samedi 19 septembre 2015


Le 16/09/2015 

Il nous arrive parfois d'écouter le journal du soir à la radio. Ce soir le transistor grésille et nous entendons qu'un séisme vient d'avoir lieu au Chili et qu'un tsunami se dirige vers la Polynésie Français. La zone des Marquises est en alerte. Nous nous regardons Marco et moi avec des yeux qui semblent vouloir sortir de leurs orbites. Ayant une connexion téléphonique, Marco a la présence d'esprit d'appeler immédiatement le centre des secours en mer pour plus d'informations. Il lui est confirmé qu'entre 23h et 2h du matin un petit tsunami doit arriver sur les côtes Marquisiennes, on nous invite à lever l'ancre et partir au large pour attendre que les vagues soient passées. Cette idée  réveille instantanément un de mes pires cauchemars et des images de scénarios catastrophes défilent, avec à l'appui des documentaires et films relatifs à ce phénomène que ma mémoire à stockée. Le simple mot tsunami a des consonances destructrices, il n'a pas de taille dans mon esprit, gros, petit... il m'apparaît  comme une menace, un réel danger.
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«  Bon ben falloir lever l'ancre me dit Marco » « Et ben alors là, il n'en est pas question ! » « Tu seras bien plus en sécurité sur l'eau au large qu'à terre ! » « Peut être, mais je ne peux nous imaginer là, dans le noir, en pleine mer, attendant que des murs d'eau arrivent sur nous, tu vois pas l'angoisse ? Sans savoir ce qui va arriver en plus ! Non, je préfère aller à terre chez Lynda ! » «  Alors toi dès que les chosent se compliquent, tu quittes le navire, tu abandonnes le bateau ? » Je reconnais le professionnalisme de Marco et le soucis qu'il a de la sécurité du bateau, cependant je réalise que le bateau en cet instant est le cadet de mes soucis. Pendant que le ton monte, et que la confrontation va bon train, je prépare rapidement un sac en y fourrant le stricte nécessaire au cas où le bateau s'échoue : argent, papiers, lampe torche, une robe et une culotte ( à croire que la culotte est de l'ordre du vital!!) Il est étonnant de voir que finalement l'essentiel côté matériel tient dans un petit sac à dos. Il n'y a pas de panique juste une grande lucidité qui m'ouvre au constat suivant :  je préfère de loin mourir à terre en tentant de me sauver, quitte à grimper au sommet d'un cocotier, qu'en mer dans notre coquille de noix sans rien pouvoir faire ! C'est une question de choix !. Bon on en est pas encore là, mais ce genre de situation m'amène cependant à envisager le pire. Marco se plie de mauvaise grâce à ma décision. 

A peine avons nous rejoint le bord du rivage, qu'un gars dans un 4X4 vient vers nous. C'est la personne qui s'occupe des secours sur Hiva Oa. Il a entendu parler que nous nous trouvions à ce mouillage et il a traversé l'île pour venir nous informer. Il nous offre deux alternatives : soit aller au large avec le bateau, soit le laisser là au mouillage, mais nous ne devons pas rester à bord. Il pense que là où nous sommes (au Nord de l'île) cela devrait aller, par contre les autres bateaux au Sud à Atuona on dû impérativement quitter le mouillage. Un Marquisien dépêché par les gens du village arrive sur sa mobylette, lui aussi, pour nous prévenir ! Nous allons nous réfugier chez notre copine Lynda dont sa maison est légèrement sur les hauteurs. Elle nous accueille avec une bonne bière et nous papotons joyeusement jusqu'à 02h00 du mat. J'imagine un instant que si nous avions été sur l'eau dans l'attente et l'angoisse, la soirée n'aurait été pas du tout la même... Nous réalisons que le tsunami doit être passé, aussi, Marco va constater les dégâts. Tout est calme, tout va bien, pas de grabuges, le bateau est toujours à sa place, nous pouvons dormir tranquille dans un vrai lit qui ne bouge pas (chez  Lynda), en toute sécurité ! Que c'est bon parfois d'être dans une vraie maison !  Le tsunami fut de faible amplitude, il a était plus important au sud de l'île où le village s'est retrouvé les pieds dans l'eau. On en sait pas plus...  Ce genre de situation, nous amène finalement à voir notre façon d'être, d'agir et réagir, un moyen pour élargir la propre connaissance que nous avons de nous même. Une façon également, de nous rappeler à la fragilité de nos vies et combien elles méritent d'être bien vécues. Une pensée au Chili, vers ceux qui n'ont pas eu la chance de réchapper de ce séisme.

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