Du 21/07 au 01/08/2016 D'APATAKI à RANGIROA
Les motus ici sont très longs, c'est un régal que de pouvoir
marcher des heures côté lagon sur les immenses plages de corail
blanc ou longer le platier côté océan à la recherche de
coquillages.
La paix habite ces lieux... Personne.
Seuls les poissons sont intrigués de notre présence et viennent
sur le bord nous voir, nous sourire, parfois même nous toucher, la
présence humaine est loin de les effrayer.
De belles carangues bleues, des perroquets arc en ciel, des
mérous, des murènes, des requins nous approchent dans quelques
centimètres d'eau.
L'eau est si transparente que l'on a parfois
l'impression qu'il flottent dans les airs.
Les journées coulent en
un filet de temps joyeux, oubliant quel jour nous sommes.
Après quelques jours de vent musclé, ce dernier semble
s'essouffler un peu, avant qu'il ne reprenne son expiration, nous en
profitons pour mettre les voiles en direction de Rangiroa à 75
milles de là. Un vent léger nous accompagne au vent arrière, nous
obligeant à mettre le tangon. Tidoudou à cette allure se dandine
copieusement avec son ventre rond. Nous longeons l'atoll Arotua de
nuit, puis de Rangiroa pour rejoindre la passe au Nord au lever du
jour.
Nous ne pouvions arriver mieux ! Au moment parfait de l'étale,
nous pénétrons à l'intérieur du lagon tout en douceur (en
principe, celle-ci est redoutable côté courant). Déjà, quelques
bateaux déchargent un flot de touristes dans les eaux de la passe.
Cela faisait un bon moment que nous n'avions pas vu autant de monde :
12 voiliers au mouillage, des bateaux moteurs de toutes parts, des
vacanciers, des plongeurs... Quelle agitation après ces derniers
mois sans voir personne !
Cependant, cela nous fait plaisir de retrouver une certaine forme
de vie humaine et des alimentations. Cela peut paraître bête, mais
quel plaisir de pouvoir s'acheter du chocolat, de la bière, des
biscuits, même des yaourts..., (cette fois, pas de légumes, ni de
fruits , hélas! !)
Du coup, ces arrêts aux villages prennent des airs de fête en
allant découvrir ce que l'on peut y trouver ! Si en France nous
restons impassible devant toute cette abondance et ce trop plein dont
regorgent nos supermarchés, ici les choses prennent une toute autre
valeur ( surtout en venant d'autres atolls plus isolés).
Rangiroa est l'un des atolls le plus connu et fréquenté des
Tuamotu ( avec Fakarava). Rangiroa est le deuxième plus grand lagon
au monde : 75km de long sur 26km de large. Il est réputé pour
sa plongée sous marine et notamment la passe de Tiputa ( par
laquelle nous sommes entrés). De ce fait, il y a beaucoup de
plongeurs et de vacanciers ! Des infrastructures hôtelières et
de plongées se sont crées autour des 2 villages. Cependant, les 240
motus laissent de quoi trouver des endroits restant sauvages.
En attendant d'aller en découvrir certains, nous profitons de ce
qu'il nous est donné de faire : courses et plongées dans
l'aquarium naturel près de la passe.
C'est effectivement extraordinaire côté plongée : des
poissons de toutes les couleurs viennent former un rideau devant nos
yeux. Nous avons amené le reste de notre pain, nous sommes assaillis
de toute part, certains nous prenant pour un quignon viennent nous
mordre !
La diversité et la quantité d'espèces nous laissent
pantois. Une tortue vient nous saluer, une requine au ventre gonflé,
tourne autour de nous avec nonchalance, un énorme requin gris de
plus de 2 mètres nous fascine, une murène géante danse, des
napoléons, barracudas et autres gros et petits poissons nous
ravissent...
De retour au bateau, une nuée d'oiseaux des mers viennent se
percher sur nos filières. Le ciel et la mer nous offrent leur plus
beau sourire...
Quel régal !
Cependant il est l'heure de lever l'ancre car
du vent de Sud Est est prévu. Nous faisons cap sur les motus du Sud,
là où l'on peut observer sur les plages des concrétions
volcaniques particulières.
Encore un lieu étonnant avec ces roches acérées ( de véritables
lames de rasoir) sortant du sable. Se balader au milieu de ces
sculptures naturelles semblent un peu sur réaliste.
