vendredi 19 août 2016

Du 21/07 au 01/08/2016 D'APATAKI à RANGIROA


Les motus ici sont très longs, c'est un régal que de pouvoir marcher des heures côté lagon sur les immenses plages de corail blanc ou longer le platier côté océan à la recherche de coquillages.
La paix habite ces lieux... Personne.


Seuls les poissons sont intrigués de notre présence et viennent sur le bord nous voir, nous sourire, parfois même nous toucher, la présence humaine est loin de les effrayer.

De belles carangues bleues, des perroquets arc en ciel, des mérous, des murènes, des requins nous approchent dans quelques centimètres d'eau.


L'eau est si transparente que l'on a parfois l'impression qu'il flottent dans les airs.


Les journées coulent en un filet de temps joyeux, oubliant quel jour nous sommes.


Après quelques jours de vent musclé, ce dernier semble s'essouffler un peu, avant qu'il ne reprenne son expiration, nous en profitons pour mettre les voiles en direction de Rangiroa à 75 milles de là. Un vent léger nous accompagne au vent arrière, nous obligeant à mettre le tangon. Tidoudou à cette allure se dandine copieusement avec son ventre rond. Nous longeons l'atoll Arotua de nuit, puis de Rangiroa pour rejoindre la passe au Nord au lever du jour.



Nous ne pouvions arriver mieux ! Au moment parfait de l'étale, nous pénétrons à l'intérieur du lagon tout en douceur (en principe, celle-ci est redoutable côté courant). Déjà, quelques bateaux déchargent un flot de touristes dans les eaux de la passe. Cela faisait un bon moment que nous n'avions pas vu autant de monde : 12 voiliers au mouillage, des bateaux moteurs de toutes parts, des vacanciers, des plongeurs... Quelle agitation après ces derniers mois sans voir personne !
Cependant, cela nous fait plaisir de retrouver une certaine forme de vie humaine et des alimentations. Cela peut paraître bête, mais quel plaisir de pouvoir s'acheter du chocolat, de la bière, des biscuits, même des yaourts..., (cette fois, pas de légumes, ni de fruits , hélas! !)
Du coup, ces arrêts aux villages prennent des airs de fête en allant découvrir ce que l'on peut y trouver ! Si en France nous restons impassible devant toute cette abondance et ce trop plein dont regorgent nos supermarchés, ici les choses prennent une toute autre valeur ( surtout en venant d'autres atolls plus isolés).


Rangiroa est l'un des atolls le plus connu et fréquenté des Tuamotu ( avec Fakarava). Rangiroa est le deuxième plus grand lagon au monde : 75km de long sur 26km de large. Il est réputé pour sa plongée sous marine et notamment la passe de Tiputa ( par laquelle nous sommes entrés). De ce fait, il y a beaucoup de plongeurs et de vacanciers ! Des infrastructures hôtelières et de plongées se sont crées autour des 2 villages. Cependant, les 240 motus laissent de quoi trouver des endroits restant sauvages.
En attendant d'aller en découvrir certains, nous profitons de ce qu'il nous est donné de faire : courses et plongées dans l'aquarium naturel près de la passe.
C'est effectivement extraordinaire côté plongée : des poissons de toutes les couleurs viennent former un rideau devant nos yeux. Nous avons amené le reste de notre pain, nous sommes assaillis de toute part, certains nous prenant pour un quignon viennent nous mordre !

La diversité et la quantité d'espèces nous laissent pantois. Une tortue vient nous saluer, une requine au ventre gonflé, tourne autour de nous avec nonchalance, un énorme requin gris de plus de 2 mètres nous fascine, une murène géante danse, des napoléons, barracudas et autres gros et petits poissons nous ravissent...










De retour au bateau, une nuée d'oiseaux des mers viennent se percher sur nos filières. Le ciel et la mer nous offrent leur plus beau sourire...
Quel régal !







Cependant il est l'heure de lever l'ancre car du vent de Sud Est est prévu. Nous faisons cap sur les motus du Sud, là où l'on peut observer sur les plages des concrétions volcaniques particulières.

Encore un lieu étonnant avec ces roches acérées ( de véritables lames de rasoir) sortant du sable. Se balader au milieu de ces sculptures naturelles semblent un peu sur réaliste.



