tiroir s'ouvre facilement.
Pour l'heure, je préfère profiter de la tiédeur du soir et me laisser bercer dans les étoiles... Marco rejoint sa couchette, me laissant à mon inspiration, il prendra la relève dans qqs heures.





Au lever du jour, nous longeons la côte de Moorea avec ses pitons insolents et montagnes magnifiques. Tahiti n'est plus qu'à quelques milles, vu la taille de la houle plus de 3 mètres, on oublie la passe de l'entrée sud. Celle du Nord plus large et facile, nous amène dans un chenal intérieur au lagon que nous devons suivre sur plusieurs milles. Aujourd'hui la houle génère un fort contre courant et l'intérieur du lagon est très agité. Les vagues passent par dessus le reef et viennent perturber le calme du lagon.
Le mouillage à Taena est donc loin d'être une partie de plaisir, le bateau bringuebale, tape, se dandine sans cesse, cependant dormir ne sera pas un problème.
On est crevé de ces 30h de nav. On avait oublié les chaleurs torrides : à l'ombre 35°C et en navigation dans le cockpit, on grille comme des saucisses, nous n'avons pas de bimini ( toile de protection). Rajouté à cela, la ré-adaptation aux secousses, le manque de sommeil, les petits emmerdes à bord à gérer... le sommeil dans lequel nous tombons est bon et profond !


Demain tout est calé pour le changement d'étai, après cela on pourra vraiment penser à mettre les voiles vers les lagons des Tuamotu...










Le 17/05
Nos baskets neuves nous mènent toute seules au sommet du Temehani. C'est l'intérêt d'avoir de jolis souliers. Une longue marche au milieu des forêts, puis sur un plateau d'altitude d'où la vue est imprenable. C'est ici que l'on trouve la fameuse fleur Temehani. 




Cette fleur endémique et sacrée est un symbole fort dans la culture Polynésienne. Elle est vénérée dans les chants et les danses traditionnelles. On dit que si cette fleur venait à disparaître, la vie ici s'éteindrait en même temps. Elle ne subsiste que sur ce sommet et qui veut l'admirer doit marcher au moins 5h à croire que l’humanité est en train de s’éteindre. Les îles autour, flottent dans un décor bleu, où ciel et mer se mêlent intensément.





Des vasques d'eau naturelles forment de petites piscines, y a pas mieux pour se rafraîchir. Je suis à peine immergée que Marco s'écrit : « Fais gaffe, y a un serpent dans l'eau !!! » Je vois effectivement un truc qui zigzague tout près de moi, je bondis, glissant sur les cailloux. Marco est mort de rire. On se rend vite compte que ce sont des anguilles.






Nous profitons de la voiture louée 
pour faire le tour de l'île. Là encore, nous sommes étonnés de voir à quel point la nature, les montagnes sont belles. 



















Cette petite journée, hors de notre chantier, est un 

délice. Cela nous motive pour achever les dernières bricoles sur le bateau avant la mise à l'eau. Tidoudou est tout propre, on lui a même offert le luxe d'un polish sur la coque ! Il étincelle avec sa robe d'antifoulling noir. Je suis sûre que les gros poissons vont l'adorer. Marco a déjà préparé soigneusement ses lignes, les hameçons sont affûtés...

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