Dans la cocoteraie en chemin, nous rencontrons un gars qui fait du
copra, il nous appelle, trop content de pouvoir parler à quelqu'un.
Ces gaillards faisant le copra sont de véritables titans au
travail !
Celui-ci travaille seul et s'est aménagé un vieux
vélo pour ramener ses sacs de copra jusqu'au lieu où il va les
faire sécher. Pour cela il doit traverser un Hoa, à marée basse
tout va bien , mais cela se complique lorsque la marée est haute.
Nous restons un moment avec lui, il discute tout en étalant
soigneusement la chaire des noix de coco sur une bâche, afin de les
faire sécher. Tous les soirs il les couvre, afin de les protéger
d'une éventuelle pluie. Sa bouille joviale et avenante, son
éloquence, nous font passer un bon moment. Nous le retrouvons le
lendemain avec le même plaisir.
Certains de ces gars ( comme lui) vivent en permanence sur des
motus retirés sans que la solitude ne leur pèse de trop, il ont une
vie très spartiate avec un confort réduit à un strict minimum :
un matelas couvert par un toit en tôle, plus ou moins ouvert au 4
vents, (même pas de moustiquaire) parfois tout juste une
cuisinière ! Les tables, bancs, lit sont faits avec les
matériaux existant sur le lieu. S'ils se débrouillent pour faire
venir du village quelques produits de base qui se conservent, ils
vivent quasi en autonomie, pêchant, chassant les crabes et
langoustes... Ils travaillent dur : du matin au soir, souvent
dans des lieux infestés de moustiques ou de nonos... Mai ils ne se
plaignent jamais, au contraire, ils nous disent avoir la tranquillité
et la liberté de travailler comme il veulent et quand ils veulent.
Ils aiment leur vie, et cela se voit par leur joie d'être.
Ce soir, Marco décide d'aller chasser la langouste, je le laisse
aller seul car le platier ne m'inspire pas, trop de failles et de
roches. Il revient au bout d'une heure avec le dos lacéré, il s'est
fait renverser par une série de vagues, s'est fait une belle
frayeur, mais il a 4 belles langoustes dans son seau !
Nous en tuons 2 et les mettons au frigo. Les 2 autres nous les
mettons dans notre vivier de fortune, un filet en plastique que nous
accrochons à l'arrière du bateau. Le lendemain on constate qu'une a
réussie à s'échapper par un trou ! Nous nous régalons tout
de même avec les 3 autres...
Le lagon est trop grand pour que nous puissions trouver refuge dès
que le vent change de secteur ! Du coup, le vent a tourné et
s'est intensifié et nous voilà depuis 2 jours ballotés façon
rock&roll dans notre coque de noix. Nous ne pouvons même pas
envisager d'aller à terre. Marco a à nouveau une bonne otite (
qu'est ce qu'il refuse une fois de plus d'entendre?), en tout cas le
copieux tangage n'arrange en rien son état !
Les nuits sont agitées et les 2 coussins bloqués de part et
d'autre du corps ne suffisent à maintenir une station stable. Les
viscères se baladent à droite à gauche, le cerveau balotte dans la
boite crânienne, le corps malgré lui se contacte à chaque
mouvement... Sans parler du bruit infernal du vent et de l'eau, des
drisses et autres petites choses mal calées... Nous attendons que le
vent faiblisse patiemment. Nous ne tardons pas à nous barrer de là,
à la première occasion, pour rejoindre le mouillage du village,
plus abrité.
Aux abords de la passe, nous avons droit à un spectacle
effrayant : actuellement une grosse houle passe par dessus la
barrière de corail et remplit le lagon, celui-ci se vide donc par
les passes, générant un courant d'une intensité que nous n'avions
encore jamais vu. Un mascaret dans la passe d'une hauteur
impressionnante déferle et à l'extérieur des vagues sauvages,
féroces déchiquettent l'eau, la mettant en ébullition. Nous ne
nous risquerons pas à sortir aujourd'hui, ni personne d'ailleurs...
L'impermanence est toujours en action avec alternance de calme et
d'agitation... Peut être est ce elle qui nous incite, ainsi, à
trouver davantage de constance à l'intérieur de nous ! A
trouver l'axe d'appui nous permettant de conserver notre équilibre
malgré ce qui se passe à l'extérieur.
La longueur et l'exposition de cet atoll de Rangiroa, ne nous
conviennent guère, aussi nous pensons retourner à Tikehau dès que
les conditions nous le permettront, cela ne saurait tarder...
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