Dans la cocoteraie en chemin, nous rencontrons un gars qui fait du copra, il nous appelle, trop content de pouvoir parler à quelqu'un. Ces gaillards faisant le copra sont de véritables titans au travail !


 Celui-ci travaille seul et s'est aménagé un vieux vélo pour ramener ses sacs de copra jusqu'au lieu où il va les faire sécher. Pour cela il doit traverser un Hoa, à marée basse tout va bien , mais cela se complique lorsque la marée est haute. Nous restons un moment avec lui, il discute tout en étalant soigneusement la chaire des noix de coco sur une bâche, afin de les faire sécher. Tous les soirs il les couvre, afin de les protéger d'une éventuelle pluie. Sa bouille joviale et avenante, son éloquence, nous font passer un bon moment. Nous le retrouvons le lendemain avec le même plaisir.
Certains de ces gars ( comme lui) vivent en permanence sur des motus retirés sans que la solitude ne leur pèse de trop, il ont une vie très spartiate avec un confort réduit à un strict minimum : un matelas couvert par un toit en tôle, plus ou moins ouvert au 4 vents, (même pas de moustiquaire) parfois tout juste une cuisinière ! Les tables, bancs, lit sont faits avec les matériaux existant sur le lieu. S'ils se débrouillent pour faire venir du village quelques produits de base qui se conservent, ils vivent quasi en autonomie, pêchant, chassant les crabes et langoustes... Ils travaillent dur : du matin au soir, souvent dans des lieux infestés de moustiques ou de nonos... Mai ils ne se plaignent jamais, au contraire, ils nous disent avoir la tranquillité et la liberté de travailler comme il veulent et quand ils veulent. Ils aiment leur vie, et cela se voit par leur joie d'être.



Ce soir, Marco décide d'aller chasser la langouste, je le laisse aller seul car le platier ne m'inspire pas, trop de failles et de roches. Il revient au bout d'une heure avec le dos lacéré, il s'est fait renverser par une série de vagues, s'est fait une belle frayeur, mais il a 4 belles langoustes dans son seau !
Nous en tuons 2 et les mettons au frigo. Les 2 autres nous les mettons dans notre vivier de fortune, un filet en plastique que nous accrochons à l'arrière du bateau. Le lendemain on constate qu'une a réussie à s'échapper par un trou ! Nous nous régalons tout de même avec les 3 autres...


Le lagon est trop grand pour que nous puissions trouver refuge dès que le vent change de secteur ! Du coup, le vent a tourné et s'est intensifié et nous voilà depuis 2 jours ballotés façon rock&roll dans notre coque de noix. Nous ne pouvons même pas envisager d'aller à terre. Marco a à nouveau une bonne otite ( qu'est ce qu'il refuse une fois de plus d'entendre?), en tout cas le copieux tangage n'arrange en rien son état !
Les nuits sont agitées et les 2 coussins bloqués de part et d'autre du corps ne suffisent à maintenir une station stable. Les viscères se baladent à droite à gauche, le cerveau balotte dans la boite crânienne, le corps malgré lui se contacte à chaque mouvement... Sans parler du bruit infernal du vent et de l'eau, des drisses et autres petites choses mal calées... Nous attendons que le vent faiblisse patiemment. Nous ne tardons pas à nous barrer de là, à la première occasion, pour rejoindre le mouillage du village, plus abrité.
Aux abords de la passe, nous avons droit à un spectacle effrayant : actuellement une grosse houle passe par dessus la barrière de corail et remplit le lagon, celui-ci se vide donc par les passes, générant un courant d'une intensité que nous n'avions encore jamais vu. Un mascaret dans la passe d'une hauteur impressionnante déferle et à l'extérieur des vagues sauvages, féroces déchiquettent l'eau, la mettant en ébullition. Nous ne nous risquerons pas à sortir aujourd'hui, ni personne d'ailleurs...


L'impermanence est toujours en action avec alternance de calme et d'agitation... Peut être est ce elle qui nous incite, ainsi, à trouver davantage de constance à l'intérieur de nous ! A trouver l'axe d'appui nous permettant de conserver notre équilibre malgré ce qui se passe à l'extérieur.

La longueur et l'exposition de cet atoll de Rangiroa, ne nous conviennent guère, aussi nous pensons retourner à Tikehau dès que les conditions nous le permettront, cela ne saurait tarder...



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