vendredi 21 août 2015


Le 18/08/2015




L'arrivée de l'Aranui n'a pu garnir l'unique petit magasin du village : je ne peux qu'acheter des tomates et un poulet transgénique congelé ! Ici il faut se débrouiller par ses propres moyens pour subvenir à ses besoins !





Aux Marquises l'eau de la mer est trouble, il y a nettement moins de poissons qu'aux Tuamotu et certains sont atteints de ciguatera. Du coup, Marco ramène beaucoup moins de poissons. Pour pallier à cela, nous tentons la pêche à la langouste en plongée nocturne avec le fusil. Je laisse bien volontiers ma place à Marco pour aller plonger dans ce noir absolu, je préfère assurer la surveillance et l'éclairage à l'intérieur de l'annexe. Marco rejoint les profondeurs en apnée, avec sa torche guettant les yeux lumineux convoités. Mais il ne rencontrent que des poissons endormis. A la surface, par contre, plein d'yeux fluorescents me regardent et tournent autour de moi sans que je puisse en identifier l'origine... Les apnées de mon homme se font de plus en plus longues avec l'expérience et je dois dire que parfois je les trouve un peu trop longues, surtout dans l'obscurité totale...
Il m'en aura fait faire de ces trucs, celui-là !!!



Mon chasseur est toujours à l'affut de tuyaux pour nous ramener de quoi bouffer. Il entend parler par les locaux de la chasse à la chevrette. La chevrette est une espèce d'écrevisse, crevette vivant dans l'eau douce. Après avoir glané les informations nécessaires, nous achetons un pic à chevrette, nous lui fabriquons un manche, en allant couper une branche d’hibiscus ( souple et solide) et nous voilà partit à la rivière. En principe c'est plutôt de nuit qu'il faut y aller, mais mon chasseur veut se faire la main...
Je rigole en le voyant à poil avec son masque et son pic à chevrette dans quelques centimètres d'eau, arpentant la rivière !


 Mais sa ténacité est gagnante, il arrive à nous en ramener quelques unes, qui finirons à la poêle le soir même : un pur délice !!!
Nous avons ouïe dire que de l'autre côté de l'île les chevrettes sont deux fois plus grosses. Qu'à cela ne tienne, nous préparons notre expédition... Pour se rendre à la baie de Ouia, il faut juste gravir la montagne (1000mètres) suivre une crête et redescendre jusqu'à la mer. C'est là, qu'à vécu Thor Heyerdahl et sa femme. Je vous conseille d'ailleurs vivement ses livres extraordinaires comptant ses aventures sur un radeau dans le pacifique et son vécu ici aux Marquises «  Kon Tiki et Fatuiva.. »



19/08
Dès que le soleil se lève nous entreprenons la montée, chargé d'un sac à dos avec tente et quelques victuailles. Notre raid commence. A vrai dire c'est plus que raide !





Le semblant de sentier est recouvert par la végétation et c'est avec le coupe coupe qu'il faut se frayer un chemin.

La terre est détrempée ce qui facilite grandement les chutes surtout à la descente. On se met de bonnes gamelles en se raccrochant aux herbes ou branches, ou on finit notre chute arrêté dans un arbre plus bas !!!
Le paysage est néanmoins magnifique, nous traversons différentes strates de végétations, selon l'altitude : herbes, fougères, forêts tropicales, forêt de bambou, roches... La végétation est dense, luxuriante : beaucoup d’énormes manguiers sauvages ( on regrette que cela ne soit pas la saison!), des orangers...








Après plus de 7 heures de marche sportive, nous arrivons enfin dans la baie où se trouve un campement établit par les gars qui viennent faire le copra.


 On se demande comment ils peuvent accoster sur cette côte Est, en voyant les grosses vagues qui viennent s'éclater sur les galets ?
A peine arrivé, les moustiques, les nonos se jettent sur nous avec voracité. Nous plantons rapidement la tente pour aller se mettre à l'abri de ces saloperies, et reposer un peu nos gambettes.


L'heure de la chevrette a sonné, la nuit est là. Un ruisseau se trouve juste à côté du campement, armés de nos pics, nous allons chercher notre diner. Marco va explorer les lieux avec sa frontale, plein d'yeux brillants de chevrettes clignotent, mais il y a également, d'énormes anguilles de plus d'un mètre quelque peu effrayantes. Elles n'hésitent pas à venir mordre et attaquer le pic que Marco leur tend afin de les repousser. Elles ont des têtes énormes, la gueule menaçante, des dents acérées, l'idée d'aller patauger avec elles ne me tente pas vraiment... Mais voyant Marco qui ne cesse de ramener les bébêtes convoitées, je me mets de la partie. Il faut être rapide et viser juste, car les bestioles sont vives !!! C'est mieux que la pêche aux canards des fêtes foraines ce jeux là !


A deux, on fait un carnage et de quoi se faire une bonne ventrée ! Une vieille poêle, un bon feu, et le fruit de notre chasse assurent notre régal. Et pour décor : des étoiles argentées, un feu crépitant et sa bonne odeur de bois, la musique du ressac et des criquets... Quelques yeux s'illuminent non loin, peut être des cochons sauvages ou des chèvres ?


Le lendemain, ce n'est pas aussi doux, il faut à nouveau crapahuter et le début est vraiment hard !!!
Entre coups de chaud, coups de pompe, chutes dans le décors, on arrive après 8 heures au bateau. Exténués, déshydratés, des ampoules plein les pieds, des bleus, mollets et bras lacérés par les herbes coupantes, mais contents ! Quoiqu'un peu trop long pour les marins que nous sommes !


Marco bénit la sainte vierge de nous donner de l'eau...


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